Les premières divisions sont nées quelques jours seulement après l'investiture de Muhammadu Buhari, fin mai. Sa coalition, l'Alliance du congrès progressiste, attendait avec impatience la formation d'une nouvelle Assemblée nationale, les députés devant soumettre une liste de ministres au nouveau président.
Seulement, ce sont Bukola Saraki et Yakubu Dogara, qui se sont imposés à la tête du Sénat et de l'Assemblée nationale. Deux personnages qui inspirent la défiance au sein de la coalition du Congrès progressiste. Les militants sont divisés et des leaders influents se livrent à une guerre interne très rude : il s'agit notamment l'homme d'affaires Bola Tinubu et de l'ancien vice-président Atiku Abubakar.
« L'APC a gagné la bataille et a perdu l'espoir », note avec amertume Muhammadu Buhari, lors d'une réunion de crise au sein de sa formation. Le président a donné des consignes pour que les militants se rangent tous derrière les décisions du parti et « laissent l'APC travailler ».
Résultat : Muhammadu Buhari a reporté la formation de son gouvernement à septembre. « Aucune loi ne sera promulguée d'ici là et les crises internes, telles que l'électricité et la lutte contre Boko Haram, ne trouvent pas de réponse immédiate », regrette un député qui siège à l'Assemblée.
Intense activité de Boko Haram
Une situation qui laisse plus de champ à Boko Haram. A Maiduguri, les attaques ont repris de plus belle le 29 mai dernier, le soir même de l'investiture du nouveau président, Muhammadu Buhari. Depuis quatre semaines, les insurgés de Boko Haram multiplient les attaques à la bombe: ils ciblent des lieux très fréquentés et/ou symboliques, tels que les lieux de culte, les marchés et les restaurants.
Ces combattants insurgés utilisent régulièrement des civils, notamment des femmes, comme kamikazes. Pour avoir un impact plus important, il s'agit souvent de double attentat. La plupart de ces attaques se concentrent dans l'Etat de Borno, où le centre de commandement des opérations militaires contre Boko Haram a été transféré à la mi- juin.
L'attaque la plus meurtrière s'est produite la semaine dernière dans le village de Kukawa. Selon des témoins, une cinquantaine d’islamistes présumés de Boko Haram ont tiré sur des fidèles, qui priaient dans des mosquées, peu après la rupture du jeûne.
Au total, selon les estimations de la Nema, l'agence nationale de gestion des situations d'urgence, 118 personnes sont mortes dans ce village situé près du lac Tchad. Outre le choc lié à l'ampleur du massacre, les témoins cités par des médias locaux expriment leur indignation de voir se produire de tels actes en période de ramadan.