C’est dans ce cadre que Dr Malick Coulibaly fut nommé ministre de la Justice. Juriste de formation et ancien magistrat, il a démissionné de la magistrature, au moment où il occupait le poste de substitut du Procureur de la République près le Tribunal de première instance de Kati pour une affaire dit-on de vache. Si sa nomination à cette fonction a été appréciée par le citoyen lambda, cependant au sein des hommes en robe noire, elle ne fait pas l’unanimité, surtout de la part des anciens magistrats. Beaucoup se rappellent des conditions de son départ au sein du corps, même si au fond Malick n’est pas sans reproche. Certains caractères sont propres au parquet. Il est hiérarchisé et est indivisible. Le substitut est coiffé par le procureur de la République, contrairement aux juges du siège et aux juges d’instruction qui sont totalement indépendants.
Depuis son arrivée à la tête du département, le Ministre s’attèle à donner une bonne image à la Justice, en procédant à des visites dans les maisons d’arrêt et les juridictions. Nos compatriotes attendent beaucoup de lui dans ce domaine. Il prit contact aussi avec les procureurs de la République et les présidents des juridictions. Conscient de sa tache, il a mis en place son Cabinet ministériel pour pouvoir mettre en place une équipe de choc capable d’apporter des changements notoires dans le système judiciaire de notre pays, à savoir une bonne administration et distribution de la justice.
C’est ainsi qu’il a relevé, le mercredi 30 mai 2012, plusieurs cadres de son département en y procédant à de nouvelles nominations. Plusieurs têtes sont tombées et non des moindres. Aucun secteur n’a été épargné. A tout seigneur tout honneur, il a commencé par le secrétaire général du Ministère, en la personne de Badou H Traoré, la cheville ouvrière. Ces derniers temps, ce dernier n’avait pas de bons rapports avec certains de ses collaborateurs, notamment les auditeurs de justice. Il n’avait aucun respect envers ces derniers. Djibril Kane, magistrat lui aussi, est désormais le nouveau secrétaire général.
La deuxième personnalité tombée est le Chef de Cabinet. C’est une dame. Elle est remplacée par Diarrah Coulibaly, magistrat. Trois nouveaux conseillers techniques sont nommés. Ce sont tous de jeunes magistrats. Il s’agit d’Oumar Kouyaté, Sékou Konaré et Sékou Traoré affectueusement appelé par ses collègues du Lycée Askia Mohamed (Lam) Ba Sékou.
Des têtes de proue sont aussi tombées. Il s’agit de l’inamovible Oumar Bocar, directeur de l’Institut national de formation judiciaire (Infj) pendant plus de 15 ans. Celui la même, sous la houlette de qui Malick a fait sa formation à l’infj. Rappelons que l’objectif principal de l’INFJ est de renforcer les capacités des magistrats, d’assurer la formation initiale et continue des professionnels de la justice et du droit en général.
Par ailleurs, le Ministre a nommé Zoumana Fané, un ami d’enfance avec qui il a fait la France, en qualité de chargé de mission. Autre magistrat de grade exceptionnel à plier bagages, c’est Christian Diassana, précédemment directeur national de l’Administration de la justice. Il est remplacé à son poste par Mahamadou Magassouba, magistrat.
Ce sont les premières nominations faites par le Ministre. Selon nos sources, il faut s’attendre à d’autres départs, notamment chez les procureurs de la République. Selon des indiscrétions, plusieurs anciens magistrats seront relevés de leur poste pour être recasés dans des ambassades.
Certains voient en ces changements au sein de la Justice un règlement de comptes de la part de Malick Coulibaly, mais le Ministre ne le voit pas ainsi. La semaine dernière, en visite à la Maison d’arrêt de Kati, il a précisé à la presse qu’il n’est pas venu pour régler le compte de qui que ce soit. Qu’il poursuit un idéal, à savoir redorer le blason de la Justice. L’avenir nous édifiera.
Source : Le prétore