Retarder le retour à l'ordre constitutionnel ?
Mercredi 18 avril au soir, sur les antennes de l'ORTM, le directeur général de la gendarmerie est venu officiellement justifier la vague d'interpellations. Selon le colonel Diamou Keïta, 11 civils et autant de militaires ont été arrêtés après enquête et les investigations menées dans certains domiciles ont permis de découvrir des caisses d'armes neuves ne faisant pas partie de la dotation de l'armée régulière.
Si le patron de la gendarmerie s'est défendu de toute chasse aux sorcières, dans la classe politique malienne on estime que les militaires sont en train d'instaurer un régime de terreur. «C'est un plan délibéré pour nous intimider et maintenir le pouvoir à Kati» fulmine une personnalité du Front du refus.
Maître Sylvain Keïta : «Je crois que ces arrestations peuvent affaiblir le président intérimaire et le Premier ministre… le pouvoir de fait est détenu par la junte» Secrétaire général adjoint de l'Union pour la démocratie et le développement, parti dont le président Tiéman Coulibaly a été arrêté mercredi. |
Une source proche de la médiation se montre moins inquiète. Selon elle, lors de leur rencontre mercredi, au camp Soundiata Keita, le capitaine Sanogo s'est engagé devant les ministres burkinabè et ivoirien à remettre en liberté dans les heures ou dans les jours qui suivent toutes les personnes interpellées.
Toujours d'après cette source, il est impossible de composer sans le CNRDRE tant que l'ensemble des institutions n'auront pas été réinstallées. Les rafles apparaîtraient dès lors comme une manoeuvre pour gagner du temps et retarder le retour à l'ordre constitutionnel.
Ces arrestations suscitent des protestations
Quelques dizaines de jeunes manifestants du Front du refus se sont réunis mercredi matin devant l'hôtel où réside le président par intérim Dioncounda Traoré depuis son retour du Burkina mais aussi les facilitateurs burkinabè et ivoirien Jibril Bassolé et Adama Bictogo. Reportage de notre envoyé spécial.
Le Front du refus a manifesté mercredi pour protester contre les arrestations « Devant l'hôtel Salam, lieu de résidence du président malien par intérim, quelques dizaines de jeunes du Front du refus, coalition hostile à l'ex-junte, et presque autant de policiers... Leurs pancartes dénoncent des arrestations arbiraires de politique de haut rangs, retenus sans raison officielle par les militaires, des ex-putschistes qu'ils accusent de saper le retour à l'ordre constitutionnel... » Le nouveau Premier ministre, Cheick Modibo Diarra, qui avait commencé ses consultations pour former son gouvernement, affiche une certaine sérénité.
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