La première explosion a eu lieu en pleine rue, vers 12h30, heure locale, selon le porte-parole de la police de Kaduna, Aminu Lawan, alors que le cheikh Dahiru Bauchi, imam modéré et populaire, saluait de son véhicule les fidèles venus en masse suite à la célébration d'une cérémonie musulmane. La bombe a explosé, faisant 25 morts mais épargnant l’imam.
La seconde explosion, elle, a visé une heure plus tard le marché du quartier de Kawo, très fréquenté. Il pourrait y avoir des dizaines de victimes. Pour l’instant, la police a donné le chiffre de 17 morts. Le général Muhammadu Buhari, le chef du parti d'opposition APC, se trouvait sur les lieux de ce deuxième attentat, lui aussi échappé à la déflagration.
Ancien membre de la junte militaire qui a dirigé le Nigéria dans les années 80, il a été le principal opposant au président Goodluck Jonathan lors des élections de 2011.
Joint par RFI, un témoin corrobore les détails de la police : il a vu la voiture qui a explosé derrière le convoi de cheikh Bauchi, entouré par la foule, puis a entendu la seconde explosion. « À environ deux kilomètres de la cérémonie, une voiture remplie d'explosifs a explosé ; heureusement pas sur le lieu de la cérémonie de l'imam, mais bien à deux kilomètres,raconte-t-il. Puis, trente minutes ou une heure après, il y a eu une autre explosion dans un quartier appelé Kawo, et j'ai vu de nombreux blessés. Le personnel médical essaie d'emmener toutes les victimes au plus vite à l'hôpital ».
Couvre-feu
Les habitants comme la police soupçonnent en premier chef la secte extrémiste Boko Haram, les dignitaires musulmans modérés condamnant régulièrement ses violences. Le groupe islamiste accuse, quant à lui, les imams du nord du pays, majoritairement peuplé de musulmans, de se soumettre aux autorités, et notamment à la politique du président Goodluck Jonathan, chrétien et originaire du sud du pays.
Kaduna est considérée comme la capitale politique du nord du Nigeria, toujours largement clivé entre le Nord, musulman, et le Sud, chrétien. La région, régulièrement ciblée par Boko Haram, avait été relativement épargnée ces 12 derniers mois par rapport à d'autres villes du nord-est du pays. Le gouverneur de l'Etat y a mis en place un couvre-feu de vingt-quatre heures.
Force multinationale
Ce double attentat intervient alors que les pays de la région tentent de se coordonner pour lutter contre les violences islamistes. Alors que ces attentats avaient lieu, les dirigeants de quatre Etats riverains du lac Tchad (Niger, Nigeria, Tchad, et Cameroun) réunis à Niamey ont décidé la formation d’une « force armée multinationale » pour lutter contre la menace « de plus en plus grande » de Boko Haram.
Dans un entretien télévisé, le chargé des questions de Défense pour la présidence camerounaise, Mebe N’go'o Edgard Alain a précisé que la Commission du bassin du lac Tchad s'engageait à envoyer 700 hommes au sein de cette force. Le ministre nigérien de la Défense a quant à lui souligné que la région se trouvait face à une « situation sécuritaire sans précédent née principalement de la menace terroriste » due à Boko Haram.
Le Bénin, également membre de l'organisation de la Commission du bassin du lac Tchad, pourrait également participer à cette force. L'organisation et les contours de la force devraient être annoncés prochainement.
Source : Rfi.fr
-
Tchad : le Président Mahamat Idriss Déby promu maréchal
-
Mali: 26 personnes tuées dans des attaques jihadistes près de Bandiagara
-
Le Burkina Faso adopte une loi d’amnistie pour les auteurs du putsch de 2015
-
Guerre au Soudan: plus de 780 civils tués par des paramilitaires à El-Fasher, selon l'ONU
-
Guinée: la recherche des disparus du stade de N'Zérékoré se poursuit