Se trouvant dans un véritable embarras total, le capitaine Sanogo a, alors, tenté de manœuvrer un second putsch, avec la complicité de ses alliés, pour renverser le Professeur Dioncounda Traoré, en prétextant une convention nationale ; tout en sachant que celle-ci ne peut se tenir dans de telles circonstances. Comment peut-on parler d’une convention nationale alors que 70% du territoire national est occupé. A l’annonce de la chimérique convention nationale, l’hyperactif Docteur Oumar Mariko du parti Sadi et ses associés, notamment le tonitruant Hamadoun Amion Guindo de la Copam, se sont mis à l’ouvrage, avec à leurs côtés le Docteur Adama Traoré, gourou du Rénacotem et ses affiliés. Après avoir mené une semaine de campagne, pour mieux maquiller le délit qu’ils s’apprêtaient à commettre, l’initiateur et les propagandistes de l’utopique convention nationale ont jugé utile de trouver un alibi. Leur alibi se trouvait dans une marche de protestation d’une dizaine de kilomètres. En réalité, c’était une marche de tuerie.
Du côté du Cnrdre, après le dernier passage des émissaires de la médiation de la Cédéao à Kati, on parle d’une trahison de la part du capitaine Sanogo. Et plusieurs membres influents du Cnrdre prétendaient qu’ils iront jusqu’au bout de leurs objectifs avec ou sans le capitaine Sanogo et coûte que coûte. Un d’entre eux nous a même confié : « Si le capitaine Sanogo a cédé devant les caprices du shoubaga ton [Ndlr la Cédéao] dirigé par Alassane Ouattara, nous, nous devons continuer notre combat et nous ne voulons pas voir la tête de Dioncounda au pouvoir. Nous allons rendre ce pays ingouvernable, après avoir jeté Dioncounda dehors ». Et à la vue et au su de tout ce qui se tramait à l’horizon, le premier ministre doté de pleins pouvoirs n’a rien fait et continue de croiser les bras pendant que le pays sombre dans le chaos.
L’écaille du crime aux multiples acteurs
Une foule furieuse, composée essentiellement de jeunes délinquants déchaînés et requiqués par les partisans de la fameuse convention nationale, a servi d’écaille pour habiller cet atroce crime. La première chose qui nous aura singulièrement choqués, un spectacle inédit et effrayant à la fois, c’est l’exhibition de cercueils à l’effigie du Pr Dioncounda Traoré que des manifestants brandissaient. La mort a toujours été un sujet vénéré et tabou dans les us et coutumes de toutes les cultures qui font le Mali. Ils étaient plusieurs centaines, ces soit disant manifestants qui ont marché plus d’une dizaine de kilomètres, du Centre international de conférences de Bamako au palais présidentiel de Koulouba, en faisant deux arrêts. Le premier, c’était devant l’hôtel Salam pour : « Régler le compte aux émissaires de la Cédéao, les ministres Bassolé et Bictogo », criait le président de l’association Yéréwolo ton. Les vigiles qui gardaient l’hôtel, après avoir pris les précautions nécessaires, ont dit que les personnes qu’ils cherchaient sont parties. Le second arrêt, c’était à la primature pour rencontrer le Premier ministre. Après un bref entretien avec un envoyé de ce dernier, la foule enragée c’est dirigée vers Koulouba.
C’est dans un palais de Koulouba meurtri et témoin des grandes divagations de l’histoire de notre pays que ces agresseurs ont ajouté la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Des individus, fils de ce pays, ont sans scrupule, ni amertume, battu à sang un vieil homme de soixante-dix ans, de la façon la plus humiliante. A tel point que décrire les scènes serait un autre outrage. Et le plus blessant, c’est que la sadique et vicieuse radio Kayira transmettait les faits en direct avec des commentaires insoutenables. A tous les acteurs (Copam, Cnrdre et associés, principalement), qu’il faut vivement dénoncer, est venu s’ajouter le Premier ministre lorsqu’il a tenu à la télé une allocution dépourvue de sens, après avoir signé son certificat d’insouciance.
Le Prétoire