La tête basculée à l’arrière, dreads locks en l’air, les yeux fixés sur le ciel, en tee-shirt blanc sur fond de la même couleur avec du noir de part et d’autre de la photo, la pochette du nouvel Cd d’Abass Abass. Il semble ainsi chercher des solutions ou réfléchir sur des problèmes. Il analyse même serait-on tenté de dire. Analyse, comme le titre de son nouvel album. Le quatrième du genre. Un opus sorti cette semaine au Sénégal comptant 18 titres et traitant différents sujets. Cependant dans son ensemble, l’album est « le fruit de différentes discussions avec des connaissances sur des sujets de société » soutient l’artiste.
Etabli en France depuis près de dix ans, Abass a rencontré beaucoup de gens et échanger avec différentes icônes de la musique, de la politique ou de simples intellectuels. De ses échanges, il a beaucoup appris de la société. C’est suivant cette optique d’ailleurs qu’il est noté dans le dossier de presse « qu’avec l’analyse, Abass Abass allonge la société sur le divan ». Car ajoute-t-on « c’est une analyse de l’être humain, de notre société et de l’être humain dans notre société». Abass Sow du vrai nom de l’artiste, use du micro et à travers sa musique qu’il qualifie de « rap utile, dénonciateur mais non violent, engagé mais pas hardcore » de repeindre la société. Abdou, Fatou, le monde part en shupa, vie d’immigré sont autant de titres qui traitent de phénomènes de société.
L’engagement n’est pas chose nouvelle chez Abass. La touche nouvelle alors dans ce nouvel album réside dans sa musicalité. Le rappeur a fait montre d’imagination et d’ambition. Au moment où la tendance chez ses compères sénégalais est l’utilisation des calebasses, balafons ou encore le xalam, Sow présente à son public un mélange de flûte, violon, trompette, saxo et basse. « Je ne suis pas du genre à suivre la tendance, ce n’est pas parce que les rappeurs utilisent maintenant les instruments traditionnels que je dois forcément le faire » explique-t-il. Par ailleurs précise-t-il « j’ai utilisé certains instruments comme le balafon mais j’ai aussi fait preuve d’ouverture en y associant d’autres instruments ». L’on retrouve dans cet album différentes sonorités allant du beat carrément hip-hop avec des escales africaines, traditionnelles ou d’afro-beat.
«Rap wolof mo raw » est le slogan du mouvement hip-hop sénégalais. Ce fils d’écrivaine use de la langue de Molière pour livrer ses pensées. Sa mère, Aminata Sow Fall, n’y est pour rien dans ce choix, même si l’enfant soumet toutes ses chansons à ses parents avant même leur sortie. C’est plutôt le souci de toucher un plus large public qu’Abass rappe en français. Il ne se considère pas comme un rappeur français même s’il est vrai qu’il rappe en français. Son choix s’explique dit-il par le feeling, ce qu’il ressent. En plus rap wolof, il l’assimile à rap sénégalais et il est sénégalais.