Les enquêtes menées par la section « Droits de l'homme » de la mission onusienne gênaient les autorités maliennes de transition, qui les qualifiaient d'« instrumentalisation politique » des droits humains. C'était d'ailleurs l'une des raisons invoquées par Bamako pour exiger son départ.
« Depuis que la Minusma a quitté le Mali il y a un an, il est extrêmement difficile d’obtenir des informations complètes sur les abus », constate aujourd'hui Human Rights Watch.
« La situation est encore pire » que décrite dans le rapport , estime encore l'organisation de défense des droits humains, qui liste pourtant une longue série de cas, se fondant sur des entretiens avec une quarantaine de témoins directs, une dizaines d'« autres sources informées », et les analyses d'images satellites, de photos et de vidéos.
Pour ce qui concerne l'armée malienne et Wagner, Human Rights Watch a documenté, rien que depuis le mois de mai, neuf opérations cadres de violations : des frappes de drone sur des civils, mais aussi des opérations terrestres ponctuées d'exécutions et de disparitions forcées. « Depuis mai 2024, les forces armées maliennes et le groupe Wagner ont délibérément tué au moins 32 civils », rapporte HRW, dont des enfants, « et ont incendié au moins 100 maisons ».
Human Rights Watch détaille également les attaques des groupes jihadistes : celles du Jnim (Groupe de soutien à l'Islam et aux musulmans), lié à al-Qaïda, et celles de la branche sahélienne du groupe État islamique, qui « ont exécuté sommairement au moins 47 civils et déplacé des milliers de personnes depuis juin ». Le Jnim « a également incendié plus de 1 000 maisons et volé des milliers de têtes de bétail », selon l'organisation, qui précise avoir reçu « des rapports crédibles concernant des centaines d’autres civils tués », mais s'en être tenu à des « chiffres prudents […] en raison des difficultés à mener des recherches dans le centre et le nord du Mali ».
Et de conclure : « Le fait que les autorités maliennes n’aient pas traduit en justice les membres des forces de sécurité, du groupe Wagner et des groupes armés islamistes pour les graves abus perpétrés, a facilité la poursuite des atrocités. »
Human Rights Watch précise que les ministères maliens de la Justice et de la Défense n'ont pas souhaité répondre à ses sollicitations.
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