Les forces spéciales françaises ont débarqué mercredi, dans la nuit noire sur l'aéroport de fortune de Kidal, à la piste mangée par le sable porté par les tempêtes, d'ordinaire plutôt occupée par des troupeaux de chèvres errantes que par des avions de transport de troupes ou par des hélicoptères de combat. Kidal, capitale d'une région de 60.000 âmes, était la dernière ville du nord du Mali occupée par des groupes djihadistes. Ceux-ci avaient quitté les lieux dès dimanche pour céder la place aux Touaregs laïques du Mouvement pour la libération de l'Azawad (MNLA).
Les combattants du mouvement Ansar Dine, dirigé par Iyad Ag Ghali, un chef touareg plus opportuniste que fondamentaliste, qui s'est rallié à al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), ont préféré plier bagages plutôt que d'affronter l'ennemi. Le basculement du rapport de force provoqué par l'intervention française avait entraîné une dissidence à l'intérieur de cette organisation de Touaregs islamistes. Le Mouvement islamique de l'Azawad, qui en est issu, (MIA) assure rejeter le terrorisme et vouloir assurer une issue pacifique à la crise. Influencés, semble-t-il, par l'Algérie toujours soucieuse de diviser les rébellions dans la région, certains de ses membres avaient annoncé leur revirement à Alger fin décembre, au lendemain de la visite dans la capitale algérienne de François Hollande.
«Les Français ont rencontré des membres du MNLA et aussi le secrétaire général du MIA, Algabass Ag Intalla, ainsi que des notables locaux», a affirmé à l'AFP un cadre de l'administration locale. La présence militaire française à Kidal peut servir à lancer des actions rapides contre les bases où sont repliés les djihadistes, mais dans un premier temps elle est surtout destinée à sécuriser la zone. Le dispositif français pourrait être renforcé par l'arrivée de 500 soldats venus du Tchad et du Niger. Selon une source militaire malienne, une colonne tchado-nigérienne serait partie mercredi matin de Menaka, 300 km plus au sud, pour rejoindre Kidal.
L'idée est de créer une force tampon susceptible d'éviter des affrontements entre les milices touaregs qui tiennent désormais la ville et les soldats de l'armée malienne. Ces derniers n'étaient «même pas au courant» de l'initiative française, «en tout cas pas au niveau de l'état-major». «C'est très bizarre», affirme un militaire proche du commandement de l'armée nationale, même s'il préfère attendre de mieux «comprendre la situation» avant de «juger des intentions» des Français, auxquelles il avoue pour le moment «ne rien comprendre». C'est peu dire, donc, que l'initiative française à Kidal n'a pas été préparée en étroite collaboration avec l'armée malienne. Et qu'elle ne suscite pas non plus un enthousiasme débordant.
Car l'officier de l'armée malienne tient fermement à rappeler une chose: «Nous ne sommes pas dans une logique de négociations avec le MNLA, en tout cas pas avant la restauration de l'intégrité territoriale du Mali.» Et de juger que les combattants du MNLA ou d'Ansar Dine, «c'est la même chose». Du côté de la présidence, l'un des plus proches collaborateurs du président de transition Dioncounda Traoré affirme également ne «pas être au courant», n'avoir «aucune information» et même «être inquiet des réactions sur les réseaux sociaux».
Le crocodile de la préfecture
Bamako se cabre contre une grande partie des Touaregs qui sont jugés responsables de la descente aux enfers du pays. Mardi, les députés ont voté à l'unanimité une feuille de route sur la transition démocratique qui se prononce contre des négociations avec le MNLA ou tout autre mouvement autonomiste. Il faudra pourtant trouver une solution politique. Paris a ainsi appelé les autorités maliennes «à engager sans plus attendre des discussions avec les représentants légitimes de la population du Nord».
La région de Kidal, qui s'étend jusqu'à la frontière algérienne, est en effet le fief historique des «hommes bleus», ces seigneurs du désert à l'image ternie. Kidal est dominé par la tribu des Iforas dont Iyad Ag Ghali est un des chefs respectés malgré ses multiples changements d'alliance. Ses habitants d'origine nomade quittent souvent leur maison en dur pour s'installer dans le désert. Dans ce monde aride, carrefour des contrebandiers, les populations vivent avec le sentiment d'être abandonnées par le pouvoir central, celui des Africains noirs. Les programmes d'aide au développement ont souvent été détournés. Les révoltes successives qui ont secoué dans une certaine indifférence le Sahara malien ces dernières décennies sont toujours parties de ce constat sans qu'au final un rééquilibrage entre le Nord et le Sud intervienne.
Kidal, la «capitale des hommes bleus», est une bourgade misérable. L'une de ses rares attractions est un crocodile à l'âge indéterminé qui tourne en rond dans le bassin du jardin de la préfecture. Le reptile est un souvenir légué par le dernier administrateur français à l'occasion de son départ, pour cause d'indépendance, en 1960.
Les combattants du mouvement Ansar Dine, dirigé par Iyad Ag Ghali, un chef touareg plus opportuniste que fondamentaliste, qui s'est rallié à al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), ont préféré plier bagages plutôt que d'affronter l'ennemi. Le basculement du rapport de force provoqué par l'intervention française avait entraîné une dissidence à l'intérieur de cette organisation de Touaregs islamistes. Le Mouvement islamique de l'Azawad, qui en est issu, (MIA) assure rejeter le terrorisme et vouloir assurer une issue pacifique à la crise. Influencés, semble-t-il, par l'Algérie toujours soucieuse de diviser les rébellions dans la région, certains de ses membres avaient annoncé leur revirement à Alger fin décembre, au lendemain de la visite dans la capitale algérienne de François Hollande.
«Les Français ont rencontré des membres du MNLA et aussi le secrétaire général du MIA, Algabass Ag Intalla, ainsi que des notables locaux», a affirmé à l'AFP un cadre de l'administration locale. La présence militaire française à Kidal peut servir à lancer des actions rapides contre les bases où sont repliés les djihadistes, mais dans un premier temps elle est surtout destinée à sécuriser la zone. Le dispositif français pourrait être renforcé par l'arrivée de 500 soldats venus du Tchad et du Niger. Selon une source militaire malienne, une colonne tchado-nigérienne serait partie mercredi matin de Menaka, 300 km plus au sud, pour rejoindre Kidal.
L'idée est de créer une force tampon susceptible d'éviter des affrontements entre les milices touaregs qui tiennent désormais la ville et les soldats de l'armée malienne. Ces derniers n'étaient «même pas au courant» de l'initiative française, «en tout cas pas au niveau de l'état-major». «C'est très bizarre», affirme un militaire proche du commandement de l'armée nationale, même s'il préfère attendre de mieux «comprendre la situation» avant de «juger des intentions» des Français, auxquelles il avoue pour le moment «ne rien comprendre». C'est peu dire, donc, que l'initiative française à Kidal n'a pas été préparée en étroite collaboration avec l'armée malienne. Et qu'elle ne suscite pas non plus un enthousiasme débordant.
Car l'officier de l'armée malienne tient fermement à rappeler une chose: «Nous ne sommes pas dans une logique de négociations avec le MNLA, en tout cas pas avant la restauration de l'intégrité territoriale du Mali.» Et de juger que les combattants du MNLA ou d'Ansar Dine, «c'est la même chose». Du côté de la présidence, l'un des plus proches collaborateurs du président de transition Dioncounda Traoré affirme également ne «pas être au courant», n'avoir «aucune information» et même «être inquiet des réactions sur les réseaux sociaux».
Le crocodile de la préfecture
Bamako se cabre contre une grande partie des Touaregs qui sont jugés responsables de la descente aux enfers du pays. Mardi, les députés ont voté à l'unanimité une feuille de route sur la transition démocratique qui se prononce contre des négociations avec le MNLA ou tout autre mouvement autonomiste. Il faudra pourtant trouver une solution politique. Paris a ainsi appelé les autorités maliennes «à engager sans plus attendre des discussions avec les représentants légitimes de la population du Nord».
La région de Kidal, qui s'étend jusqu'à la frontière algérienne, est en effet le fief historique des «hommes bleus», ces seigneurs du désert à l'image ternie. Kidal est dominé par la tribu des Iforas dont Iyad Ag Ghali est un des chefs respectés malgré ses multiples changements d'alliance. Ses habitants d'origine nomade quittent souvent leur maison en dur pour s'installer dans le désert. Dans ce monde aride, carrefour des contrebandiers, les populations vivent avec le sentiment d'être abandonnées par le pouvoir central, celui des Africains noirs. Les programmes d'aide au développement ont souvent été détournés. Les révoltes successives qui ont secoué dans une certaine indifférence le Sahara malien ces dernières décennies sont toujours parties de ce constat sans qu'au final un rééquilibrage entre le Nord et le Sud intervienne.
Kidal, la «capitale des hommes bleus», est une bourgade misérable. L'une de ses rares attractions est un crocodile à l'âge indéterminé qui tourne en rond dans le bassin du jardin de la préfecture. Le reptile est un souvenir légué par le dernier administrateur français à l'occasion de son départ, pour cause d'indépendance, en 1960.
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