Mali: les pays voisins appellent au dialogue dans le Nord où un nouveau mouvement apparaît


Rédigé le Lundi 9 Avril 2012 à 12:02 | Lu 1668 fois | 0 commentaire(s)


Un nouveau groupe armé dénommé «Front de libération nationale de l'Azawad», qui revendique 500 éléments, a annoncé dimanche 8 avril 2012 sa création dans le Nord-Est du Mali, désormais contrôlé par des rebelles touaregs et divers groupes armés, notamment islamistes. Ce nouveau groupe serait composé quasi exclusivement d'Arabes de la région de Tombouctou.


Il y avait déjà à Tombouctou le groupe Ansar Dine, mouvement d’islamistes armés appuyé par al-Qaïda au Maghreb islamique. Il y avait également quelques éléments du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), posté à la périphérie de Tombouctou. Il faut maintenant aussi compter avec le FLNA, Front de libération nationale de l’Azawad.

Le Front, qui affirme n’avoir aucun lien avec les deux groupes précédemment cités plus haut, se veut laïc et revendique 500 hommes armés. Les objectifs du FLNA sont la sécurisation des biens et des personnes dans la région de Tombouctou et l’instauration d’un dialogue entre les différentes communautés locales.
Dans une région déjà troublée, la création de ce nouveau groupe armé risque de susciter de nouvelles tensions. Selon nos informations, le Front de Libération nationale de l’Azawad est constitué essentiellement de ressortissants arabes de la région de Tombouctou. Le FLNA a notamment un secrétaire général dirigé par un élu local, et un état-major, commandé par un lieutenant-colonel, déserteur de l’armée régulière.

La communauté arabe divisée

La déclaration d'indépendance du MNLA n'a pas de sens : c'est ce que certains membres de la population arabe au nord du Mali tiennent à affirmer. La communauté ne parle certes pas d'une voix unique sur le sujet, mais Me Melainine Ould Badi, un des représentants historiques de la communauté arabe du Mali, secrétaire général du Front islamique arabe de l'Azawad, actif dans les années 90, tire la sonnette d'alarme.
Me Melainine Ould Badi : «Le MNLA n'a pas qualité pour parler au nom de la population... arabe à Tombouctou, à Gao...»
Secrétaire général du Front islamique arabe de l'Azawad
... Nous ne cherchons pas la partition... Le MNLA, qui a une hyper présence sur le plan médiatique, sur le terrain, n'occupe pas la réalité du terrain... dorénavant nous n'avons plus l'intention d'accepter cette situation de fait accompli.

Me Melainine Ould Badi : «Le MNLA n'a pas qualité pour parler au nom de la population... arabe à Tombouctou, à Gao...»
Secrétaire général du Front islamique arabe de l'Azawad
« ... Nous ne cherchons pas la partition... Le MNLA, qui a une hyper présence sur le plan médiatique, sur le terrain, n'occupe pas la réalité du terrain... dorénavant nous n'avons plus l'intention d'accepter cette situation de fait accompli. »

Situation au nord du Mali : l'appel au dialogue des pays voisins
La situation au Mali préoccupe les pays voisins. Les ministres des Affaires étrangères des pays du champ : le Niger, l’Algérie et la Mauritanie (sans représentant du Mali), étaient réunis dimanche 8 avril 2012 à Nouakchott pour évoquer cette situation. Ils ont appelé les différents acteurs au dialogue, tout en laissant planer la menace d'une éventuelle intervention militaire si les négociations venaient à échouer.

Les voisins du Mali ont demandé la formation la plus rapide possible d’un gouvernement malien «fort et crédible qui puisse relever les défis du Mali.» Les trois pays ont appelé tous les acteurs au dialogue dans le cadre du maintien de l’intégrité territoriale du Mali. Ils ont toutefois laissé planer une vague menace d’intervention militaire, évoquant le recours à d’autres moyens en cas d’échec des négociations. Dans cette perspective, le Cémoc, le Comité d’état-major conjoint de ces pays, a été appelé à se réunir en urgence pour étudier les actions possibles. Cette position ressemble fort à celle de la Cédéao (Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest) qui privilégie elle aussi le dialogue mais a annoncé la mobilisation de troupes en vue d’une éventuelle intervention militaire.

Ce sont donc les points de vue algérien et mauritanien qui l’ont finalement emporté. En effet, lors des discours d’ouverture, le ministre algérien avait tenu à distinguer clairement le MNLA des groupes terroristes et indiqué que la solution ne pouvait être que politique, rejetant toute intervention militaire qui risquerait selon lui d’aggraver la situation. A l’opposé, le ministre nigérien avait dénoncé «une joint-venture militaire entre Aqmi, Ansar Dine et le MNLA », affirmant qu’il fallait rétablir l’équilibre des forces au nord du Mali avant de négocier il avait indiqué qu’il y avait «une occasion inespérée de nettoyer le nord du Mali du terrorisme». Clairement, sa position n’a pas prévalu.


RFI
 



Dans la même rubrique :