Capitaine Sanogo : «Je n'accepterai pas la présence d'un soldat étranger sur le sol malien» Monsieur Dioncounda Traoré restera président par intérim, comme prévu, pendant les quarante jours -pas une heure de plus-,... aucun militaire ne foutra les pieds ici si ce n'est sur la demande du gouvernement malien -et on a un gouvernement en bonne et due forme. Et j'en profite pour dire ici que le gouvernement ne le demandera pas. Si la Cédéao... veut nous aider, cette aide est la bienvenue, mais à une condition : c'est à nous d'en exprimer le besoin... » |
Accélération des événements ce samedi
Le Burkinabé Djibril Bassolé et l’Ivoirien Adama Bictogo sont arrivés dans l’urgence ce samedi matin 28 avril 2012, à Bamako.
La veille l’alerte avait été donnée : il faut venir au plus vite car le capitaine Sanogo se sent trahi par les décisions de la Cédéao et les soldats ne tiennent plus en place. Les ministres médiateurs ont rencontré toutes les parties et surtout le leader des putschistes. La discussion s’est déroulée à huis clos durant près de trois heures, au camp de Kati, sur les hauteurs de la capitale, sans qu’il y ait au final d’évolution notable, semble t-il.
Les militaires ont été fermes : à leurs yeux le seul accord qui vaille, c’est le texte signé le 6 avril, qui ménage -il est vrai- beaucoup plus les putschistes. Une chose est certaine a martelé le capitaine Sanogo, celui qui assure aujourd’hui l’intérim de la présidence, restera 40 jours et pas une heure de plus. Le comité militaire prendra ensuite ses reponsabilités, a-t-il dit.
Samedi, à Kati, la tension était vive. Des dizaines de soldats, sur les dents ont scandé armes au poing « à bas la Cédéao». Le capitaine en personne a dû intervenir à plusieurs reprises pour contenir ses hommes et permettre à ses visiteurs de quitter les lieux sans encombre.
Les médiateurs ont également rencontré le Premier ministre de la transition, Cheick Modibo Diarra, et voici ce que déclarait Djibril Bassolé à l'issue de ce rendez-vous :
Djibril Bassolé : «les échanges vont se poursuivre» Chef de la diplomatie du Burkina Faso et émissaire du médiateur Blaise Compaoré pour la crise malienne les membres du CNRDRE nous ont fait part de leurs préoccupations. Nous avons expliqué que les chefs d'Etat (de la Cédéao NDLR) étaient soucieux de la stabilité institutionnelle et de la continuité dans le fonctionnement des institutions afin que ensemble nous puissions faire face au plus urgent, qui est de gérer la situation de crise au Nord... les incompréhensions existent mais... nous gardons la possibilité de dialoguer... » De l'accord cadre du 6 avril à la déclaration du 26 avril Entre l’accord cadre signé le 6 avril et la déclaration des chefs d’Etat de la Cédéao jeudi dernier, un grand écart a été fait. Dans le premier texte, la junte était une des parties signataires. Il y était question de réfléchir au rôle qu’elle pourrait jouer dans les mois à venir, et aussi de fixer une durée consensuelle pour la transition. Trois semaines plus tard, le comité militaire est prié de se soumettre aux autorités civiles, ses membres de retourner dans les casernes et la transition est fixée à douze mois. Deux textes au ton très différent qui suscitent toute sorte d’interrogations et d’interprétation. La junte se raccroche naturellement au document qu’elle a signé et qui se trouve être le premier, et celui qui lui est le plus favorable. Les militaires ont vécu l’annonce jeudi dernier du déploiement d’une force de la Cédéao comme un affront, et la promesse d’une transition d’un an menée par l’actuel président intérimaire comme une mise à l’écart. Et à tel point que samedi 28 avril une fronde anti-Cédéao a envahi le camp de Kati. Jusqu’à quel point les militaires veulent-ils rester maîtres du jeu ? La Cédéao a-t-elle pris la mesure de la gravité de la situation ? Ces questions sont plus que jamais d’actualité car la crise dure depuis plus d’un mois à Bamako…alors que l’urgence au départ, c’était le nord du Mali. RFI |