Mali : la Cour constitutionnelle ouvre la voie au président de transition


Rédigé le Mercredi 11 Avril 2012 à 11:18 | Lu 641 fois | 0 commentaire(s)


Une nouvelle étape a été franchie dans la restitution du pouvoir aux civils au Mali. Mardi 10 avril 2012, la Cour constitutionnelle a constaté la «vacance de la présidence» pour cause de démission du chef de l'Etat Amadou Toumani Touré, renversé par un coup d'Etat militaire le 22 mars. Alors qu'à Bamako, les tractations autour de l'attribution des postes de responsabilité vont bon train, au Nord, la rébellion touarègue du MNLA se veut rassurante sur ses intentions.


La vacance du pouvoir d’ATT reconnue officielle ce mardi 10 avril est une étape supplémentaire du processus politique. Les neuf sages de la Cour suprême doivent maintenant se réunir pour installer Dioncounda Traoré à la tête du pays comme le stipule l’article 36 de la Constitution. Un nouveau président pour une période définie de quarante jours, chargé de mettre sur pied les institutions de transition.
Toutes les options semblent ouvertes pour le poste très convoité de Premier ministre. Cinq à six noms émergent : des personnalités politiques, des personnalités issues de la société civile mais aussi de l’armée. Aucun ne semble pour le moment faire consensus et il semble évident qu’aucune annonce ne sera faite avant l’investiture de Dioncounda Traoré.

Les prétendants à un poste dans un ministère sont également très nombreux. Tout le monde s’interroge sur une possible présence du capitaine Sanogo ou d’un de ses proches dans ce gouvernement de transition.
Dès jeudi, le Mali va donc entrer dans une période intérimaire cruciale de quarante jours avec des objectifs précis pour ses nouveaux dirigeants : engager des négociations avec tous les groupes rebelles du Nord et essayer de trouver une sortie de crise.

L'impatience de la population

A Bamako, la colère est grande au sein de la jeunesse. Colère contre les institutions, contre l’armée qui n’a pas su résister aux assauts dans le Nord. Une jeunesse perdue, aujourd’hui prête à en découdre. Reportage de notre envoyé spécial dans une manifestation de personnes qui se disent originaires du pays.
Les jeunes sont en colère et refusent tout dialogue : « Je suis prêt à aller au Nord, je suis prêt à mourir … je suis prêt à aller me battre »
« ... Occupés à gérer leurs futures institutions, les hommes et femmes politiques ne semblent pas entendre ces divisions, cette violence qui monte au sein de la jeunesse malienne. »
La rébellion touarègue se veut rassurante

Alors qu'à Bamako les gens du Nord manifestent et que la communauté internationale s'inquiète de la présence de membres d'al-Qaïda au Maghreb islamique et d'autres groupes extrémistes (les Touaregs salafistes d'Ansar Dine, des membres du groupe nigérian Boko Haram, etc), les rebelles touaregs du MNLA (Mouvement national de libération de l'Azawad) se veulent rassurants.
Ils promettent de combattre ces groupes islamistes à l'avenir.
Hama ag Mahmoud : nous nous occuperons d'Ansar Dine et d'Aqmi une fois la paix signée
Membre du bureau politique du MNLA
« Pour le moment, nous sommes dans l’expectative d’une contre-offensive de l’armée malienne et de la Cédéao, alors nous ne pouvons pas ouvrir un deuxième front… quand on aura signé la paix, écarté les risques d’une contre-offensive… nous allons nous occuper d’Aqmi et d’Ansar Dine... (Ces groupes islamistes) s‘installent parce qu’ils savent que nous avons décidé de ne pas réagir contre eux… mais il n’y a aucune chance de convertir les populations de l’Azawad à une religion extrémiste. Elles ont une religion musulmane très tolérante, très réfractaire à tout ce qui est extrémiste »
Selon Hama ag Mahmoud, les islamistes savent parfaitement qu'ils ne pourront pas s'installer durablement dans les villes qu'ils occupent. D'ailleurs le MNLA encercle ces mêmes villes. La stratégie des islamistes est de faire croire à l'opinion internationale que le MNLA est marginalisé. Hama ag Mahmoud explique que le MNLA attend le feu vert pour les jeter dehors car ils nuisent à l'Azawad en prenant des otages, en empêchant le tourisme et le développement de la région.


RFI



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