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Mali : l'ex-junte ne remet pas en cause la transition après les combats à Bamako


Rédigé le Mercredi 2 Mai 2012 à 12:00 | Lu 1307 fois | 0 commentaire(s)


La situation est toujours instable à Bamako. Les tirs à l'arme lourde et légère ont repris cette nuit dans la capitale malienne, après une journée relativement calme. Il s'agirait de la réponse des bérets verts fidèles au capitaine Sanogo après l'offensive menée hier par des éléments de l'ancienne garde du président déchu Amadou Toumani Touré. Suite à ces attaques, le chef des ex-putschistes, le capitaine Sanogo, a déclaré que l'accord conclu sous la médiation de la Cédéao n'était pas remis en cause. L'offensive a fait au moins 14 morts.


Mali : l'ex-junte ne remet pas en cause la transition après les combats à Bamako
Selon plusieurs sources, le camp de Djikoroni, la base des bérets rouges de la garde présidentielle, est depuis mardi sous le contrôle des soldats de l'ex-junte. Pour l'heure, les hommes du capitaine Sanogo semblent donc bel et bien avoir pris l'avantage sur les bérets rouges qui étaient considérés comme les troupes d'élite du régime Amadou Toumani Touré renversé le 22 mars dernier.
Reste maintenant à faire la lumière sur les véritables raisons de ces affrontements. Certaines sources affirment que ces paras commandos auraient lancé leurs attaques suite à une tentative d'arrestation par des ex-putschistes de l'ancien chef d'état-major particulier d'Amadou Toumani Touré, le président déchu.
Dans le camp du capitaine Sanogo, on estime qu'il s'agit d'une attaque préparée de longue date pour reconquérir le pouvoir. L'offensive des bérets rouges avait pour «objectif l'assassinat» du capitaine Sanogo. Selon le chef d'Etat-major des armées, Ibrahim Dahirou Dembele, « les parachutistes (fidèles à ATT) avec l'appui de mercenaires, devaient dans un premier temps conquérir l'ORTM (la radio-télévision nationale) et l'aéroport (de Bamako) pour permettre l'arrivée de renforts extérieurs ».
En tous cas, les évènements de ces derniers jours risquent de compliquer un peu plus le processus de transition voulu par la Cédéao. L'organisation panafricaine a décidé d'imposer une transition d'un an et de déployer une force ouest-africaine dans le pays. Des décisions pour l'instant rejetées par le capitaine Sanogo et ses partisans qui n'entendent pas être dépossédés de tous leurs pouvoirs.
Le chef de l'ex-junte a cependant déclaré que ces derniers évènements ne remettent pas en cause le premier accord, l'accord cadre conclu le 6 avril dernier avec la Cédéao. Enfin lors de cette déclaration à la radio télévision malienne, le capitaine Sanogo s'est voulu rassurant tout en invitant la population à la vigilance.
Divorce entre bérets verts et bérets rouges
La tension couvait entre militaires depuis le coup d'Etat du 22 mars, le divorce entre bérets verts et bérets rouges est à présent consommé.
Depuis le 22 mars dernier, les bérets rouges ont eu du mal à digérer le putsch qui a renversé leur chef le président Amadou Toumani Touré. Depuis cette date, la tension était vive entre les putschistes du camp Kati et les paras commandos du camp Djikoroni.
Jusqu'à hier on se regardait en chiens de faïence. Alors qui a ouvert les hostilités lundi en fin de journée et pourquoi? La junte parce qu'elle voulait arrêter le chef d'état-major des bérets rouges ou bien ces derniers voulaient-ils tenter un contre coup d’Etat parce qu'ils se sentaient humiliés ?
L'accord cadre qui a mis en place les institutions de la transition a fait la part belle aux putschistes qui ont obtenu les portefeuilles de la Défense, de la Sécurité et de l'Administration territoriale.
Les anciens fidèles d'Amadou Toumani Touré ont-ils craint pour leur sort? Reste que les commandos parachutistes, s'ils sont bien formés et bien équipés, sont en revanche peu nombreux mais surtout ils ne bénéficient pas de soutien. Les soldats du rang qui constituent le fer de lance de la junte les voient comme des privilégiés, les chouchous d'Amadou Toumani Touré qui ont profité des faveurs de l'ancien régime.
Rancoeur, jalousie et ressentiment ont créé l'union sacrée contre eux. Ce qui, hier, les a vraisemblablement empêchés de maintenir leur avantage lorsqu'ils ont tenté de prendre le contrôle de Kati, de l'aéroport et de la radio.
Réactions
Hamadoune Touré, porte-parole du gouvernement de transition, déclare que le gouvernement malien condamne  les violences et qu'il a les moyens de rétablir l'ordre dans le pays. « Le Premier ministre et son gouvernement prennent toutes les mesures appropriées vue de la restauration de la normalité ».
Hamadoune Touré
Porte-parole du gouvernement de transition
« Le gouvernement malien regrette ces affrontements meurtriers. Chaque mort malien est un mort de trop. Le pouvoir a les moyens de rétablir l'ordre avec l'ensemble des forces armées et des forces de sécurité pour restaurer la paix dans le pays. »
Devant ces événements, les habitants de Bamako se sentent déboussolés.
Pour Djibril Basolé, le médiateur burkinabè de la Cédéao, Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest, les militaires feraient mieux de se concentrer sur la restauration de l'intégrité territoriale. Il ne croit pas, par ailleurs, que le capitaine Sanogo, qui semblait hier avoir pris le dessus, n'en profite pour se montrer plus intransigeant vis-à-vis de la Cédéao. Il avait fait part de son hostilité à l'envoi d'une force ouest-africaine.
Djibril Bassolé
Médiateur burkinabè dans la crise malienne
« Les Maliens attendent beaucoup plus de leur armée pour défendre leur intégrité territoriale plutôt que de se livrer à des batailles pour la gestion du pouvoir. »
Selon les autorités burkinabè, une délégation de la junte se rendrait ce mercredi 2 mai à Ouagadougou pour rencontrer le président-médiateur Blaise Compaoré.
Au Tchad, le président Idriss Déby a démenti mardi avoir été sollicité pour une intervention militaire au nord du Mali. Le président tchadien dit n’en avoir pas les moyens et conseille le dialogue et non la force pour préserver l'unité du Mali. Il ne faut pas, dit le président tchadien, que le Mali ne devienne comme le Soudan qui ne connaît toujours pas la paix malgré la scission.
Idriss Déby
Le président du Tchad
« Je déconseillerai ceux qui mettraient la force en avant. Il faut convaincre mais pas vaincre.
 

RFI




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