A quelques jours du match qui opposera leurs équipes samedi 4 juin, les supporters algériens sont déjà au Maroc, partis en avion puisque la frontière terrestre n'est toujours pas ouverte. «Ce n'est pas à l'ordre du jour», vient de préciser le Premier ministre algérien, demandant davantage de confiance mutuelle entre les deux pays et rappelant que le Maroc accuse encore l'Algérie d'aider Kadhafi contre les rebelles libyens —ce que vient de démentir le général Carter F. Ham de l'Africom, commandement militaire américain pour l'Afrique.
Alors que tout le monde attendait l'ouverture pour le 2 juin, le Premier ministre Ahmed Ouyahia a finalement expliqué qu’elle se fera un jour… mais quand? En attendant, tandis que les pourparlers continuent à Alger pour amender la Constitution et lui donner un fond plus ouvert, les consultations sont pratiquement terminées au Maroc et un premier brouillon qui servira de base à la nouvelle Constitution devrait être disponibles ces prochains jours. En théorie, ce ne sont pas de simples amendements mais un réel changement de fond.
Pour l'Algérie, il s'agit d'aller vers un régime semi-parlementaire pour en finir avec le régime «hyperprésidentiel» instauré par Abdelaziz Bouteflika, élu en 1999 et dont les mauvaises langues disent qu'il a concentré tellement de pouvoirs qu'il nomme même les plantons des mairies. Tout en gardant ses distances avec un pur régime parlementaire, considéré comme ingérable par le président même de l'Assemblée, la nouvelle Constitution constituera le test pour le président Bouteflika, qui ne pourra faire de simples ravalements de façade.
Même défi pour le Maroc, où il s'agit selon les plus optimistes et progressistes d'aller vers une monarchie parlementaire, pour ne laisser au roi Mohamed VI que les prérogatives minimales de souveraineté. Les deux populations attendent avec donc autant d'impatience la mouture de la réforme que le match entre leurs deux équipes, historiques rivaux. Pour les deux pays frontaliers mêlés par le sang —d'une part grâce aux nombreux mariages mixtes et cousinages, d'autre part à cause d'une guerre, en 1963, où ils se sont affrontés par armées interposées—, le match (de football) se jouera à Marrakech. Tout un symbole. C'est ici en 1994 qu'a eu lieu un attentat sanglant, attribué dans un premier temps par les Marocains aux services secrets algériens, ce qui a entraîné la fermeture des frontières terrestres, toujours en vigueur. Mais au-delà du résultat de ce match, les deux Constitutions, une fois prêtes, seront soumises à un référendum populaire. Qui va gagner? En d'autres termes, laquelle des deux consacrera le plus de libertés?
Les éternels ex-aequo
Au chapitre des libertés justement, les deux pays sont pratiquement au même niveau —même s’il existe au Maroc des radios et télévisions privées, interdites en Algérie, et que les journaux algériens sont relativement plus libres qu'au Maroc, du fait qu'ils peuvent critiquer leur souverain Bouteflika, ce dont ils ne se privent pas d'ailleurs. Dans le domaine répressif, égalité partout aussi, la dernière sortie du mouvement du 20 février au Maroc a trouvé un impressionnant dispositif en face, qui ne lui a laissé aucune chance. Même chose pour l'Algérie: le dernier sit-in des médecins en grève a donné lieu à des tabassages en règle.
En réalité, les deux pays sont des autocraties corrompues, qui admettent néanmoins quelques libertés, mais sans plus. Si en Algérie le DRS, les services de renseignements militaires, font la pluie et le beau temps, obligeant le président Bouteflika à faire le dos rond sur leurs activités, au Maroc, l'armée et ses officines constituent aussi de solides lobbies et réseaux dont le roi ne peut se défaire. Les libertés associatives, médiatiques, syndicales et politiques sont sous contrôle dans les deux pays, mais les libertés culturelles, religieuses et sexuelles sont mieux assurées au Maroc.Lire la suite sur slateafrique
Alors que tout le monde attendait l'ouverture pour le 2 juin, le Premier ministre Ahmed Ouyahia a finalement expliqué qu’elle se fera un jour… mais quand? En attendant, tandis que les pourparlers continuent à Alger pour amender la Constitution et lui donner un fond plus ouvert, les consultations sont pratiquement terminées au Maroc et un premier brouillon qui servira de base à la nouvelle Constitution devrait être disponibles ces prochains jours. En théorie, ce ne sont pas de simples amendements mais un réel changement de fond.
Pour l'Algérie, il s'agit d'aller vers un régime semi-parlementaire pour en finir avec le régime «hyperprésidentiel» instauré par Abdelaziz Bouteflika, élu en 1999 et dont les mauvaises langues disent qu'il a concentré tellement de pouvoirs qu'il nomme même les plantons des mairies. Tout en gardant ses distances avec un pur régime parlementaire, considéré comme ingérable par le président même de l'Assemblée, la nouvelle Constitution constituera le test pour le président Bouteflika, qui ne pourra faire de simples ravalements de façade.
Même défi pour le Maroc, où il s'agit selon les plus optimistes et progressistes d'aller vers une monarchie parlementaire, pour ne laisser au roi Mohamed VI que les prérogatives minimales de souveraineté. Les deux populations attendent avec donc autant d'impatience la mouture de la réforme que le match entre leurs deux équipes, historiques rivaux. Pour les deux pays frontaliers mêlés par le sang —d'une part grâce aux nombreux mariages mixtes et cousinages, d'autre part à cause d'une guerre, en 1963, où ils se sont affrontés par armées interposées—, le match (de football) se jouera à Marrakech. Tout un symbole. C'est ici en 1994 qu'a eu lieu un attentat sanglant, attribué dans un premier temps par les Marocains aux services secrets algériens, ce qui a entraîné la fermeture des frontières terrestres, toujours en vigueur. Mais au-delà du résultat de ce match, les deux Constitutions, une fois prêtes, seront soumises à un référendum populaire. Qui va gagner? En d'autres termes, laquelle des deux consacrera le plus de libertés?
Les éternels ex-aequo
Au chapitre des libertés justement, les deux pays sont pratiquement au même niveau —même s’il existe au Maroc des radios et télévisions privées, interdites en Algérie, et que les journaux algériens sont relativement plus libres qu'au Maroc, du fait qu'ils peuvent critiquer leur souverain Bouteflika, ce dont ils ne se privent pas d'ailleurs. Dans le domaine répressif, égalité partout aussi, la dernière sortie du mouvement du 20 février au Maroc a trouvé un impressionnant dispositif en face, qui ne lui a laissé aucune chance. Même chose pour l'Algérie: le dernier sit-in des médecins en grève a donné lieu à des tabassages en règle.
En réalité, les deux pays sont des autocraties corrompues, qui admettent néanmoins quelques libertés, mais sans plus. Si en Algérie le DRS, les services de renseignements militaires, font la pluie et le beau temps, obligeant le président Bouteflika à faire le dos rond sur leurs activités, au Maroc, l'armée et ses officines constituent aussi de solides lobbies et réseaux dont le roi ne peut se défaire. Les libertés associatives, médiatiques, syndicales et politiques sont sous contrôle dans les deux pays, mais les libertés culturelles, religieuses et sexuelles sont mieux assurées au Maroc.Lire la suite sur slateafrique
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