Macky Sall, Mbane, Walo, Serigne Mansour Sy Djamil (Lettre ouverte au Président de la République, son Excellence Macky Sall)

Monsieur le Président, je ne veux pas croire que vous n’aimez pas Mbane et le Walo, je ne veux pas non plus croire que vous combattez Serigne Mansour Sy Djamil et Bes Du Ñakk, et pourtant …



Excellence, Monsieur le Président de la République,
 
Faute d’avoir pu obtenir une audience auprès de vous, après deux tentatives infructueuses par correspondances écrites, je me suis résolu à recourir à une lettre ouverte pour attirer votre attention prioritairement sur la situation de la communauté rurale de Mbane, dont la gestion m’avait été confiée par le suffrage universel. Je dois supposer que mes deux lettres déposées en bonne et due forme avec numéros d’arrivée à la Présidence de la République sont bien parvenues à votre cabinet, à moins qu’il n’y ait eu un filtrage sélectif qui leur ait été fatal. J’aurais pu faire intercéder de hautes personnalités comme le Président Mansour Sy Djamil, pour obtenir « mon » audience, mais j’abhorre ces méthodes et ces portes dérobées.
  
En tant que simple citoyen, de surcroit Président d’une collectivité locale dont vous n’ignorez pas les difficultés, je croyais pouvoir bénéficier d’un droit à une audience avec le premier magistrat de ce pays, surtout parce qu’au même titre que les populations du Walo dépossédées de leurs terres, je suis victime d’une injustice d’Etat au plus haut niveau. Permettrez-moi par conséquent de vous interpeller par cette forme qui m’est imposée, mais cette fois-ci, à double titre :

D’une part, en tant que Président du conseil rural de Mbane démocratiquement élu, mais injustement déchu de mes fonctions et d’autre part, comme militant de Bes Du Ñakk, Mouvement Citoyen pour la Refondation Nationale, partie intégrante de la coalition Benno Bokk Yaakaar, qui vous accompagne et soutient votre action politique. 
  
Discrimination de la Communauté Rurale de Mbane par votre gouvernement 


Comme vous le savez déjà, Monsieur le Président de la République, votre prédécesseur en l’occurrence le Président Abdoulaye Wade, avait pris par décret N°2011-653 du 1er juin 2011, la décision de découper la communauté rurale de Mbane et de la placer sous Délégation Spéciale. La motivation officielle avancée, à savoir la satisfaction d’une demande populaire, ne correspondait nullement à la réalité, au contraire ; il s’agissait plutôt de motivations électoralistes, mais surtout d’un souci de donner un blanc-seing à l’accaparement des terres autour du lac de Guiers, largement commenté dans la presse. Vous faisiez partie des premiers leaders de l’opposition en son temps, à avoir manifesté votre solidarité avec les conseillers ruraux et les habitants de cette localité dans leur long et héroïque combat ponctué de marches et de grève de la faim, farouchement réprimées par le régime défunt du Président Abdoulaye Wade, dont plusieurs dignitaires étaient –et le sont encore- attributaires de ces terres, indûment, honteusement, impunément. 
  
Vous aviez non seulement fustigé cette décision administrative que vous aviez qualifié d’illégale, mais vous aviez surtout fait la promesse ferme et solennelle aux populations du Walo, qu’une fois élu Président de la République, vous reviendriez sur ce décret et réinstalleriez tous les membres du conseil rural ainsi que leur Président dans leurs fonctions électives antérieures. Ce premier et important engagement pris avant le premier tour de l’élection présidentielle de 2012, a été renouvelé pendant le second tour de celle-ci par votre Excellence, lors de votre passage à Ndombo Sandjiry, en compagnie de Serigne Mansour Sy Djamil, précisément le 12 mars 2012 et en présence de l’Honorable Député Cheikhou Oumar Sy. 
  
Pour la troisième fois, vous prîtes cet engagement, le 17 mars 2012 à une semaine du second et décisif tour de l’élection présidentielle, dans la salle de délibération du Conseil Régional de Kaolack, où vous aviez invité une délégation des Pcr déchus et où j’eus l’honneur d’avoir droit à la parole en leur nom, en présence de la plupart des leaders de Benno Bokk Yaakaar, en l’occurrence Madieyna Diouf maire de Kaolack et hôte du jour, Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng, Abdoulaye Bathily, Amath Dansokho, Robert Sagna, Me Elhadj Diouf, Landing Savané, pour ne citer que ceux-là. 
  
Grande fut cependant notre déception, lorsque nous nous rendîmes à l’évidence du non respect de votre engagement après votre investiture à la Magistrature suprême. Vous avez plutôt maintenu les décrets de découpage d’Abdoulaye Wade sur conseil  de votre ministre Cheikh Bamba Dièye, qui prétendait que la loi ne vous permettait pas de revenir sur lesdits décrets d’ici 4 ans en se fondant sur l’article 80 du Code des Collectivités Locales, qui dispose que « lorsque pendant quatre années financières consécutives le, fonctionnement normal d’une commune est rendu impossible par le déséquilibre de ses finances, sa suppression peut être prononcée par décret après avis du Conseil d’Etat… ». Le ministre prétendait vouloir vous préserver d’une décision en porte à faux avec la loi, mais analysez ce qui suit. 
  
En effet, le 17 mai 2012, vous avez eu l’amabilité de recevoir en audience une délégation de toutes les 20 communautés rurales du Sénégal victimes des découpages injustes, en présence de vos collaborateurs, en l’occurrence le ministre de l’intérieur Mbaye Ndiaye, le ministre de l’Aménagement du Territoire et des Collectivités Locales Cheikh Bamba Dièye et votre ministre-conseiller Mahmoud Saleh. J’étais désigné comme porte parole de mes collègues Pcr à cette audience qui avait enregistré la présence des personnes suivantes : 
  
Ibrahima Sène, Président du conseil rural (Pcr) de Keur Mbouki (Birkélane)
Babou Fall, Pcr de Diossong
Mathiam Thiam, Pcr de Sagatta Djolof
Pathé Diao, Pcr de Kandion Mangana (Bounkiling, Sédhiou)
Ndiagne Diop vice-Pcr de Sangalcam
Arôna Bâ, Pcr Mbeuleukhé
Ousmane Diallo, Pcr de Ourour
Ndiankou Sakho, Pcr de Mabo
Jean Pierre Tine, Pcr de Chérif Lô
Ousmane Bitèye, Pcr de Paos Koto
Moustapha Ndiaye, Pcr de Notto Gouye Diama
Ibou Cissé Lucar, Pcr Ndioum Nguenth
Diégane Sarr, Pcr de Djilor
Abdoulaye Konaté, Pcr de Ouro Sidy (Kanel, Matam)
Ndiaga Diop, Pcr de Ndiagne (Louga)
Alkaly Cissé, Pcr de Ndiama Kouta (Bounkiling)
Aliou Mbodj, Pcr de Dya (Kaolack)
Mor Cissé, Pcr de Mboss
Papa Touré, Pcr de Diakhao Sine
Aliou Diack, Pcr de Mbane.
  
Votre proposition de maintenir les délégations spéciales d’Abdoulaye Wade tout en réinstallant les Pcr comme Présidents de Délégation Spéciale, n’avait pas recueilli de consensus. J’avais formulé des réserves, que j’ai réitérées lors de la rencontre qui fit suite à cette audience et qui s’était tenue dans les locaux du Ministère chargé des Collectivités Locales. Malgré mon opposition, cette mesure a été maintenue par votre gouvernement et acceptée à contrecœur, il faut le souligner par soucis d’équité et de vérité, par la majorité des 20 Présidents de Conseil Rural. Dans la mise en œuvre de votre décision, le ministre Cheikh Bamba Dièye a réinstallé tous les 19 Pcr comme Présidents de Délégation Spéciale par simple arrêté ministériel, en lieu et place d’un décret du Président de la République. Curieusement et miraculeusement, la communauté rurale de Mbane dont je suis le Président élu, a été la seule « oubliée ». Cette mesure administrative du ministre Cheikh Bamba Dièye si attaché à l’application du Code des Collectivités Locales, est frappée d’illégalité manifeste, parce que les dispositions de cette même loi N°96-06 du 22 mars 1996 en ses articles 193 et 236, ne permettent pas à un ministre de proroger une délégation spéciale à plus forte raison par arrêté, si tant est qu’il n’est préoccupé que par la légalité et le droit républicains. Cette loi dispose en effet en son article 193, alinéa 5, que « Dans le cas de dissolution ou de fractionnement de communautés rurales, les conseils ruraux sont dissous de plein droit et remplacés par une délégation spéciale. Il est procédé à des élections dans les six mois à compter de la date de dissolution ». 

Dans l’article 236, alinéa 6, la loi dispose « Le délai visé à l’alinéa 5 de l’article 193 peut être prorogé pour une, deux ou au plus trois périodes de six mois par décret motivé ». Depuis le 1er juin 2011 jusqu’à maintenant, 29 longs mois se sont écoulés et vous continuez à cautionner ces dérapages de vos ministres successifs chargés des Collectivités Locales. C’est un recul démocratique pour notre pays. 
  
Stigmatisation et négation de BES DU ÑAKK 

En mission pour votre parti politique l’APR dans le département de Dagana, pendant le weekend du 29 au 30 juin 2013, le ministre Mahmoud Saleh, conseiller du Président de la République et actuel Directeur de cabinet politique de votre Excellence, face à l’interpellation des journalistes sur cette discrimination flagrante de Mbane à propos des délégations spéciales installées par Cheikh Bamba Dièye, n’a rien trouvé de mieux à répondre que « il n’est pas question qu’on remette le Pcr Aliou Diack à sa place, pour lui permettre d’avoir une réserve foncière à gérer »
  
Cette sortie d’un responsable de l’APR bien coutumier de tels faits et frasques, de surcroit ministre visiblement proche du Président de la République, qui, à ce jour n’a encore souffert d’aucun démenti ou désaveu, ni de l’APR, ni du Président de la République, peut conforter ceux qui croient que tout est entrepris dans cette coalition Benno Bokk Yaakar et dans l’APR, pour affaiblir Bes Du Ñakk. A quelle fin, si chaque jour nous réitérons notre ancrage dans Benno Bokk Yaakar ? 
  
Cette vision réductrice de la gestion des affaires du pays, preuve d’une cécité politique, n’est qu’une partie visible de l’iceberg, car pendant toute la campagne électorale pour les législatives, les dirigeants de votre parti et d’autres partis de Benno Bokk Yaakar, au plus haut niveau dans le département de Dagana, n’ont cessé de présenter Bes Du Ñakk et Serigne Mansour Sy Djamil, comme des opposants et ennemis du Président de la République (les enregistrements audiovisuels sont des témoins vivants, que personne ne peut démentir !), tout simplement parce que nous avions décidé souverainement de nous peser, en allant seuls aux élections législatives du 1er juillet 2012 sous notre propre bannière. 
  
Ce qui conforte nos craintes de diabolisation dans cette guerre larvée contre Bes Du Ñakk, est le fait que le sous-préfet de Mbane, qui est votre représentant dans ladite localité, se soit immiscé de manière scandaleuse dans le processus électoral, pour empêcher mon inscription sur la liste électorale de Mbane. En effet, je considère que la volonté de votre prédécesseur Abdoulaye Wade était de m’écarter de la gestion des affaires de Mbane, raison pour laquelle mon village natal Ndombo Sandjiry a été extirpé de la communauté rurale et érigé en commune de plein exercice bien que dépourvu de ressources pour survivre. Anticipant sur cette volonté de nous écarter et conformément aux dispositions du Code électoral, j’avais décidé depuis ce découpage injuste de rester et de militer dans ma communauté rurale de Mbane, raison pour laquelle, j’ai transféré mon inscription au village de ma mère, en l’occurrence Thiago distant de 2 Km de Ndombo Sandjiry, dont mon propre grand père maternel est le fondateur, où j’ai passé mon enfance et où je paye depuis deux ans mes impôts, avec mon épouse et mes trois enfants. Quand le sous-préfet de Mbane a été informé du transfert de mon inscription à Mbane, il a immédiatement, le lendemain, relevé le président de la commission d’inscription sur les listes électorales qu’il avait lui-même nommé. Pire encore, il s’est permis de menacer le chef du village de Thiago, lui intimant l’ordre d’annuler mon certificat de résidence dans ce village pour invalider mon inscription, ce que ce dernier a naturellement refusé. Même la Brigade de gendarmerie de Dagana a été réquisitionnée et mise à contribution par le sous-préfet, pour mener des enquêtes pouvant justifier l’annulation de mon inscription. On se croirait franchement dans une autre République ! Contre cette immixtion intolérable, Bes Du Ñakk avait saisi le Ministère de l’Intérieur de manière officielle. Aucune réaction à ce jour. 
  
Je ne puis conclure sans évoquer la goutte d’eau, qui a fait déborder le vase de Bes Du Ñakk. En effet, le 10 octobre 2013, vous avez reçu à la Présidence de la République les leaders de Benno Bokk Yaakar et le groupe parlementaire du même nom à la Présidence, à la veille de l’ouverture de la session parlementaire de l’Assemblée, en l’absence de Serigne Mansour Sy Djamil que j’avais l’honneur de représenter. Face à mes interpellations justifiées relatives au manque de concertation aussi bien  au niveau des leaders, de l’action gouvernementale que dans le groupe parlementaire BBY, vous m’aviez informé avoir reçu Serigne Mansour Sy Djamil pendant plus de 45 minutes, pour s’accorder avec lui sur toutes les questions relatives à l’Assemblée y compris la formation du bureau de ladite institution. 
  
Le Président de l’Assemblée Nationale Moustapha Niasse a abondé dans le même sens en déclarant également avoir longuement reçu pendant plus de deux heures d’horloge (réunion qui n’a en réalité duré que 15 minutes !) Serigne Mansour Sy Djamil sur le même sujet, avant vous, et même avoir arrangé une audience entre vous et Serigne Mansour Sy sur demande de ce dernier
  
Vu l’attitude du Président de l’Assemblée Nationale tendant à vouloir semer le doute dans les rangs de Bes Du Ñakk et à jeter le discrédit sur Serigne Mansour Sy Djamil absent devant ce parterre de leaders, députés et ministres de la République,  je me devais de m’acquitter de la dette de lui faire un compte rendu exhaustif et fidèle dès son retour de mission de la Banque Mondiale. 
  
Je constate après recoupements, pour m’en désoler, malgré le profond respect que je dois au Président de l’Assemblée Nationale qu’il a donné une version des faits non conforme à la réalité au sujet de votre rencontre avec Serigne Mansour Sy Djamil. D’abord c’est lui, Moustapha Niasse qui a demandé à le rencontrer d’urgence suite à votre appel téléphonique relatif à d’importantes questions liées à l’ouverture de la session parlementaire. C’est le même Moustapha Niasse qui a informé Serigne Mansour Sy de votre souhait de le rencontrer avant son voyage pour Washington, rencontre qui devait avoir lieu le 04 octobre à Tivaouane après votre visite à Taïba Ndiaye. La suite qui a abouti à votre entrevue à la Présidence, le lundi 07 octobre, vous la connaissez mieux que  moi (depuis plus d’un an vous n’aviez pas accordé une seule audience à Serigne Mansour alors que vous le lui aviez promis depuis le mois d’avril !). 


Il est vrai que vous avez brièvement abordé dans votre audience de 30 minutes (17h55 à 18h25), la reconduction de Serigne Mansour Sy Djamil au poste de vice-président de l’Assemblée, mais il est resté sur sa faim quant aux modalités de formation du bureau et des commissions, alors que Bes Du Ñakk avec 6% de l’électorat ne demande rien à personne, mais a le droit d’occuper dans ce bureau la place qui correspond à sa représentativité et sa légitimité populaire ! 
  
La seule question qui préoccupait le Président de l'Assemblée avant l’ouverture de la session parlementaire, n’avait rien à voir avec une concertation entre partenaires d’une coalition pour la formation du bureau et des commissions y afférents. Il s’agissait plutôt d’une tentative d’embarquer Bes Du Ñakk et Serigne Mansour Sy Djamil dans une opération politique grosse de tous les dangers pour notre démocratie, à savoir, empêcher le déploiement à l’Assemblée Nationale d’un concurrent potentiel, ce que Bes Du Ñakk ne saurait cautionner. 
  
Bes Du Ñakk a une autre vision de la tolérance existentielle et de la coexistence des partis politiques à l’Assemblée Nationale et dans le pays, mais surtout est convaincu de la nécessité de réfléchir collectivement pour mieux agir dans le vrai respect de la Constitution. Des consultations larges sont de mise sur les grandes questions qui interpellent nos concitoyens et non sur la guéguerre politicienne. Bes Du Ñakk n’a de cesse de demander une audience pour partager avec vous sur les questions difficiles auxquelles le gouvernement est confronté, pour donner sa modeste contribution. Mais notre organisation est tenue dans une distance craintive que rien ne justifie. Vous avez tort. La vraie clameur dans le pays est que le vrai danger contre le Président Macky Sall, c’est Macky Sall lui-même. Le vrai danger contre votre parti, c’est votre parti lui-même. Les évènements de ces derniers jours viennent corroborer d’ailleurs mes inquiétudes formulées lors de la réunion à la Présidence et sont un signal fort, qu’il est temps de vous ressaisir Monsieur le Président, avant qu’il ne soit trop tard. 
  
Si vous permettez que Bes Du Ñakk membre fondateur de Benno Bokk Yaakar subisse des traitements aussi discriminatoires que déshonorants, mais conjugués et concertés, un cheminement commun devient alors illusoire et dépourvu de tout sens. 
  
L’acharnement contre Bes Du Ñakk, contre Mbane, contre le Walo et contre Serigne Mansour Sy Djamil aura un jour une fin, si Dieu (SHW) le veut, Ndax Bes Du Massa Ñakk ! Inchallah. 
  
Très respectueusement. 
  
Dakar, le 22 octobre 2013 
  
Pr. Aliou Diack 
Ancien Président élu de la Communauté Rurale de MBANE 
Coordonnateur National de Bes Du Ñakk

Pr. Aliou Diack

Jeudi 24 Octobre 2013 21:31


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