« Bienvenue à Lagos, ville fantôme » ironise un chauffeur de taxi : la capitale économique du Nigeria a vécu au ralenti, ce lundi 9 janvier 2012. Les routes étaient vides, les banques et de nombreuses entreprises fermées. La quasi-totalité des quelque 18 millions d'habitants de la mégalopole a suivi l'appel général à la grève, lancé par les syndicats. Tôt dans la matinée, en dépit d'un important déploiement policier, plusieurs milliers de personnes ont « battu le pavé » pour crier leur rejet du doublement du prix de l'essence. Suite à cette décision du gouvernement de suspendre les subventions, le litre d'essence est passé de 65 nairas (0,30 euro) à au moins 140 nairas (0,66 euro).
Les subventions aux produits pétroliers coûtent 8 milliards de dollars par an aux caisses de l'État. La décision suit des recommandations du Fonds monétaire international (FMI) et des agences de notation et vise à assainir la filière hydrocarbure.
Etudiants, avocats, chômeurs et professeurs ont chanté et hurlé leur « ralbol » et leur frustration. La suppression de la subvention sur les produits pétroliers ne passe pas. Bien au contraire, elle exacerbe les critiques sur la corruption et l'incompétence des gouvernants.
Dans la soirée, au cours des débats radiophoniques, les auditeurs se bousculaient à l'antenne, tous plus remontés les uns que les autres.
« Pas question que l'on paie pour les erreurs de nos dirigeants ! », s'exclame l'un d'entre eux. « La subvention sur l'essence est le seul petit avantage que l'on avait à être un pays producteur de pétrole ! » poursuit un autre. Le gouvernement nous la supprime d'un coup et il voudrait que l'on acquiesce ? Non, pas question, on ira jusqu'au bout du combat ! »
Owei Lakemfa, secrétaire général du Nigeria Labour Congress
« Nous n'avons pas de contact avec le gouvernement. Le Sénat propose une médiation. Nous sommes d'accord car nous sommes pour le dialogue mais pas à n'importe quel prix ! Il faut que le gouvernement revienne sur sa décision diabolique ! »
Les partisans de la suppression des subventions aux produits pétroliers assurent que les subventions enrichissent d'abord les classes favorisées et alimentent la corruption. Mais la hausse des prix du carburant heurte de plein fouet la population. Elle a déjà des effets sur les autres biens de consommation.
Risque d'embrasement
Le contexte actuel est explosif au Nigeria avec cette grogne sociale qui se rajoute à la vague de violence dans le nord du pays. De fait, la chasse aux chrétiens menée par la secte islamiste Boko Haram depuis les attentats sanglants du jour de Noël, a ravivé les tensions ethno-religieuses. Du coup, de nombreux observateurs craignent que cette grève générale musclée et la colère des populations ne soient propices à une escalade de représailles entre chrétiens et musulmans.
Ce lundi 9 janvier, à Benin City, dans le sud du Nigeria, des manifestants ont attaqué une mosquée et un bureau de change tenu par un musulman. C'est la première fois qu'un incident de ce genre se produit dans cette partie du pays.
Dans l'État de Zamfara, au Nord, c'est une église baptiste de Gusau qui a été prise pour cible par des manifestants. Événements isolés ou actes symptomatiques d'une rancoeur profonde ?
De plus en plus de voix mettent en garde contre cette escalade et rappellent que ces violences sont identiques aux prémices de la guerre meurtrière du Biafra qui avait fait plus d'un million de morts à la fin des années 60.
Source: RFI
Les subventions aux produits pétroliers coûtent 8 milliards de dollars par an aux caisses de l'État. La décision suit des recommandations du Fonds monétaire international (FMI) et des agences de notation et vise à assainir la filière hydrocarbure.
Etudiants, avocats, chômeurs et professeurs ont chanté et hurlé leur « ralbol » et leur frustration. La suppression de la subvention sur les produits pétroliers ne passe pas. Bien au contraire, elle exacerbe les critiques sur la corruption et l'incompétence des gouvernants.
Dans la soirée, au cours des débats radiophoniques, les auditeurs se bousculaient à l'antenne, tous plus remontés les uns que les autres.
« Pas question que l'on paie pour les erreurs de nos dirigeants ! », s'exclame l'un d'entre eux. « La subvention sur l'essence est le seul petit avantage que l'on avait à être un pays producteur de pétrole ! » poursuit un autre. Le gouvernement nous la supprime d'un coup et il voudrait que l'on acquiesce ? Non, pas question, on ira jusqu'au bout du combat ! »
Owei Lakemfa, secrétaire général du Nigeria Labour Congress
« Nous n'avons pas de contact avec le gouvernement. Le Sénat propose une médiation. Nous sommes d'accord car nous sommes pour le dialogue mais pas à n'importe quel prix ! Il faut que le gouvernement revienne sur sa décision diabolique ! »
Les partisans de la suppression des subventions aux produits pétroliers assurent que les subventions enrichissent d'abord les classes favorisées et alimentent la corruption. Mais la hausse des prix du carburant heurte de plein fouet la population. Elle a déjà des effets sur les autres biens de consommation.
Risque d'embrasement
Le contexte actuel est explosif au Nigeria avec cette grogne sociale qui se rajoute à la vague de violence dans le nord du pays. De fait, la chasse aux chrétiens menée par la secte islamiste Boko Haram depuis les attentats sanglants du jour de Noël, a ravivé les tensions ethno-religieuses. Du coup, de nombreux observateurs craignent que cette grève générale musclée et la colère des populations ne soient propices à une escalade de représailles entre chrétiens et musulmans.
Ce lundi 9 janvier, à Benin City, dans le sud du Nigeria, des manifestants ont attaqué une mosquée et un bureau de change tenu par un musulman. C'est la première fois qu'un incident de ce genre se produit dans cette partie du pays.
Dans l'État de Zamfara, au Nord, c'est une église baptiste de Gusau qui a été prise pour cible par des manifestants. Événements isolés ou actes symptomatiques d'une rancoeur profonde ?
De plus en plus de voix mettent en garde contre cette escalade et rappellent que ces violences sont identiques aux prémices de la guerre meurtrière du Biafra qui avait fait plus d'un million de morts à la fin des années 60.
Source: RFI
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