Bill Gates tourne la page. Le dernier des nababs de l'informatique quitte son poste de président du conseil d'administration de Microsoft, groupe qu'il a créé il y a trente-neuf ans avec Paul Allen.
Avec le duo William Hewlett-Dave Packard et le gourou Steve Jobs, Bill Gates est le troisième héros de l'aventure informatique qui révolutionne sans cesse le monde depuis les années 1960. Animé d'une volonté sans faille depuis son adolescence, Bill Gates n'a jamais caché ses ambitions. «Napoléon a transformé son époque. Moi aussi», a-t-il affirmé. Aujourd'hui, son empire est mondial, sa fortune colossale (il a récupéré en 2013 le titre d'homme le plus riche du monde avec 78,6 milliards de dollars, selon Bloomberg) et son empreinte indélébile. L'homme a contribué au passage de l'économie industrielle à l'économie dématérialisée. Celle du logiciel.
Son invention Windows a démocratisé l'accès à l'informatique personnelle, puis à Internet auprès de 2 milliards d'individus dans le monde. Il a ouvert la voie aux fameuses «software companies» Apple, Google ou Amazon qui construisent une galaxie mouvante de monopoles. Comme ses modèles John D. Rockefeller, Henry Ford et Napoléon, il a tenu son empire d'une main de fer jusqu'à 2000 puis d'une main de velours, par l'entremise de Steve Ballmer, son plus vieux complice.
Tout en grand
À la tête de Microsoft, Bill Gates ne s'est jamais embarrassé de considération pour la concurrence. Il a bouté son grand frère IBM en dehors du marché des PC avant de neutraliser Netscape qui avait eu l'impudence de le devancer sur le marché naissant de la navigation Internet. Au tournant des années 2000, Microsoft était un groupe arrogant, détesté par les fondus de l'informatique mais révéré par le grand public. Son emprise était tellement forte que ses ennemis, qui se voyaient en véritables résistants, ont créé le logiciel libre.
«Napoléon a transformé son époque. Moi aussi.»
Les autorités de la concurrence américaine et européenne se sont coalisées pour abattre sa position dominante. Sans résultat autre qu'une amende record, vite absorbée par les profits plantureux du groupe.
Bill Gates a toujours vu les choses en grand. En 2000, il troque l'industrie pour la philanthropie. Pas question de se contenter de présider des galas de charité. Son ambition est tout simplement d'éradiquer le paludisme de la surface du globe. La fondation qu'il crée avec sa femme, Melinda Gates, est dotée de 26 milliards de dollars, une somme sans égale pour ce type d'activité. Et quand il cède à la tentation du gala de charité, c'est pour lancer avec Warren Buffett le Giving Pledge en 2009. Le principe en est simple: il demande à 11 milliardaires américains qui pèsent ensemble 130 milliards de dollars, de consacrer la moitié de leur fortune à la philanthropie. Lui a donné l'exemple, il ne laisse que 10 millions de dollars à chacun de ses trois enfants.