Marche de l'opposition à Madagascar: brève interpellation de Jean-Jacques Ratsietison, candidat à la présidentielle

A Madagascar, le candidat à l'élection présidentielle Jean-Jacques Ratsietison a été arrêté dans le cadre d’une enquête sur les manifestations de samedi 4 novembre avant d’être relâché en début de soirée. Une interpellation par les forces de l’ordre qui intervient alors que la tension est toujours palpable dans la capitale à 10 jours du 1er tour. Hier, les candidats du collectif avaient une nouvelle fois appelé leurs sympathisants à prendre la place du 13 mai, interdite aux manifestations. Depuis septembre, 11 des 13 concurrents revendiquent la disqualification de l’ex-président Andry Rajoelina du fait de sa naturalisation française en 2014 ainsi que la réorganisation des organes de gestion des élections.



Le projet du collectif des candidats a à nouveau été tué dans l’œuf.
 
Un important dispositif de sécurité, bloquant toutes les artères menant à l’emblématique place du centre-ville, a été déployé, rendant impossible toute tentative d’accès à celle-ci. Mais en début d’après-midi, le candidat n°12 Jean-Jacques Ratsietison, alors à quelques centaines de mètres du lieu convoité, est interpellé puis emmené par les forces mixtes.
 
Le colonel Tahina Ravelomanana commande la section de recherche criminelle de la gendarmerie qui a mené l’interrogatoire : « Les forces de l’ordre ont arrêté Mr Ratsietison parce que ce sont eux (les membres du collectif, NDLR) qui ont incité les gens à descendre dans la rue, à tenir une manifestation interdite, à mettre des barrages et à créer des troubles samedi dernier. »
 
Cette interpellation a fait réagir ses camarades de lutte, à l’instar du candidat Auguste Paraina.
 
« Il n’était même pas encore sur la place du 13 mai quand on l’a arrêté ! C’est grave ce qui se passe ici à Madagascar actuellement : c’est la dictature ! Et si c’était « seulement » pour le questionner, pourquoi ne pas lui avoir envoyé de convocation plutôt que de l’arrêter en pleine rue ? On est au courant de ce qu’ils mijotent lors de leurs réunions. Au début, ils voulaient faire sortir les prisonniers d’Antanimora (la grosse prison centrale de la capitale, NDLR) pour casser notre mouvement. Et hier, ils ont finalement opté pour arrêter les membres du collectif. Il n’y a pas que nous qui devons condamner ces manières d’agir. Ce sont tous les politiciens. La communauté internationale aussi doit le faire ! »
 
En début de soirée, Jean-Jacques Ratsietison a finalement été relâché. Le candidat s’est exprimé au micro Kolo Tv : « Je suis encore sous le secret de l’instruction, a-t-il confié. Mais ce que je peux vous dire c’est que leurs chefs d’inculpations sont trop forts. Voie de fait, violences, attroupement et tentative de coup d’État. Est-ce que moi Ratsietison, avec mes deux mains, j’aurais pu faire un coup d’Etat ? pfff .. J’attends désormais mon procès. »
 
Le candidat affirme aussi avoir été questionné sur sa double nationalité. « Moi, je n’ai jamais caché que j’ai une nationalité française. Je suis français depuis ma naissance parce que mon grand-père et mon père sont français. La différence (avecAndry Rajoelina, NDLR), c’est que je l’ai obtenue par filiation. Tandis qu’une naturalisation, c’est une demande, et vous faites un serment quand vous l’obtenez, en disant que vous allez honorer la France, protéger les intérêts du pays. »
 
Samedi, 11 personnes ont été arrêtées. Cinq ont été placées en prison, les autres sous contrôle judiciaire. Leur procès doit se tenir le 9 novembre prochain.
 
« Nous n'avons pas peur » a affirmé le collectif, qui a promis de retenter ce jour la prise du 13 Mai.

RFI

Mardi 7 Novembre 2023 09:33


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