Un conflit intercommunautaire a éclaté à Diawara, zone frontalière entre le Sénégal et la Mauritanie, le 9 avril 1989. Après ces évènements, plus de 1400 réfugiés avaient quitté la Mauritanie pour venir vivre au Sénégal avec la promesse de meilleures conditions de vie. Mais cette promesse est loin d’être respectée. Car être réfugié mauritanien au Sénégal est un parcours du combattant. Le cas du couple Dème en est la preuve.
Une famille dispersée, une vie de couple compliquée
Au Sénégal, le premier obstacle qui se dresse devant quelqu'un qui veut entrer en contact avec un réfugié, c'est la joignabilité. La plupart de ces réfugiés sont apatride, sans emplois ni revenus stables, sans domiciles fixes et souvent hébergés dans des maisons en délabrement ou en construction.
D'ailleurs, c'est la raison pour laquelle M. Dème ne vit ni avec sa femme ni avec ses enfants. Il a fallu passer par un boutiquier chez qui il passe souvent pour causer pour pouvoir entrer en contact avec ce père de six (6) enfants.
Mari, père, sans papier et SDF
Joint via le téléphone portable de ce boutiquier, Abou Dème a signifié qu'une rencontre avec lui n'était pas possible du fait de ses déplacements, d'un manque de logement.... « Je ne peux pas vous rencontrer parce que je n’ai pas de logement. J’étais de passage à Keur Massar, mais je peux quitter à tout moment pour aller dans une autre localité afin de trouver un petit boulot. D’ailleurs, je dois me rendre comme ça à Kaolack (centre) », nous a-t-il lancé d’un air très désemparé.
Même échanger au téléphone quelques minutes avec lui était aussi très difficile. En fait, il était juste de passage à la boutique pour quelques minutes de causeries. « On peut vite discuter à travers ce téléphone portable parce que dès je quitterai ici, je ne saurais pas comment entrer en contact avec vous à nouveau. Je n’ai pas de téléphone portable parce que je n’ai pas de puce. Pour en disposer il faut se munir de sa carte d’identité nationale. Chose que je n’ai pas », se désole-t-il
Interpelé sur sa mésaventure, Abou Dème explique que c’est parce que le Bureau d'orientation sociale des réfugiés (Bos), logé au très chic quartier dakarois du Point E, qui concentre tous les demandeurs d'asile en instance à Dakar, n’a pas donné suite à sa demande, que lui et sa famille sont désemparés. En effet, ils ont été obligés de vivre séparer et dans d’énormes difficultés. Depuis leur arrivée au Sénégal, ils ont non seulement perdu leurs droits en matière d’hébergement et d'allocation alimentaire. Et comptent sur les aides de Caritas Sénégal et de leurs différents voisins pour survivre.
Manque d’emploi, problème de logement entre autres...
A cœur ouvert, Abou Dème retrace son vécu : « Je vivais à la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie vers les années 80. Ma femme est Sénégalaise mais n’avait pas de papiers malgré tous les efforts consentis pour qu’elle en obtienne. Mais, c’est parce qu’elle était très jeune à l’époque pour en avoir. Après les évènements, je l’ai amené vivre vers N’Dioum (nord du Sénégal) pour qu’elle puisse trouver du travail dans les champs ».
Notre interlocuteur de poursuivre : « Me concernant, je n’ai pas de travail fixe. Parfois des gens m’appellent pour que je leur gère quelques courses. D’autres me proposent le gardiennage. Le plus difficile dans cette recherche d’emploi, c’est qu’on me demande toujours une carte d’identité sénégalaise et si tu n’en disposes pas, on ne te fait pas confiance. Pire, dès que tu leur dit que tu es refugié, ils te prennent pour un bandit venant du Mali ou d’autres pays frontaliers », se désole-t-il.
"Refus d’une prise en charge par le Bos et aide venant de Caritas Sénégal"
Père de six (6) enfants, Abou Dème est marié à une Sénégalaise depuis les années 2000. Mais les difficultés qu’il rencontre au Sénégal, son pays d’accueil, avec son épouse, sont énormes : « J’ai amené tous mes papiers au niveau du Bos (Bureau d'orientation sociale des réfugiés) pour une demande sociale, mais hélas je n’ai pas eu de retour. Maintenant, je suis obligé de me rendre fréquemment à Caritas Sénégal (partenaire du secours Catholique, qui accompagne les personnes migrantes, ndlr), pour leur demander de l’aide. Caritas me donne tout, même les habits que je porte, c’est eux qui me les ont offerts. Les difficultés sont énormes, je ne peux pas toutes les énumérées ».
« A Keur Massar, les écoles ont refusé de prendre mes enfants »
Une famille dispersée, une vie de couple compliquée
Au Sénégal, le premier obstacle qui se dresse devant quelqu'un qui veut entrer en contact avec un réfugié, c'est la joignabilité. La plupart de ces réfugiés sont apatride, sans emplois ni revenus stables, sans domiciles fixes et souvent hébergés dans des maisons en délabrement ou en construction.
D'ailleurs, c'est la raison pour laquelle M. Dème ne vit ni avec sa femme ni avec ses enfants. Il a fallu passer par un boutiquier chez qui il passe souvent pour causer pour pouvoir entrer en contact avec ce père de six (6) enfants.
Mari, père, sans papier et SDF
Joint via le téléphone portable de ce boutiquier, Abou Dème a signifié qu'une rencontre avec lui n'était pas possible du fait de ses déplacements, d'un manque de logement.... « Je ne peux pas vous rencontrer parce que je n’ai pas de logement. J’étais de passage à Keur Massar, mais je peux quitter à tout moment pour aller dans une autre localité afin de trouver un petit boulot. D’ailleurs, je dois me rendre comme ça à Kaolack (centre) », nous a-t-il lancé d’un air très désemparé.
Même échanger au téléphone quelques minutes avec lui était aussi très difficile. En fait, il était juste de passage à la boutique pour quelques minutes de causeries. « On peut vite discuter à travers ce téléphone portable parce que dès je quitterai ici, je ne saurais pas comment entrer en contact avec vous à nouveau. Je n’ai pas de téléphone portable parce que je n’ai pas de puce. Pour en disposer il faut se munir de sa carte d’identité nationale. Chose que je n’ai pas », se désole-t-il
Interpelé sur sa mésaventure, Abou Dème explique que c’est parce que le Bureau d'orientation sociale des réfugiés (Bos), logé au très chic quartier dakarois du Point E, qui concentre tous les demandeurs d'asile en instance à Dakar, n’a pas donné suite à sa demande, que lui et sa famille sont désemparés. En effet, ils ont été obligés de vivre séparer et dans d’énormes difficultés. Depuis leur arrivée au Sénégal, ils ont non seulement perdu leurs droits en matière d’hébergement et d'allocation alimentaire. Et comptent sur les aides de Caritas Sénégal et de leurs différents voisins pour survivre.
Manque d’emploi, problème de logement entre autres...
A cœur ouvert, Abou Dème retrace son vécu : « Je vivais à la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie vers les années 80. Ma femme est Sénégalaise mais n’avait pas de papiers malgré tous les efforts consentis pour qu’elle en obtienne. Mais, c’est parce qu’elle était très jeune à l’époque pour en avoir. Après les évènements, je l’ai amené vivre vers N’Dioum (nord du Sénégal) pour qu’elle puisse trouver du travail dans les champs ».
Notre interlocuteur de poursuivre : « Me concernant, je n’ai pas de travail fixe. Parfois des gens m’appellent pour que je leur gère quelques courses. D’autres me proposent le gardiennage. Le plus difficile dans cette recherche d’emploi, c’est qu’on me demande toujours une carte d’identité sénégalaise et si tu n’en disposes pas, on ne te fait pas confiance. Pire, dès que tu leur dit que tu es refugié, ils te prennent pour un bandit venant du Mali ou d’autres pays frontaliers », se désole-t-il.
"Refus d’une prise en charge par le Bos et aide venant de Caritas Sénégal"
Père de six (6) enfants, Abou Dème est marié à une Sénégalaise depuis les années 2000. Mais les difficultés qu’il rencontre au Sénégal, son pays d’accueil, avec son épouse, sont énormes : « J’ai amené tous mes papiers au niveau du Bos (Bureau d'orientation sociale des réfugiés) pour une demande sociale, mais hélas je n’ai pas eu de retour. Maintenant, je suis obligé de me rendre fréquemment à Caritas Sénégal (partenaire du secours Catholique, qui accompagne les personnes migrantes, ndlr), pour leur demander de l’aide. Caritas me donne tout, même les habits que je porte, c’est eux qui me les ont offerts. Les difficultés sont énormes, je ne peux pas toutes les énumérées ».
« A Keur Massar, les écoles ont refusé de prendre mes enfants »
S’agissant de ses enfants, ils n’ont pas été épargnés par cette « marginalisation » de leur pater. « Ici à Keur Massar, un des 46 départements du Sénégal, les écoles ont refusé de prendre mes deux enfants. J’étais obligé d’amener l’un dans un Daara et l’autre à Bakel, à 700 kilomètres de Dakar. Il vit là-bas avec des amis. Mes enfants sont dispersés, l’un d’eux souffre de troubles psychiques », regrette-t-il.
C’est en raison de ces difficultés, justifie Abou Dème que : « j’ai envoyé ma femme chez ses parents à N’Dioum et deux de mes enfants à Bakel. Un autre vit actuellement avec un de mes anciens colocataires à Keur Massar et qui a, par la suite, déménagé à Ndiassane (nord-ouest) ».
« Hébergé puis expulsé de keur Massar »
C’est en raison de ces difficultés, justifie Abou Dème que : « j’ai envoyé ma femme chez ses parents à N’Dioum et deux de mes enfants à Bakel. Un autre vit actuellement avec un de mes anciens colocataires à Keur Massar et qui a, par la suite, déménagé à Ndiassane (nord-ouest) ».
« Hébergé puis expulsé de keur Massar »
Sans domicile fixe (Sdf) actuellement, Abou Dème revient sur ses premiers jours au Sénégal. « Une fois au Sénégal, j’ai été aidé par un ami qui vivait en Europe. C'est lui qui m’avait donné une chambre dans son domicile sis à Keur Massar. Il faisait tout pour moi. Mais dès qu’il s’est marié, sa femme qui avait rejoint le domicile conjugal, a fait des manœuvres et son mari qui était très gentil avec moi tout au début, m’a finalement expulsé de sa maison ».
« On attend rien venant de l’Etat du Sénégal »
Même s'il a vécu des années au Sénégal, Abou Dème dit ne rien attendre de l’Etat. Il donne ses raisons : « L’Etat du Sénégal ne peut rien faire pour nous. En tout cas, moi je n’attends rien de lui. C’est très difficile de vivre au Sénégal pour nous les réfugiés. Pour preuve, lorsque vous habitez dans un quartier et que l’Etat y amène des vivres en guise d’aide à ces populations, les gens te mettent de côté arguant que tu n’es pas Sénégalais mais plutôt réfugié. Par conséquent, tu ne dois pas en bénéficier », se désole-t-il.
D’un ton très désespéré, il dit perdre tout espoir. « Je suis perdu en ce moment, je suis perdu », lance-t-il.
« On attend rien venant de l’Etat du Sénégal »
Même s'il a vécu des années au Sénégal, Abou Dème dit ne rien attendre de l’Etat. Il donne ses raisons : « L’Etat du Sénégal ne peut rien faire pour nous. En tout cas, moi je n’attends rien de lui. C’est très difficile de vivre au Sénégal pour nous les réfugiés. Pour preuve, lorsque vous habitez dans un quartier et que l’Etat y amène des vivres en guise d’aide à ces populations, les gens te mettent de côté arguant que tu n’es pas Sénégalais mais plutôt réfugié. Par conséquent, tu ne dois pas en bénéficier », se désole-t-il.
D’un ton très désespéré, il dit perdre tout espoir. « Je suis perdu en ce moment, je suis perdu », lance-t-il.
"Pour manger, suis obligé de me joindre au premier plat sans invitation"A Kaolack (centre) présentement pour un travail de gardiennage dans un chantier pour quinze (15) jours, Dème révèle comment il fait pour se nourrir. « A chaque fois que je vient à Dakar et que je vois des gens en train de manger, je me joint à eux sans attendre qu’on m’invite. Si je trouve des gens comme vous, je leurs demande de m’aider pour le transport afin de pouvoir renter. Je n’ai pas honte de demander de l’aide aux gens que je croise dans la rue parce que je me déplace souvent, je ne suis pas du genre à rester sur place parce que je dois m'occuper de ma famille », laisse-t-il entendre en pleurs.
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