Markudi, capitale de l'Etat de Benue. Le MAFO, Mouvement contre l'occupation des sols par les Peuls se fait entendre sur un des marchés de la ville. Aujourd'hui, les militants distribuent des tracts sur un marché. Sur ce prospectus, les points clefs d'un projet de loi pour réguler la présence des bergers peuls dans l'Etat de Benue.
Le révérend Sam Abiah est un des animateurs du groupe.« Non, non, non, jamais, jamais, jamais. Nous ne sommes pas contre les Peuls,assure-t-il. Nous sommes contre les Peuls terroristes, les Peuls envahisseurs, les Peuls meurtriers. Pas contre les Peuls en général. Moi j'aime les Peuls, j'ai des amis peuls. Même aujourd'hui, des Peuls sont chez moi. »
Loin de l'agitation de la ville, Mbakorkaa Awase vit à dans le district de Buruku, à une cinquantaine de kilomètres de Markudi. Il vit au cœur des tensions entre fermiers et bergers.
Lui-même fermier, ce chef traditionnel exprime au passé la parenté à plaisanterie [une pratique sociale typiquement ouest-africaine qui autorise et parfois même oblige des membres d'une même famille ou des membres de certaines ethnies entre elles, à se moquer ou s'insulter, et ce sans conséquence, NDLR] entre son peuple, les Tivs et les Peuls. « Quand le vêtement d'un Tiv était troué par le feu, un Peul pouvait juste venir et lui demandait de l'enlever, que ce n'était plus son vêtement. Le Tiv aussitôt s'exécutait et le lui remettait. C'était une de nos plaisanteries. Mais à notre grande surprise, ces temps-ci, nous avons des problèmes avec les Peuls », explique-t-il.
Dans l'Etat de Benue se joue une nouvelle version de l'opposition séculaire entre peuple sédentaire et peuple nomade. Loin des regards des élites politiques, économiques et médiatiques.
Source:Rfi.fr