En attaquant les deux villages de Lamana et Ngoumao, les terroristes de Boko Haram ont bien choisi leurs cibles. Deux proies faciles, sans défenses et très loin des positions militaires de Damasak et de Malam Fatori. Ce qui leur a permis de commettre leur forfait et de se retirer sans aucune pression, ne laissant derrière eux que tristesse et désolation. 38 morts, plusieurs blessés et les deux villages presque entièrement détruits par le feu.
En ce début du mois de ramadan, ces deux attaques ont créé la psychose auprès des populations riveraines de la rivière Komadougou Yobé. Le gouverneur de la région et sa délégation sont venus les soutenir. Les villageois ont demandé qu’ils soient sécurisés davantage, ou à défaut, qu’ils soient transférés sur un site plus rassurant.
Selon plusieurs sources, les éléments de Boko Haram qui ont attaqué ces villages sont des jeunes natifs de la région et qui maîtrisent parfaitement le terrain en attaquant dans des zones non-sécurisés. Selon plusieurs observateurs, tant que l’armée du Nigeria voisin n’aura pas sécurisés ses frontières, il faut toujours craindre d’autres attaques meurtrières.
Les forces militaires régionales de 8 000 hommes qui devaient nettoyer le Lac Tchad sont vivement attendues. Mais en attendant, la commune rurale de Gueskérou pleure ses morts. Pour rappel, les dernières attaques d’envergure de Boko Haram ont fait 84 morts, civils et militaires.
Il faut « changer de stratégie », selon le député Issa Lamine
Le député d'opposition de Diffa ne décolère pas après cette double attaque de Boko Haram. Selon Issa Lamine, la méthode du gouvernement pour vaincre les islamistes ne fonctionne pas. Selon lui il faut repeupler les îles du Lac Tchad, et mettre toutes les couches de la société à contribution.
« Depuis l’évacuation des îles du Lac Tchad, ces populations des villages reculées sont potentiellement des cibles. Parce que dans la zone, il n’y a que les éléments de Boko Haram qui circulent librement. Je pense qu’il va falloir changer de stratégie de combat. Le positionnement de Boko Haram dans les îles du Lac Tchad, le fait qu’ils soient expulsés du nord du Nigeria expose particulièrement le Niger. Il faut redéployer des soldats et il faut qu’il y ait une plus grande collaboration. Il faudrait qu’ils impliquent les populations, les élus, les députés. Ce n’est pas un programme purement militaire. On ne peut pas les vaincre par la force. Il faudrait que la population puisse, avec des moyens de communication, prévenir à temps et collaborer avec les militaires. Les militaires ne peuvent pas se déplacer à tout moment. Il n’y a aucune mesure de défense autour des villages à 4h du matin. Ils se mettent à tuer, à brûler. Ils vont détruire tous les villages, ils vont encore tuer des milliers de gens, si ça continue comme ça. »