A l’arrivé de chaque véhicule, ils se positionnent tous, les doigts sur la gachette de l’arme devenue leur compagnon le plus fidèle. Tant qu’ils n’ont pas une idée claire sur la présence de ce véhicule qui se pointe, la précaution est de mise. Même les bus sont fouillés et en notre présence deux éléments des forces de sécurité sont montés à bord d’un car pour contrôler minutieusement les passagers.
En ce qui concerne les petites voitures, les forces de sécurité contrôlent aussi l’identité de l’engin avant de passer à la fouille du coffre. Toute personne suspecte est immédiatement interpelée. Pour plus de précaution et éviter les bavures, tout le long du tronçon Ségou-Sévaré, les forces de sécurité se sont faites entourer par des polyglottes pour assurer la traduction en cas de besoin.
En notre présence, un Sénégalais voulant se rendre à Gao faisait semblant de ne comprendre que le Wolof. Mais son plan a été déjoué car il y avait quelqu’un qui parlait Wolof presque mieux que lui. Après les interrogations sur le motif de son voyage sur Gao, il n’a eu aucun argument soutenu. Du coup, il a été refoulé vers Bamako. Cela s’est passé à Somadougou, situé à 25 kilomètres de Sévaré.
Une fois au-delà de cette localité en allant vers le nord, le contrôle s’intensifie. Egalement, jusqu’à Konobougou, le contrôle est sans merci.
En ce qui concerne la réalité du terrain, le calme revient petit à petit à Mopti et à Sevaré car le ratissage ne se limite pas à Konna et environs, mais concerne aussi Mopti et Sévaré. Selon les témoignages, certains djihadistes avaient réussi à infiltrer Mopti et Sévaré. Cette situation avait créé une panique au sein de la population. A Bandiagara, le maire aurait demandé à la population de ne pas se rendre dans les foires hebdomadaires de la commune. A Sévaré et Mopti, les gens se couchaient à 20 heures sans pour autant parvenir à dormir à cause du bruit des hélicos et gros engins de guerre.
Au moment où nous quittions ces localités, la vie revenait à la normale et les militaires, de leur côté, se bousculaient pour aller au front. Il faut d’ailleurs signaler que ceux qui assurent la sécurité le long des routes ne sont pas contents car ils souhaitaient aller se battre. C’est dire que l’engagement et la détermination ne souffrent d’aucune faille. «Je prie Dieu qu’on me fasse appel la semaine prochaine pour écraser les barbus armés » disait un militaire, les yeux rouges de rage de vaincre. Il suffit de faire un tour vers le nord pour se rendre compte du bon moral des troupes de notre armée. Pour galvaniser davantage nos guerriers, le chef d’état-major s’est rendu au chevet des blessés à Sévaré. Pour appuyer cet effort, le capitaine Sanogo s’est lui-même rendu sur les lieux et lorsque nous étions sur la route du retour, nous avons croisé son cortège entre San et Sévaré.
De toutes les façons, ce voyage nous a permis de constater, de visu, que notre vaillante armée nationale est en passe de mettre hors d’état de nuire ces groupes terroristes qui ont d’ailleurs subi de lourdes pertes après leur débâcle de Konna.
SOURCE: le Prétore