Eleonore Johasy : Effectivement, la décision a été prise de déplacer l’ancien président Marc Ravalomanana à Antananarivo. Cette décision est un signal sur l’assouplissement des conditions dans lesquelles il se trouvait auparavant. Le gouvernement malgache avait pris des mesures administratives à son encontre, notamment l’assignation à résidence fixe à Diego Suarez. Il a été décidé qu’il puisse désormais se tenir en résidence fixe à son domicile à Antananarivo, dans la capitale.
L’ancien président peut à nouveau être en famille dans sa maison ?
Oui, puisque c’est son domicile. Il se trouve dans son environnement familial. Bien entendu, il reste des mesures de sécurisation de sa personne et des mesures aussi de sécurisation vis-à-vis de l’extérieur. Ceci dit, je tiens à préciser qu’il n’a jamais été question d’emprisonnement en ce qui concerne monsieur Ravalomanana.
Quand il était à Diego Suarez, l’ancien président n’avait pas le droit de sortir librement et n’avait pas le droit non plus de s’exprimer. C’est toujours le cas pour le moment ?
Oui, ça reste le cas. Cette réconciliation doit se faire de manière progressive pour ne pas heurter les différentes sensibilités. Et pour le moment, pour des raisons qui, je pense, sont claires pour tout le monde, Marc Ravalomanana doit être à la disposition de ceux qui sont en mesure d’assurer sa sécurité. On ne peut pas s’engager à faire davantage tant que tout ne sera pas assuré pour qu’il puisse véritablement reprendre une vie normale. Nous savons dans quelles conditions il est rentré à Madagascar, il reste encore beaucoup de questions et cela explique pourquoi la mesure administrative est maintenue. Mais les pouvoirs publics ont tenu à apporter des mesures d’assouplissement dans le sens de l’apaisement local.
Le président Hery Rajaonarimampianina a-t-il voulu passer des paroles aux actes ?
Il est clair que cette décision est une décision effectivement pour faire comprendre à chacun que nous ne sommes plus dans le discours, nous sommes dans le concret. Que quand le président de la République parle de réconciliation, il en a la volonté. C’est une des manières de manifester cette volonté.
Signe de l’assouplissement aussi peut-être des autorités : l’ancien président a pu se rendre dans son village natal pour assister aux célébrations de Noël.
Je suis informée effectivement qu’il a pu assister aux festivités de la Nativité. Cela a pu se faire uniquement dans un cadre légal.
Concrètement, le retour à une liberté complète de l’ancien président prendra un peu de temps. Y a-t-il encore plusieurs étapes pour éventuellement arriver à cette issue ?
Voilà. Je tiens également à souligner le fait que le processus de réconciliation ne peut pas être le seul fait du pouvoir en place. Il y a très certainement de la part, et de Ravalomanana et d’autres acteurs de la vie nationale, des étapes à passer, et également des engagements à prendre. Il faut que tout le monde se sente impliqué par la nécessité de la réconciliation.
Et cela passera peut-être par un accord définitif, un document signé à un moment ou à un autre ?
A Madagascar, les crises à répétition depuis de nombreuses années ont fait qu’il existe beaucoup de niveaux d’apaisement à réaliser. Cela demande l’adhésion de chacun. Maintenant, quelle sera la forme définitive et qui validera cette réconciliation ? Cela reste à attendre de la part de tout à chacun. Tout ce que nous souhaitons, c’est que le processus aboutisse et que Madagascar, à un moment, puisse concentrer ses efforts sur le développement et n’ait plus à livrer des batailles internes pour que l’apaisement, la réconciliation soient établis.