« Cet incident nous préoccupe, et cela est même inacceptable. Les acteurs qui ont eux-mêmes rédigé un accord permettant donc le maintien de Dioncounda Traoré, conformément aux décisions des chefs d’Etat, on ne peut pas comprendre qu'aujourd’hui, le président par intérim Dioncounda Traoré ait été agressé au vu et au su des forces de défense et de sécurité du Mali ».
L’hypothèse d’un déploiement militaire à Bamako pour sécuriser les autorités de la transition se précise, et la Cédéao a profité de la présence de la délégation onusienne pour lui demander son appui logistique. Rien n’a encore été décidé mais l’ONU, par la voix du Français Gérard Araud admet que cet évènement marque les limites de la négociation :
« Il nous a semblé que les efforts diplomatiques conduits par la Cédéao, avec beaucoup de courage, avec beaucoup de persévérance et de détermination ont été consentis pour trouver une solution diplomatique fondée évidemment sur le départ de la junte, -je ne veux pas dire qu’ils avaient échoué-, mais en tout cas, qu’ils avaient été mis considérablement en danger par ces derniers développements, et qu’il faudrait peut-être considérer maintenant d’autres voies ».
Réactions de la classe politique
Dans un communiqué largement diffusé à Bamako, l’ex-junte condamne l’agression perpétrée contre le président Dioncounda Traoré. Elle appelle à la tolérance et à la retenue, mais aussi au respect de toutes les actions entreprises pour une sortie de crise, et une transition pacifique.
Depuis la signature d’un accord signé il y a maintenant 48 heures pour définir les règles de la transition, l’ex-junte, s’est pratiquement retirée dans son Quartier général de Kati. Elle ne veut pas paraître comme un frein à la transition. Dans la ville de Bamako, les militaires commençaient même à être moins présents à des endroits. A l’entrée de l’aéroport de Bamako par exemple, l’impressionnant dispositif de sécurité installé à l’époque par les ex-putschistes a été remplacé par une très légère structure militaire.
Le capitaine Amadou Sanogo et ses camarades donnent nettement l’impression en tous cas pour le moment, qu’ils ne veulent pas être un facteur de blocage, dans l’application des accords signés sous l’égide de la Cédéao. Le président de la transition lui-même se porte nettement mieux, selon un membre de sa famille. L’agression dont il a été victime sur son lieu de travail n’a pas entraîné de lésion grave, selon une source médicale.
Mais l’homme a 70 ans, et une évacuation sanitaire vers Abidjan, avait été sérieusement envisagée dans la nuit de lundi à mardi, pour des analyses médicales plus poussée. Elle n’a plus eu lieu.
De son côté, Amadou Koïta, le secrétaire politique du Front du Refus, la coalition des partis opposés au coup d'Etat se dit écoeuré par les violences contre le président intérimaire.
Dans la rue à Bamako, hier soir, l'agression est globalement désapprouvée, même parmi ceux qui contestent la prolongation de Dioncounda Traoré à la tête de la transition.
A l'étranger
Le président français François Hollande en marge du sommet de l'Otan à Chicago a condamné également l'agression dont a été victime Dioncounda Traoré. Il appelle au respect du processus politique au Mali. La France, dit le chef de l'Etat, est attentive aux événements en cours au Mali, et plus largement dans toute la zone sahélienne.
Source: RFI