« Il cherche à se blanchir devant l'opinion nationale parce qu'il a été exclu du pouvoir », analyse un ancien ministre. « Il a des ambitions présidentielles et veut se démarquer des échecs de la Transition », estime un politologue malien. « C'est un joueur de poker, il croit créer l'évènement mais il n'ira pas loin », juge encore un farouche opposant.
En s'indignant publiquement d'être méprisé par les militaires putschistes qui l'avaient eux-mêmes nommé, et en critiquant tout particulièrement le report sine die des élections – qu'il affirme avoir découvert dans les médias, mais qu'il avait défendu à l'époque – le Premier ministre de la Transition Choguel Maïga n'a rien appris à personne. La réalité de l'exercice du pouvoir et la situation du pays étaient déjà connus de tous. Mais il a clairement choisi de franchir une nouvelle ligne : rouge ? Ou toujours pas ?
« Ridicule et courageux »
« C'est à la fois ridicule et courageux, juge un ancien ministre. Il vilipende le régime qu'il sert, ce n'est pas digne d'un homme d'État ! On n'est pas dans une cour de récréation, il est libre de démissionner ! » « On peut juste lui reconnaître qu'il n'a pas peur de parler, poursuit cette source, et qu'il n'a pas peur d'aller en prison. »
Acteurs ou analystes de la vie politique malienne, tous considèrent que Choguel Maïga ne démissionnera jamais de lui-même et qu'il cherche à se faire limoger pour se poser en victime et en défenseur des idéaux de la Transition. Un objectif qui relève de la survie politique pour le Premier ministre de Transition, qui tente ainsi de conserver du crédit et de se ménager une porte de sortie.
« Logique de déstabilisation »
Mais « on ne lui permettra pas de dicter l'agenda », estime un autre politologue malien, qui rappelle que la révocation du Premier ministre impliquerait de facto la dissolution du gouvernement. Si les militaires au pouvoir n'ont pas commenté la diatribe de Choguel Maïga, les organisations qui les soutiennent, et qui leurs servent régulièrement de porte-flingue, donnent le ton : le CDM (Collectif pour la défense des militaires) estime que Choguel Maïga est désormais dans une « logique de déstabilisation » et l'accuse même de « haute trahison ».
L'Arema (Alliance pour la refondation du Mali) demande sa « révocation » pour « faute grave et atteinte au crédit de l'État ». D'autres organisations pro-junte leur ont emboîté le pas (Association des femmes du camp de Kati, FPR-Maliko, CSIA, UPM, MRC...). Des rassemblements et des conférences de presse ont même été organisés ce mardi pour accentuer la pression.
Poursuites judiciaires
Car Choguel Maïga s'expose également à des poursuites judiciaires et à une possible détention. L'un de ses proches collaborateurs, qui avait exprimé les mêmes griefs au mois de mai dernier dans un « memorandum » qu'il avait signé de son nom, avait dans la foulée été emprisonné et condamné pour « atteinte au crédit de l'État ». Le scénario d'un limogeage et/ou d'une arrestation n'est donc pas à exclure.
« Il pourrait au minimum être placé en résidence surveillée », envisage un universitaire malien, qui juge « très fort probable » qu'une action judiciaire soit enclenchée à son encontre en cas d'éviction de la primature : « Parce que s'il est définitivement écarté, il ne se taira pas ».
Mais une procédure judiciaire renforcerait aussi son discours de martyr et sa tentative de repositionnement en opposant, et la transition malienne a déjà montré qu'elle offrait un champ des possibles très vaste. Certains observateurs expliquent également que la position des colonels devenus généraux, vis-à-vis de leur civil utile – jusqu'ici en tous cas – Choguel Maïga, ne serait pas forcément unanime.
Intenable, surréaliste, et pourtant
Cette situation de conflit au sommet de l'État, qui semblait déjà intenable depuis plusieurs mois, l'est donc encore davantage aujourd'hui. Mais le plus surréaliste, selon divers interlocuteurs, c'est qu'elle pourrait encore durer.
L'expérience le prouve : plusieurs fois donné sur la sellette, Choguel Maïga a toujours su donner tort aux rumeurs. La limite a-t-elle, cette fois, été franchie ? Le conseil des ministres prévu ce mercredi, auquel le Président de Transition Assimi Goïta et son toujours Premier ministre Choguel Maïga sont tous deux censés prendre part, s'annonce pour le moins tendu.
En s'indignant publiquement d'être méprisé par les militaires putschistes qui l'avaient eux-mêmes nommé, et en critiquant tout particulièrement le report sine die des élections – qu'il affirme avoir découvert dans les médias, mais qu'il avait défendu à l'époque – le Premier ministre de la Transition Choguel Maïga n'a rien appris à personne. La réalité de l'exercice du pouvoir et la situation du pays étaient déjà connus de tous. Mais il a clairement choisi de franchir une nouvelle ligne : rouge ? Ou toujours pas ?
« Ridicule et courageux »
« C'est à la fois ridicule et courageux, juge un ancien ministre. Il vilipende le régime qu'il sert, ce n'est pas digne d'un homme d'État ! On n'est pas dans une cour de récréation, il est libre de démissionner ! » « On peut juste lui reconnaître qu'il n'a pas peur de parler, poursuit cette source, et qu'il n'a pas peur d'aller en prison. »
Acteurs ou analystes de la vie politique malienne, tous considèrent que Choguel Maïga ne démissionnera jamais de lui-même et qu'il cherche à se faire limoger pour se poser en victime et en défenseur des idéaux de la Transition. Un objectif qui relève de la survie politique pour le Premier ministre de Transition, qui tente ainsi de conserver du crédit et de se ménager une porte de sortie.
« Logique de déstabilisation »
Mais « on ne lui permettra pas de dicter l'agenda », estime un autre politologue malien, qui rappelle que la révocation du Premier ministre impliquerait de facto la dissolution du gouvernement. Si les militaires au pouvoir n'ont pas commenté la diatribe de Choguel Maïga, les organisations qui les soutiennent, et qui leurs servent régulièrement de porte-flingue, donnent le ton : le CDM (Collectif pour la défense des militaires) estime que Choguel Maïga est désormais dans une « logique de déstabilisation » et l'accuse même de « haute trahison ».
L'Arema (Alliance pour la refondation du Mali) demande sa « révocation » pour « faute grave et atteinte au crédit de l'État ». D'autres organisations pro-junte leur ont emboîté le pas (Association des femmes du camp de Kati, FPR-Maliko, CSIA, UPM, MRC...). Des rassemblements et des conférences de presse ont même été organisés ce mardi pour accentuer la pression.
Poursuites judiciaires
Car Choguel Maïga s'expose également à des poursuites judiciaires et à une possible détention. L'un de ses proches collaborateurs, qui avait exprimé les mêmes griefs au mois de mai dernier dans un « memorandum » qu'il avait signé de son nom, avait dans la foulée été emprisonné et condamné pour « atteinte au crédit de l'État ». Le scénario d'un limogeage et/ou d'une arrestation n'est donc pas à exclure.
« Il pourrait au minimum être placé en résidence surveillée », envisage un universitaire malien, qui juge « très fort probable » qu'une action judiciaire soit enclenchée à son encontre en cas d'éviction de la primature : « Parce que s'il est définitivement écarté, il ne se taira pas ».
Mais une procédure judiciaire renforcerait aussi son discours de martyr et sa tentative de repositionnement en opposant, et la transition malienne a déjà montré qu'elle offrait un champ des possibles très vaste. Certains observateurs expliquent également que la position des colonels devenus généraux, vis-à-vis de leur civil utile – jusqu'ici en tous cas – Choguel Maïga, ne serait pas forcément unanime.
Intenable, surréaliste, et pourtant
Cette situation de conflit au sommet de l'État, qui semblait déjà intenable depuis plusieurs mois, l'est donc encore davantage aujourd'hui. Mais le plus surréaliste, selon divers interlocuteurs, c'est qu'elle pourrait encore durer.
L'expérience le prouve : plusieurs fois donné sur la sellette, Choguel Maïga a toujours su donner tort aux rumeurs. La limite a-t-elle, cette fois, été franchie ? Le conseil des ministres prévu ce mercredi, auquel le Président de Transition Assimi Goïta et son toujours Premier ministre Choguel Maïga sont tous deux censés prendre part, s'annonce pour le moins tendu.
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