Mossa Ag Attaher, porte-parole du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA)
« C’est un grand moment aujourd’hui pour le peuple de l’Azawad, en hommage aux combattants qui sont tombés sur le champ d'honneur, en hommage à l’ensemble des populations de l’Azawad durant toutes ces années de marche à la tête de la liberté et de l’indépendance, que le comité exécutif du MNLA à travers son secrétaire général, Bilal Ag Cherif, a proclamé solennellement l’indépendance de l’Etat de l’Azawad. »
Avec cette proclamation d'indépendance, le Mali apparaît aujourd'hui comme un pays coupé en deux, avec une population également inquiète : celle qui voit s'installer les rebelles touaregs et leurs différentes composantes dans le nord et ceux qui craignent l'anarchie et la vacance du pouvoir à Bamako. Tout le monde étant soumis aux conséquences de l'embargo.
Un habitant de Gao
« Chacun demande l'adhésion de la population. Les gens d'Ansar Dine demande aux gens de devenir musulman. Du côté du MNLA, on nous appelle dans des réunions pour dire aux gens que bientôt il va y avoir une république de l'Azawad »
Du fait du conflit, l'approvisionnement et l'accès aux structures de base restent difficiles. Certains commencent à quitter la ville au grand désarroi de Moussa Souma Maïga, chef de communauté songhoï à Gao. Chaque crise dans le nord du pays s'est achevé par un cycle de violences attaques-représailles entre Touaregs et Songhoïs.
Moussa Souma Maïga, chef de la communauté songhoï « Observer la situation avec calme et sérénité, c'est le conseil que je donne »
À Tombouctou, les islamistes du mouvement Ansar Dine occupent la plupart des quartiers. La charia s'impose à tous, l'ordre aussi. La seule radio qui fonctionne a diffusé ce 5 avril 2012 un appel aux habitants pour qu'ils nettoient la rue. Les islamistes ont, selon un témoin, promis également de distribuer des produits de première nécessité tels que l'huile et le riz. Produits qu'ils ont saisis dans les stocks des associations humanitaires qui étaient basées à Tombouctou. « L'État nous a abandonné, il n'y a pas de gendarme, pas de garde, se plaint un habitant effrayé, ce sont des petits enfants qui nous commandent ! Ils ont 16 ans, 18 ans, 22 ans ... Le plus âgé a 40 ans et quelque ! Vraiment, on a peur !»
Les résidents étrangers quittent le Mali
La population est donc aujourd'hui en train de prendre les devants face à l'incertitude de la situation : putschistes à Bamako et mouvements rebelles occupant les villes du Nord. Des milliers d’étrangers qui résident au Mali se débrouillent pour quitter leur pays d’adoption malgré la fermeture des frontières. Les troubles ainsi que l'embargo de la Cédéao ont perturbé les transports routiers.
Les soutes sont pleines, sur le toit une montagne de bagages. Direction Abidjan. Un besoin de rentrer au pays pour Corine, étudiante de 19 ans, qui laisse à Bamako son ami et ses études de médecine : « J’ai un ticket et je rentre en Côte d’Ivoire parce qu’ici, la situation n’est pas tellement stable. Mes parents réclament que nous rentrons chez nous. Il y a une certaine peur parce qu’on a connu la guerre en Côte d’Ivoire et on n’a pas envie de vivre ça ici. J’espère pouvoir passer ».
Pour passer justement, les agences de car ont tout prévu. Malgré l’embargo, malgré la fermeture officielle des frontières, Alphonse le voyagiste a tout organisé : « Il y a un système de motos où on amène les passagers à la frontière à Zégoua [première ville malienne frontalière avec le nord de la Côte d’Ivoire NDLR]. Ils prennent des motos pour traverser la frontière ou ils empruntent les cars pour continuer ».
Certains n’ont pas cette chance, le passage vers le Burkina Faso par exemple est bien compliqué. Fatigué, stressé par la situation, Ilias ne trouve pas de solution : « Je veux rentrer chez moi. Ce n’est pas facile. Je suis bloqué quand même. Mais l’embargo c’est pour tuer les Maliens et ce n’est pas une bonne façon d’aider les Maliens ».
Pour les lignes internes vers le Nord, les cars, liens essentiels pour rejoindre Tombouctou ou Gao, ont repris du service. Passé Mopti, les agences de voyage utilisent des indicateurs pour s’assurer que la voie est libre.
Le colonel Aladji Ag Gamou est rentré dans les rangs Le colonel Gamou, ancien commandant de la garnison de Kidal, prend ses distances avec les mouvements rebelles et a rejoint Niamey avec armes et hommes. Il était un fidèle du président malien Amadou Toumani Touré et avait récemment rallié le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) pour revenir aujourd'hui sur sa décision.
De source bien informée, le colonel Aladji Gamou prend ses distances avec près de 500 hommes lourdement armés. C’est le ministre nigérien de la Défense nationale, Karidio Mahamadou, qui a dirigé les opérations de recueil, c’est-à-dire le désarmement intégral du régiment. Le colonel Gamou et cinq de ses lieutenants ont été ensuite transférés à Niamey où ils séjourneront temporairement, dit-on. Quant à ses hommes, ils sont cantonnés sur le site des réfugiés de Koutougou, non loin de la frontière malienne. Des citernes d’eau et de vivres sont déjà acheminées sur ce site.
Combien de temps ces soldats maliens passeront-ils dans ce camp de réfugiés ? Quelle sera leur destination finale ? Aucune réponse officielle pour l’instant. Mais depuis le début de la crise dans le nord du Mali, ils sont presque un millier le nombre de soldats en fuite ayant trouvé refuge au Niger.
Dans un entretien accordé à l'Agence France Presse, le colonel assure être loyaliste et avoir prétendu l'inverse pour pouvoir sauver ses hommes.
RFI
« C’est un grand moment aujourd’hui pour le peuple de l’Azawad, en hommage aux combattants qui sont tombés sur le champ d'honneur, en hommage à l’ensemble des populations de l’Azawad durant toutes ces années de marche à la tête de la liberté et de l’indépendance, que le comité exécutif du MNLA à travers son secrétaire général, Bilal Ag Cherif, a proclamé solennellement l’indépendance de l’Etat de l’Azawad. »
Avec cette proclamation d'indépendance, le Mali apparaît aujourd'hui comme un pays coupé en deux, avec une population également inquiète : celle qui voit s'installer les rebelles touaregs et leurs différentes composantes dans le nord et ceux qui craignent l'anarchie et la vacance du pouvoir à Bamako. Tout le monde étant soumis aux conséquences de l'embargo.
Un habitant de Gao
« Chacun demande l'adhésion de la population. Les gens d'Ansar Dine demande aux gens de devenir musulman. Du côté du MNLA, on nous appelle dans des réunions pour dire aux gens que bientôt il va y avoir une république de l'Azawad »
Du fait du conflit, l'approvisionnement et l'accès aux structures de base restent difficiles. Certains commencent à quitter la ville au grand désarroi de Moussa Souma Maïga, chef de communauté songhoï à Gao. Chaque crise dans le nord du pays s'est achevé par un cycle de violences attaques-représailles entre Touaregs et Songhoïs.
Moussa Souma Maïga, chef de la communauté songhoï « Observer la situation avec calme et sérénité, c'est le conseil que je donne »
À Tombouctou, les islamistes du mouvement Ansar Dine occupent la plupart des quartiers. La charia s'impose à tous, l'ordre aussi. La seule radio qui fonctionne a diffusé ce 5 avril 2012 un appel aux habitants pour qu'ils nettoient la rue. Les islamistes ont, selon un témoin, promis également de distribuer des produits de première nécessité tels que l'huile et le riz. Produits qu'ils ont saisis dans les stocks des associations humanitaires qui étaient basées à Tombouctou. « L'État nous a abandonné, il n'y a pas de gendarme, pas de garde, se plaint un habitant effrayé, ce sont des petits enfants qui nous commandent ! Ils ont 16 ans, 18 ans, 22 ans ... Le plus âgé a 40 ans et quelque ! Vraiment, on a peur !»
Les résidents étrangers quittent le Mali
La population est donc aujourd'hui en train de prendre les devants face à l'incertitude de la situation : putschistes à Bamako et mouvements rebelles occupant les villes du Nord. Des milliers d’étrangers qui résident au Mali se débrouillent pour quitter leur pays d’adoption malgré la fermeture des frontières. Les troubles ainsi que l'embargo de la Cédéao ont perturbé les transports routiers.
Les soutes sont pleines, sur le toit une montagne de bagages. Direction Abidjan. Un besoin de rentrer au pays pour Corine, étudiante de 19 ans, qui laisse à Bamako son ami et ses études de médecine : « J’ai un ticket et je rentre en Côte d’Ivoire parce qu’ici, la situation n’est pas tellement stable. Mes parents réclament que nous rentrons chez nous. Il y a une certaine peur parce qu’on a connu la guerre en Côte d’Ivoire et on n’a pas envie de vivre ça ici. J’espère pouvoir passer ».
Pour passer justement, les agences de car ont tout prévu. Malgré l’embargo, malgré la fermeture officielle des frontières, Alphonse le voyagiste a tout organisé : « Il y a un système de motos où on amène les passagers à la frontière à Zégoua [première ville malienne frontalière avec le nord de la Côte d’Ivoire NDLR]. Ils prennent des motos pour traverser la frontière ou ils empruntent les cars pour continuer ».
Certains n’ont pas cette chance, le passage vers le Burkina Faso par exemple est bien compliqué. Fatigué, stressé par la situation, Ilias ne trouve pas de solution : « Je veux rentrer chez moi. Ce n’est pas facile. Je suis bloqué quand même. Mais l’embargo c’est pour tuer les Maliens et ce n’est pas une bonne façon d’aider les Maliens ».
Pour les lignes internes vers le Nord, les cars, liens essentiels pour rejoindre Tombouctou ou Gao, ont repris du service. Passé Mopti, les agences de voyage utilisent des indicateurs pour s’assurer que la voie est libre.
Le colonel Aladji Ag Gamou est rentré dans les rangs Le colonel Gamou, ancien commandant de la garnison de Kidal, prend ses distances avec les mouvements rebelles et a rejoint Niamey avec armes et hommes. Il était un fidèle du président malien Amadou Toumani Touré et avait récemment rallié le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) pour revenir aujourd'hui sur sa décision.
De source bien informée, le colonel Aladji Gamou prend ses distances avec près de 500 hommes lourdement armés. C’est le ministre nigérien de la Défense nationale, Karidio Mahamadou, qui a dirigé les opérations de recueil, c’est-à-dire le désarmement intégral du régiment. Le colonel Gamou et cinq de ses lieutenants ont été ensuite transférés à Niamey où ils séjourneront temporairement, dit-on. Quant à ses hommes, ils sont cantonnés sur le site des réfugiés de Koutougou, non loin de la frontière malienne. Des citernes d’eau et de vivres sont déjà acheminées sur ce site.
Combien de temps ces soldats maliens passeront-ils dans ce camp de réfugiés ? Quelle sera leur destination finale ? Aucune réponse officielle pour l’instant. Mais depuis le début de la crise dans le nord du Mali, ils sont presque un millier le nombre de soldats en fuite ayant trouvé refuge au Niger.
Dans un entretien accordé à l'Agence France Presse, le colonel assure être loyaliste et avoir prétendu l'inverse pour pouvoir sauver ses hommes.
RFI