Michel Platini a-t-il abusé de position de président de l'UEFA (2007-2015) pour favoriser les intérêts de la France dans le cadre de l'attribution de l'Euro 2016 ? Et si c'est le cas, comment s'y est-il pris ? Dans un dossier consacré au Qatargate, Mediapart s'appuie sur des documents judiciaires pour remonter au point de départ concernant la désignation du Qatar comme pays hôte du Mondial 2022 (1) : le lobbying exercé, selon le site d'informations, par l'ancien numéro 10 des Bleus pour offrir l'Euro 2016 à la France. « Le président de l'UEFA ne devrait pas s'immiscer dans ce vote mais étant français, je l'ai fait [...] Je souhaitais que la France gagne », a-t-il lui-même reconnu auprès des policiers.
Si l'on ignore quelles pourraient être les conséquences de cette confession, et les éventuelles poursuites disciplinaires auxquelles il s'expose de la part de l'UEFA et de la FIFA (2), il semble entendu que Platini s'est laissé embarquer dans une histoire où les intérêts des uns se sont entrechoqués avec celui des autres. Elle met en scène plusieurs acteurs, dont l'ancien Président de la République Nicolas Sarkozy, que Platini a rencontré le 4 janvier 2010 à l'Élysée pour une réunion de travail sur la candidature de la France à l'Euro et la demande de l'UEFA de ne payer aucun frais de sécurité.
À l'époque, le patron de l'UEFA est aussi celui des treize votants, et il ne s'en cache pas. « Je leur ai fait comprendre que cela m'aurait fait plaisir qu'ils votent pour la France [...] Cela s'est fait quand je les voyais, discrètement, en tête à tête ».
Une rencontre avec le patron d'Orange Stéphane Richard en guise de faveur
Officiellement, Platini compte sur l'intervention de Sarkozy auprès des membres du comité exécutif, le jour du scrutin, le 28 mai, pour « faire pencher la balance » alors que la lutte entre la France et la Turquie s'annonce serrée. Or, selon une note de Sophie Dion, l'ex-conseillère sport du chef de l'État, il semblerait que l'ancien président de l'UEFA avait déjà sécurisé les sept votes nécessaires (contre six pour la candidature turque). « S'il est indiqué que j'ai sécurisé ces voix, c'est que les personnes qui m'ont dit qu'ils allaient voter pour la France étaient dignes de confiance », a rétorqué l'intéressé.
Officieusement, Platini aurait surtout demandé à Sarkozy quelques faveurs : l'ouverture d'un aéroport pour faire atterrir son avion un soir où ledit aéroport était fermé, la baisse du prix de location de la salle du Grand-Palais où l'UEFA allait organiser son congrès, ou encore un entretien avec le patron d'Orange Stéphane Richard pour tenter de le convaincre d'acheter les droits télé des compétitions de l'UEFA. « Michel Platini s'est montré satisfait des interventions faites, et en particulier, de la conversation qu'il a pu avoir avec Stéphane Richard », écrit Dion au secrétaire général de l'Élysée, Claude Guéant, le 20 mai 2010.
Platini était d'abord réticent à l'idée d'un Mondial qatari
À moyen terme, Sarkozy y voit aussi son intérêt : il a, selon Mediapart, déjà en tête d'aider l'Émir du Qatar à décrocher l'attribution de la Coupe du monde 2022, le 2 décembre. Il souhaite aussi favoriser la vente du PSG au Qatar pour soutenir l'actuel P.-D.G. d'Accor et ancien patron Europe de Colony Capital, Sébastien Bazin, et permettre ainsi au fonds d'investissement, propriétaire du club, de se désengager.
Contrairement au président de la FIFA Sepp Blatter avec lequel Dion a aussi pu échanger, Platini est à l'époque, réticent à l'idée d'un Mondial qatarien, selon une autre note de l'ex-conseillère de Sarkozy datée du 10 mars 2010. La suite - un déjeuner à l'Élysée le 23 novembre 2010 en présence de Sarkozy, de Platini et de Tamim al-Thani l'actuel émir du Qatar, évoqué par France Football dès 2013 - a montré que l'ancien patron de l'UEFA avait finalement changé d'avis. Sollicité, l'entourage de Michel Platini n'a souhaité faire « aucun commentaire » sur l'enquête publiée ce vendredi par Mediapart.
(1) Une information judiciaire pour « corruption » est ouverte depuis le mois de décembre 2019.
(2) Platini a déjà été banni pendant quatre ans (de 2015 à octobre 2019) de toute activité dans le football dans l'affaire du « paiement différé » de 1,8M€ que lui a accordé la FIFA.
« Je leur ai fait comprendre que cela m'aurait fait plaisir qu'ils votent pour la France »Michel Platini aux enquêteurs, au sujet de certains membres du comité exécutif de l'UEFA.
Si l'on ignore quelles pourraient être les conséquences de cette confession, et les éventuelles poursuites disciplinaires auxquelles il s'expose de la part de l'UEFA et de la FIFA (2), il semble entendu que Platini s'est laissé embarquer dans une histoire où les intérêts des uns se sont entrechoqués avec celui des autres. Elle met en scène plusieurs acteurs, dont l'ancien Président de la République Nicolas Sarkozy, que Platini a rencontré le 4 janvier 2010 à l'Élysée pour une réunion de travail sur la candidature de la France à l'Euro et la demande de l'UEFA de ne payer aucun frais de sécurité.
À l'époque, le patron de l'UEFA est aussi celui des treize votants, et il ne s'en cache pas. « Je leur ai fait comprendre que cela m'aurait fait plaisir qu'ils votent pour la France [...] Cela s'est fait quand je les voyais, discrètement, en tête à tête ».
Une rencontre avec le patron d'Orange Stéphane Richard en guise de faveur
Officiellement, Platini compte sur l'intervention de Sarkozy auprès des membres du comité exécutif, le jour du scrutin, le 28 mai, pour « faire pencher la balance » alors que la lutte entre la France et la Turquie s'annonce serrée. Or, selon une note de Sophie Dion, l'ex-conseillère sport du chef de l'État, il semblerait que l'ancien président de l'UEFA avait déjà sécurisé les sept votes nécessaires (contre six pour la candidature turque). « S'il est indiqué que j'ai sécurisé ces voix, c'est que les personnes qui m'ont dit qu'ils allaient voter pour la France étaient dignes de confiance », a rétorqué l'intéressé.
Officieusement, Platini aurait surtout demandé à Sarkozy quelques faveurs : l'ouverture d'un aéroport pour faire atterrir son avion un soir où ledit aéroport était fermé, la baisse du prix de location de la salle du Grand-Palais où l'UEFA allait organiser son congrès, ou encore un entretien avec le patron d'Orange Stéphane Richard pour tenter de le convaincre d'acheter les droits télé des compétitions de l'UEFA. « Michel Platini s'est montré satisfait des interventions faites, et en particulier, de la conversation qu'il a pu avoir avec Stéphane Richard », écrit Dion au secrétaire général de l'Élysée, Claude Guéant, le 20 mai 2010.
Platini était d'abord réticent à l'idée d'un Mondial qatari
À moyen terme, Sarkozy y voit aussi son intérêt : il a, selon Mediapart, déjà en tête d'aider l'Émir du Qatar à décrocher l'attribution de la Coupe du monde 2022, le 2 décembre. Il souhaite aussi favoriser la vente du PSG au Qatar pour soutenir l'actuel P.-D.G. d'Accor et ancien patron Europe de Colony Capital, Sébastien Bazin, et permettre ainsi au fonds d'investissement, propriétaire du club, de se désengager.
Contrairement au président de la FIFA Sepp Blatter avec lequel Dion a aussi pu échanger, Platini est à l'époque, réticent à l'idée d'un Mondial qatarien, selon une autre note de l'ex-conseillère de Sarkozy datée du 10 mars 2010. La suite - un déjeuner à l'Élysée le 23 novembre 2010 en présence de Sarkozy, de Platini et de Tamim al-Thani l'actuel émir du Qatar, évoqué par France Football dès 2013 - a montré que l'ancien patron de l'UEFA avait finalement changé d'avis. Sollicité, l'entourage de Michel Platini n'a souhaité faire « aucun commentaire » sur l'enquête publiée ce vendredi par Mediapart.
(1) Une information judiciaire pour « corruption » est ouverte depuis le mois de décembre 2019.
(2) Platini a déjà été banni pendant quatre ans (de 2015 à octobre 2019) de toute activité dans le football dans l'affaire du « paiement différé » de 1,8M€ que lui a accordé la FIFA.
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