Les scandales à répétition et la mauvaise santé de l'économie sud-africaine pèsent lourd sur le bilan de l'ANC. Le parti majoritaire est également affaibli par des divisions internes, entre partisans et opposants de Jacob Zuma.
A ces difficultés s'ajoutent une érosion de l'électorat traditionnel du parti. Vingt-deux ans après la chute de l'apartheid et l'avènement de la démocratie, beaucoup de Sud-Africains reprochent à l'ANC de ne pas avoir fait assez.
Dans certains townships, la population touchée de plein fouet par le chômage n'a toujours pas accès à l'eau et à l'électricité. De plus, la corruption est particulièrement sensible au niveau local, où les conseillers profitent de leurs positions pour distribuer des faveurs à leurs proches.
Les partis d'opposition aux aguets
Tous ces facteurs pourraient inciter les électeurs à exercer un vote sanction contre le Congrès national africain. Et l'opposition compte bien en profiter pour s’imposer dans plusieurs municipalités.
L’Alliance démocratique espère cette fois rassembler au-delà de son électorat traditionnel et opérer une percée dans l’électorat noir. Quant au parti EFF de Julius Malema, qui participe à ses premières municipales, il compte s’inscrire définitivement dans le paysage sud-africain.
Il y a peu de chance pourtant que l'Alliance démocratique ou le parti EFF réussissent à rassembler une majorité absolue dans une grande municipalité. Ces élections pourraient donc déboucher sur des coalitions au niveau local. Une situation tout à fait inédite en Afrique du Sud.
Mesures de sécurité
Des violences internes à l’ANC ont émaillé cette campagne. Quatorze membres ou candidats du parti ont même été assassinés, signe des guerres de factions qui agitent le parti au niveau local. Des violences ont également éclaté autour de Pretoria et dans la municipalité de Vuwani. Les habitants critiquent le choix des candidats ou un nouveau découpage électoral.
Jacob Zuma, qui promet des élections libres et justes, a donc ordonné que d’importantes mesures de sécurité soient prises. Mille officiers de police ont été déployés dans la seule municipalité de Vuwani. Le président a également ordonné le déploiement de 2 000 militaires qui seront postés sur tout le territoire pendant une semaine. On peut s’attendre à quelques flambées de violences mais il ne devrait pas y avoir, a priori, de débordements majeurs.
■ L'ANC face à ses divisions et au problème Zuma
Le Congrès National Africain a tout fait pour mettre en sourdine ses divisions durant sa campagne électorale et protéger le président Zuma. Le mot d’ordre était à l’unité, même dans la province de Johannesburg, où le gouvernement local de l’ANC se montre de plus en plus ouvertement critique envers le chef de l’Etat.
Pourtant, cette trêve apparaît bien fragile. Dans une interview récente, l’ancien président Kgalema Mothlante n’a pas hésité à affirmer que « le pays est désormais en pilote automatique ».
Pire encore, ce lundi, l’ancien Président Thabo Mbeki a reçu chez lui Julius Malema et cinq cadres du parti EFF en campagne. Lors d’une scène surréaliste, les deux hommes n’ont pas hésité à se donner l’accolade devant les caméras de télévision.
Les divergences entre Julius Malema et Thabo Mbeki sont pourtant bien connues. Tout comme leur principal point commun : une aversion partagée pour Jacob Zuma. Mardi, l’ancien président Mbeki vêtu cette fois d’un manteau aux couleurs de l’ANC, a appelé les élus « à servir le peuple », et non leurs intérêts personnels.
Si les résultats des élections sont mauvais, il semble clair que l’assaut reprendra de plus bel contre le chef de l’Etat sud-africain alors que beaucoup au sein même de l’ANC, souhaitent le voir quitter le pouvoir avant le terme de son mandat.
Source: Rfi.fr
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