Dans la galerie de portraits des présidents français, Nicolas Sarkozy se sera distingué pour n’avoir jamais voulu rien faire comme les autres. Question de style, question de génération aussi pour le premier locataire de l’Elysée né après la Seconde Guerre mondiale.
La volonté du candidat de la « rupture » et de la « droite décomplexée » de casser tous les codes s’était manifestée dès son arrivée au pouvoir en mai 2007. Ces premiers mois d’exercice, il les a traînés comme un boulet tout au long de son quinquennat et ils lui ont certainement été fatals au bout du compte, tant son comportement du début d’exercice a nui durablement à son image.
Des symboles gênants
Tout a été dit sur la soirée du Fouquet’s, le séjour sur le yacht du milliardaire Bolloré, les vacances aux Etats-Unis, Ray-Ban sur le nez, et la mise en avant de sa vie privée. Tout a été écrit sur le discours de Dakar, la tente de Mouammar Kadhafi dans Paris et le mémorable « casse-toi pauv’con » adressé à un importun au Salon de l’agriculture en février 2008.
Ces moments qui ont marqué les premiers mois du quinquennat de Nicolas Sarkozy resteront certainement des anecdotes au regard de l’Histoire. Ils ont néanmoins contribué, par leur côté symbolique, à une rapide et spectaculaire chute de sa popularité (plus de 60% en septembre 2007, moins de 35% en février 2008), un déficit d’image que l’ex-champion de l’UMP n’a jamais réussi à rétablir aux yeux d’une grande majorité de Français.
Président hyperactif, « hyper-président » ou « omni-président » tel que beaucoup l’ont dépeint, Nicolas Sarkozy a rapidement relégué son Premier ministre François Fillon au rang de « collaborateur », mettant sa propre puissance de travail au service d’un pays qui avait, selon lui, besoin d’être réveillé après douze ans de chiraquisme, dont cinq de cohabitation.
« On dit omni-président. Je préfère qu’on dise ça, plutôt que roi fainéant. On en a connu », déclarait-il en janvier 2009, lors d’une des rares conférences de presse tenues à l’Elysée sous sa gouvernance.
Le poids du bilan
Surexposé, il a focalisé sur sa personne toutes les critiques, une attitude saluée comme une marque de courage par ses partisans et dépeinte, au contraire, comme la preuve de son égocentrisme par ses détracteurs.
Comme tous les présidents sortants depuis Valéry Giscard d’Estaing en 1981, l’ancien maire de Neuilly s’est trouvé dans la position d’avoir un bilan économique compliqué à défendre, un bilan plombé en l’occurrence par les répercussions d’une crise financière mondiale qui a éclaté dès septembre 2008. Une crise dont la France, n’a-t-il eu de cesse de répéter, a été plus épargnée que les autres pays industrialisés, grâce à son action à la tête de l’Etat et à son dynamisme dans les réunions internationales.
Si les promesses de 2007 formulées par celui qui se voulait « le président du pouvoir d’achat » qui irait « chercher la croissance avec les dents » et « ramènerait le taux de chômage à 5% » n’ont pas été tenues, Nicolas Sarkozy pensait avoir trouvé la parade en comparant la situation de l’Hexagone à celles d’autres pays européens moins bien lotis, citant toujours - c’était de bonne guerre - les statistiques qui l’arrangeaient le mieux et oubliant au passage qu’il avait fait du triple A l’un de ses principaux enjeux de sa fin de mandat.
Entré en campagne le 15 février en position de challenger – une première pour un président sortant – il s’était positionné comme le « candidat du peuple », un pari extrêmement osé, et même à la limite de la provocation, venant d’un homme accusé par l’opposition d’avoir été surtout « le président des riches ».
Donné battu face à François Hollande dans toutes les projections de deuxième tour depuis la victoire de ce dernier à la primaire socialiste le 9 octobre 2011, il devait pratiquement réaliser un sans-faute en matière de report des voix à droite pour espérer l’emporter ce dimanche 6 mai, au vu des scores du premier tour (27,18% des voix contre 28,63% pour Hollande).
L’absence des soutiens
C’était un défi gigantesque, un grand écart pratiquement impossible à réaliser d’un simple point de vue arithmétique. Son opération séduction auprès des électeurs du Front national durant l’entre-deux-tours s’est avérée trop voyante, effrayant du même coup un grand nombre de centristes qui auraient peut-être consenti à voter pour lui.
A l’arrivée, le président sortant n’aura bénéficié d’aucun soutien de la part des battus du premier tour de l'élection, Marine Le Pen ayant déclaré voter blanc à titre personnel alors que François Bayrou lui assénait le coup de pied de l’âne en faisant savoir, à trois jours du scrutin, qu’il voterait Hollande, également à titre personnel.
Dernier espoir du candidat Sarkozy pour « renverser la table », le duel télévisé du mercredi 2 mai face à son adversaire socialiste ne lui a pas permis d’inverser la tendance et de refaire son retard, le face à face – tendu d’un bout à l’autre – s’étant achevé sur un match nul, autrement dit sur une défaite pour « Nicolas-le-cathodique ». Battu par François Hollande, Nicolas Sarkozy est donc aujourd’hui le premier président sortant depuis Valéry Giscard d’Estaing en 1981 à ne pas conserver la confiance des Français. Le voici à présent contraint de s’en tenir à sa dernière promesse : quitter la scène politique, à seulement 57 ans.
RFI
La volonté du candidat de la « rupture » et de la « droite décomplexée » de casser tous les codes s’était manifestée dès son arrivée au pouvoir en mai 2007. Ces premiers mois d’exercice, il les a traînés comme un boulet tout au long de son quinquennat et ils lui ont certainement été fatals au bout du compte, tant son comportement du début d’exercice a nui durablement à son image.
Des symboles gênants
Tout a été dit sur la soirée du Fouquet’s, le séjour sur le yacht du milliardaire Bolloré, les vacances aux Etats-Unis, Ray-Ban sur le nez, et la mise en avant de sa vie privée. Tout a été écrit sur le discours de Dakar, la tente de Mouammar Kadhafi dans Paris et le mémorable « casse-toi pauv’con » adressé à un importun au Salon de l’agriculture en février 2008.
Ces moments qui ont marqué les premiers mois du quinquennat de Nicolas Sarkozy resteront certainement des anecdotes au regard de l’Histoire. Ils ont néanmoins contribué, par leur côté symbolique, à une rapide et spectaculaire chute de sa popularité (plus de 60% en septembre 2007, moins de 35% en février 2008), un déficit d’image que l’ex-champion de l’UMP n’a jamais réussi à rétablir aux yeux d’une grande majorité de Français.
Président hyperactif, « hyper-président » ou « omni-président » tel que beaucoup l’ont dépeint, Nicolas Sarkozy a rapidement relégué son Premier ministre François Fillon au rang de « collaborateur », mettant sa propre puissance de travail au service d’un pays qui avait, selon lui, besoin d’être réveillé après douze ans de chiraquisme, dont cinq de cohabitation.
« On dit omni-président. Je préfère qu’on dise ça, plutôt que roi fainéant. On en a connu », déclarait-il en janvier 2009, lors d’une des rares conférences de presse tenues à l’Elysée sous sa gouvernance.
Le poids du bilan
Surexposé, il a focalisé sur sa personne toutes les critiques, une attitude saluée comme une marque de courage par ses partisans et dépeinte, au contraire, comme la preuve de son égocentrisme par ses détracteurs.
Comme tous les présidents sortants depuis Valéry Giscard d’Estaing en 1981, l’ancien maire de Neuilly s’est trouvé dans la position d’avoir un bilan économique compliqué à défendre, un bilan plombé en l’occurrence par les répercussions d’une crise financière mondiale qui a éclaté dès septembre 2008. Une crise dont la France, n’a-t-il eu de cesse de répéter, a été plus épargnée que les autres pays industrialisés, grâce à son action à la tête de l’Etat et à son dynamisme dans les réunions internationales.
Si les promesses de 2007 formulées par celui qui se voulait « le président du pouvoir d’achat » qui irait « chercher la croissance avec les dents » et « ramènerait le taux de chômage à 5% » n’ont pas été tenues, Nicolas Sarkozy pensait avoir trouvé la parade en comparant la situation de l’Hexagone à celles d’autres pays européens moins bien lotis, citant toujours - c’était de bonne guerre - les statistiques qui l’arrangeaient le mieux et oubliant au passage qu’il avait fait du triple A l’un de ses principaux enjeux de sa fin de mandat.
Entré en campagne le 15 février en position de challenger – une première pour un président sortant – il s’était positionné comme le « candidat du peuple », un pari extrêmement osé, et même à la limite de la provocation, venant d’un homme accusé par l’opposition d’avoir été surtout « le président des riches ».
Donné battu face à François Hollande dans toutes les projections de deuxième tour depuis la victoire de ce dernier à la primaire socialiste le 9 octobre 2011, il devait pratiquement réaliser un sans-faute en matière de report des voix à droite pour espérer l’emporter ce dimanche 6 mai, au vu des scores du premier tour (27,18% des voix contre 28,63% pour Hollande).
L’absence des soutiens
C’était un défi gigantesque, un grand écart pratiquement impossible à réaliser d’un simple point de vue arithmétique. Son opération séduction auprès des électeurs du Front national durant l’entre-deux-tours s’est avérée trop voyante, effrayant du même coup un grand nombre de centristes qui auraient peut-être consenti à voter pour lui.
A l’arrivée, le président sortant n’aura bénéficié d’aucun soutien de la part des battus du premier tour de l'élection, Marine Le Pen ayant déclaré voter blanc à titre personnel alors que François Bayrou lui assénait le coup de pied de l’âne en faisant savoir, à trois jours du scrutin, qu’il voterait Hollande, également à titre personnel.
Dernier espoir du candidat Sarkozy pour « renverser la table », le duel télévisé du mercredi 2 mai face à son adversaire socialiste ne lui a pas permis d’inverser la tendance et de refaire son retard, le face à face – tendu d’un bout à l’autre – s’étant achevé sur un match nul, autrement dit sur une défaite pour « Nicolas-le-cathodique ». Battu par François Hollande, Nicolas Sarkozy est donc aujourd’hui le premier président sortant depuis Valéry Giscard d’Estaing en 1981 à ne pas conserver la confiance des Français. Le voici à présent contraint de s’en tenir à sa dernière promesse : quitter la scène politique, à seulement 57 ans.
RFI