Maroc : le premier magazine arabophone Nichane met la clé sous la porte

Au Maroc, c’est un des étendards de la presse indépendante qui disparaît. Le premier hebdomadaire arabophone Nichane, n’était pas dans les kiosques le 2 octobre. Son directeur de publication Ahmed Benchemsi, dénonce un « boycott systématique » des annonceurs « initié par le pouvoir». Après des mois d'asphyxie financière et 900 000 euros de dettes, le journal endetté disparait.



Pour Nichane, le vent tourne, il y a un an, juste après la publication et la censure d’un sondage sur le roi Mohamed VI. C’est le premier du pays, et il est vécu comme un crime de lèse-majesté.

A partir de cette date, l’entreprise nationale d’électricité et l’un des plus gros groupes du royaume refuse de faire de la pub dans l’hebdomadaire. D’autres entreprises proches du pouvoir suivront au point où Nichane ne trouvait plus assez d’annonceurs pour faire vivre son journal. Pourtant avec 20 000 lecteurs par semaine, l’hebdomadaire en arabe le plus populaire du pays avait de quoi attirer des annonceurs potentiels.

Pour Ahmed Benchemsi, le journal a donc payé pour sa ligne éditoriale très indépendante et ses unes audacieuses qui n’avaient pas peur par exemple des mots sexe ou cannabis. Mais Nichane n’est pas le premier à faire les frais de cette liberté de ton.

En janvier dernier, c’est le journal hebdomadaire, pionnier de la presse indépendante au Maroc, qui fermait pour les mêmes raisons. Il ne trouvait plus d’annonceurs.
RSF, Reporters sans frontières a dénoncé la disparition d’un nouvel espace d’expression libre.

Reste aujourd’hui TelQuel, la version française de l’hebdomadaire Nichane mais pour combien de temps ?

Rfi

Dimanche 3 Octobre 2010 12:07


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