Il souhaitait l’emporter au premier tour. C’est chose faite, comme en 2009. Mohamed ould Abdel Aziz est désormais assuré d’un second mandat. Le dernier qu’il peut en théorie accomplir, selon la Constitution. La deuxième place revient à Biram ould Dah ould Abeïd. Avec 8% des voix, il devance deux vieux routiers de la politique, Boydiel ould Houmeïd, ancien ministre et notable, qui est issu comme Biram, de la communauté haratine, les descendants d’esclaves.
Il devance aussi Ibrahima Moctar Sarr, qui se présentait pour la troisième fois et qui se maintient quasiment à son score de 2009 avec 4,5% des suffrages. Coup dur donc pour ces deux hommes politiques et petite victoire pour le militant anti-esclavagiste qui espérait plus, mais qui fait aujourd’hui son entrée officielle sur la scène politique alors que son parti n’est même pas autorisé.
Par son discours radical jugé parfois excessif, contre un pouvoir blanc dominant, l’homme a touché la frange la plus défavorisée de la population et incarne chez ses partisans un espoir de changement. Il a aussi probablement profité du boulevard offert par le boycott de l’opposition qui estime qu’avec une participation de 56,46%, cette élection est un échec pour le président Abdelaziz.
Ainsi, pour Ahmed ould Daddah, président du RFD, parti qui avait, comme une dizaine d’autres, appelé au boycott, cette élection ne règle aucun des problèmes qui se posent dans le pays : « La Mauritanie est enfoncée depuis trop longtemps dans une crise de légitimité. Et les élections sont souvent des répétitions qui n'apportent rien de nouveau par rapport à la crise institutionnelle et de légitimité qui existe dans le pays. Donc on est réinstallé dans la crise. C'est une élection de plus, peut-être de trop », estime l'opposant, qui, concernant la participation, « se réfère aux chiffres. Il y a à peu près les deux tiers des votants potentiels qui n'ont pas pris part au vote. Je crois que cet un échec pour Aziz. Et je crois qu'au total, en reportant ce qu'il déclare avoir obtenu, dans l'ensemble des votants, c'est de l'ordre de 25%. Cela ne confère aucune légitimité. »
Source : Rfi.fr