A Kidal, la journée de lundi a été calme. Après un week-end de combats et de tensions entre armée malienne et groupes armés, l’heure était davantage à la diplomatie et au repositionnement des deux parties. Les initiatives de décrispation ont commencé dimanche lorsque le général Kazura, chef militaire des casques bleus, s’est rendu à Kidal pour arracher un cessez-le-feu aux belligérants.
Deuxième étape, le sort de la trentaine d'administrateurs civils et militaires faits prisonniers par le MNLA lors de l'assaut sur le gouvernorat samedi. Ces innocents sont devenus en un instant un outil de marchandage pour les groupes armés qui demandent en vain depuis des mois la libération définitive de dizaines de nomades accusés d'activités rebelles par Bamako. Mais les fortes pressions internationales ont fini par faire plier le MNLA qui a donc libéré ce lundi soir ces prisonniers de guerre. Ils ont été remis à la Minusma et au CICR sur la piste d'aviation de Kidal
Pour Mossa Ag Attaher, le porte-parole du MNLA, il faut y voir un geste de bonne volonté de la part des groupes armés :
« Après cette libération, il faut maintenant aussi la restitution du gouvernorat, parce que le gouvernorat doit être dans les mains du gouvernement », a demandé Bert Koenders, représentant spécial des Nations unies au Mali, qui appelle à trouver une solution pacifique au problème à Kidal et à des négociations.
Mais pas question pour les rebelles azawadiens de se retirer aussi rapidement les locaux du gouvernorat. Le secrétaire général du MNLA, Bilal Ag Cherif, assure que c'est de ce point stratégique que les forces maliennes ont lancé leur combat contre les rebelles samedi matin, et que le cessez-le-feu reste encore trop précaire sur place.
Dès hier, Bamako confirmait d'ailleurs l'arrivée ces dernières 24 heures de 1 500 soldats maliens en renfort à Kidal et en promet davantage encore. Un succès pour IBK qui réalise là l'une de ses promesses de campagne : ramener l'armée malienne à Kidal.
IBK rassure
Par ailleurs, le président malien s’est adressé dans la soirée à la nation. « Nous allons au dialogue ». Ibrahim Boubacar Keïta a ménagé le suspens : il aura fallu attendre en effet une heure avancée de la soirée, et dix minutes de discours, avant d’entendre ces mots. Ces mots par lesquels IBK apporte beaucoup de soulagement à tous ceux qui redoutaient une intervention militaire, et qui craignaient un éventuel bain de sang.
« Le salut passe impérativement par là », a expliqué le chef de l’Etat malien, qui entend ainsi respecter les engagements pris par le Mali. Et qui attend des autres parties, la communauté internationale et les mouvements armés, qu’ils s’acquittent également des leurs.
« C’est à ce prix que sera capitalisé le formidable élan de solidarité international » dont le Mali a bénéficié, affirme IBK, « c’est à ce prix que peut prospérer le fragile processus de pacification et de réconciliation de notre pays. » Et de conclure : « Vive la paix, pour que vive le Mali un et indivisible. »
■ ZOOM : Le terrorisme au coeur de la visite de Le Drian à Alger
Le ministre français de la défense se rend ce mardi en Algérie. Une visite qui sera axée sur les questions de contreterrorisme, particulièrement dans le nord du Mali. Il s'agit de la première visite de Jean-Yves Le Drian en Algérie depuis le commencement de l'opération Serval, début 2013. Il s’agira aussi de la première audience du président algérien Abdelaziz Bouteflika depuis sa réélection le 17 avril.
Jean-Yves Le Drian rencontrera aussi son homologue, le vice-ministre de la Défense Ahmed Gaïd Salah, le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra et le Premier ministre Abdelmalek Sellal.
Alger est une étape importante pour le ministre français. Cela faisait près de deux ans que Jean-Yves Le Drian souhaitait y aller, mais il aura fallu attendre la réélection de Bouteflika pour que cette visite ait lieu. Une visite où il sera question de lutte contre le terrorisme, au Maghreb mais aussi et surtout au Sahel et au Sahara.
Contribution
Durant Serval, l'Algérie a accordé une contribution opérationnelle à l'armée française, en fournissant notamment du carburant pour soutenir les opérations dans l'extrême nord du Mali. A présent, les Français comptent s'installer durablement dans la zone : l'armée française sera là pendant au moins 10 ans disent les experts. Et si elle est conservée, la base avancée de Tessalit ne sera qu'à 60 kilomètres de la frontière algérienne...
La frontière algéro-malienne est officiellement fermée et surveillée de près par l'armée algérienne. Pas plus tard que le 5 mai dernier, un groupe armé d'une douzaine d'hommes a été éliminé par l'armée algérienne à Tinzaouten dans la Sud algérien, dans la région de Tamanrasset. La base de Tamanrasset qui a été améliorée et qui permet de recevoir des chasseurs bombardiers modernes, des hélicoptères et des avions de renseignement.
Au-delà de la lutte contre le terrorisme, la France et l'Algérie ont fixé en 2013 les contours d'un accord de défense. Une relation appelée à s'approfondir dans le domaine de la surveillance des côtes, comme de la sécurité intérieure.
Source : Rfi.fr