Mali: quatre ans de transition, mais à quel prix?

Depuis le 18 août 2020 et le coup d'État qui a renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta, aujourd'hui décédé, la période dite de transition ne fait que s'allonger, au Mali. Censée durer 18, puis 24 mois, elle en est à sa quatrième année et les militaires semblent vouloir consolider leur pouvoir. Aucun chronogramme en vue de l'organisation d'élections pour un retour à l'ordre constitutionnel n'a été annoncé depuis le dernier report.



Le 25 septembre 2023, les autorités militaires du Mali ont annoncé « un léger report pour des raisons techniques » de l'élection présidentielle dont le premier tour devait se tenir le 27 février 2024. Selon les derniers engagements du régime, la transition aurait dû prendre fin le 26 mars 2024.
 
Depuis, un « dialogue inter-malien » boycotté par la majeure partie des formations politiques a été convoqué. Les principales recommandations étant d'inciter la candidature du colonel Assimi Goïta et de prolonger la transition jusqu'à la stabilisation sécuritaire du pays.
 
De report en report, la transition malienne est toujours d’actualité. Hamidou Doumbia cadre du parti Yéléma prône un retour à un ordre constitutionnel rapide.
 
« Il y a aussi une grande partie de l’opinion qui veut qu’on sorte de cette situation et qu’on aille vers une situation normale parce que l’économie du pays est à l’arrêt. Il y a encore des défis énormes à relever sur le plan sécuritaire. Ce n’est pas en restant dans une période d’instabilité institutionnelle, qu’on pourra résoudre ces problèmes-là. Il faut que le Mali se dote d’institutions qui soient le choix des citoyens, il faut qu’on sorte de cela pour que le pays puisse souffler à nouveau. »
 
Pour beaucoup, la transition ne peut pas se prolonger éternellement. Mais pour Cheick Diallo président du mouvement nouvel Horizon Fasojo Sira, les autorités doivent composer avec la maitrise de l’intégrité territoriale du pays et la stabilisation des régions les plus reculés.
 
« J’ose croire que chacun, saura rester suffisamment raisonnable pour que le pays puisse poursuivre une trajectoire sereine. Il ne faut pas non plus que l’obsession des élections, nous conduisent à réitérer les mêmes erreurs que par le passé et aujourd’hui, je pense que c’est l’obsession de faire les choses avec un tempo normal, un tempo dans lequel le dialogue et la sérénité prévalent. »
 
Lors d’une rencontre avec certains partis politiques, en juillet dernier, l'Autorité Indépendante de Gestion des Élections (AIGE) s’est dite « techniquement prête et organisée pour aller vers des scrutins. » Selon nos informations, des modifications du code électoral et des partis politiques sont d'abord prévus pour se conformer à la nouvelle constitution.
 
Pour Hassatou Ba-Minté, directrice Afrique de la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH), la lutte contre le terrorisme ne doit pas entraver l'État de droit.
 
L'exception de la guerre ne doit pas être justement une exception politique qui permette de brider davantage les droits humains, qui permette de violer les droits et les libertés fondamentales. C'est justement en créant toutes les conditions pour le respect de ces libertés, pour le respect de l'État de droit, qu'on contribue à proposer une alternative à la fois politique et sociale à l'État. Donc bien évidemment, nous sommes conscients que la lutte contre le terrorisme est une lutte complexe qui nécessite des moyens à différents niveaux, mais ça doit se faire dans le respect des droits humains, et surtout dans le respect des populations maliennes.
 

RFI

Lundi 19 Aout 2024 09:46


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