Magal Touba 2009 : Chez Cheikh Béthio Thioune, l’événement se prépare en grand

Calligraphiée en lettres capitales vertes, une insigne précise au visiteur son repère : ‘’Djannatoul Mahwa (Paradis de l’abri pour l’arabe). Keur (la résidence pour le wolof) Cheikh Béthio’’. Un portail en fer entrebâillé laisse entrevoir un terrain sablonneux et un édifice immaculé à l’intérieur de la maison entourée d’un géant mur ocre le long duquel s’alignent des filaos.

‘’Je ne peux pas me permettre de vous laisser visiter l’intérieur de la maison. Nous avons reçu l’ordre du cheikh de ne pas laisser les gens franchir le portail et nous ne pouvons pas faire autrement’’, réplique, en wolof, à des visiteurs l’un des trois ‘’beuk nek’’ (chambellans) du marabout se réclamant de plusieurs millions de talibés.

Une remarque --- évidente pour certains --- : à Djannatoul Mahwa, les fidèles ne jurent que par le nom de Cheikh Béthio. Par exemple, pour se montrer franc ou sérieux avec leurs interlocuteurs.

Les environs du domicile du marabout servent de point de chute pour ses talibés. C’est aussi un lieu de commerce où les visiteurs peuvent trouver une bonne gamme de produits allant des accessoires du téléphone à la friperie, en passant par les objets trempés à l’effigie du marabout maître de céans.

Sette Sy s’est déplacé de Dakar à Touba où il vend des T-shirts à la sérigraphie prêchant notamment la longue vie pour le chef des ‘’Thiantacounes’’, le nom que se donnent les disciples de ce marabout. Le sérigraphe âgé d’une vingtaine d’années est arrivé mercredi dans la capitale du mouridisme avec un ballot de 240 T-shirts qu’il s’est mis à écouler dès le lendemain à 1.000 francs l’unité.

‘’Je peux vous assurer que pas un seul de ces habits ne me restera au moment de retourner à Dakar. Tout sera vendu’’, assure le jeune homme assis sur un pneu usé planté dans le sol.

Comme partout à Touba, à Djannatoul Mahwa, on prépare activement le 114ème Magal prévu samedi pour commémorer le départ en exil, du Sénégal vers le Gabon pour sept ans, du fondateur du mouridisme Cheikh Ahmadou Bamba (1855-1927), en 1895.

Les talibés de Cheikh Béthio Thioune s’employaient jeudi à l’installation d’une tribune de fortune sur la vaste cour située devant le domicile du Thiantacoune en chef qui, pour le Magal, a parqué un énorme bétail composé de plusieurs centaines de vaches, de moutons et une vingtaine de dromadaires destinés à l’abattage.

‘’Le jour qui suivra celui du Magal, vous ne trouverez pas un seul animal ici. Tous, ils seront abattus et serviront à donner à régaler abondamment les talibés’’, tranche tout fier en wolof, devant un trio de journalistes, Sergine Sylla Baye Fall, un disciple de Béthio Thioune.

‘’C’est l’argent de Cheikh et de ses talibés !’’, réplique Baye Fall, sanglé dans un grand boubou blanc, à la question d’un journaliste s’enquérant de la provenance du bétail.


Envoyé spécial : Souleymane Faye

Source : APS