Ce plan vise un meilleur partage des renseignements sur Boko Haram et de mieux coordonner les initiatives des uns et des autres, notamment en vue de libérer les quelques deux cent lycéennes enlevées à Chibok par le groupe islamiste, il y a deux mois. Sur le terrain, ce plan d'action global n'a pas vraiment réduit la capacité de nuisance de Boko Haram même s'il a permis quelques avancées.
Le Cameroun a annoncé avoir déployé près de trois mille hommes et un important arsenal militaire dans la province de l'extrême nord, aux abords de la frontière du Nigeria. Le sommet de Paris s'était donné pour ambition de décrocher cette plus grande implication du Cameroun.
Pour le reste, les résultats sont mitigés. De source diplomatique, les renseignements circulent peu entre le Nigeria et ses voisins. Par ailleurs et surtout, l'armée nigériane n'est pas un partenaire facile. Elle est mal équipée et n'est pas formée pour mener une guerre asymétrique.
Les lacunes de l’armée nigériane, déplorent nos sources, se constatent presque à tous les niveaux : motivation, collecte du renseignement, traitements des données et planifications.
La corruption est également un obstacle. En outre, les partenaires occidentaux d'Abuja ne veulent pas être complices d'abus, d’autant plus qu’il est reproché aux soldats nigérians d'en commettre régulièrement.
Du coup, ces pays rechignent à engager leurs hommes aux côtés des troupes nigérianes et refusent de partager toutes leurs informations. Les Américains le disent ouvertement ; d'autres sont plus discrets mais ils n'en pensent pas moins.
L'expansion territoriale de Boko Haram
Sur le terrain en tout cas, le plan d'action global n'a pas vraiment réduit la capacité de nuisance de Boko Haram. Au contraire, on assiste à une escale de la violence dans le nord-est où les insurgés multiplient les attaques dans des villages où ils semblent vouloir s'implanter.
Boko Haram ne se contente plus de terroriser des villageois ou de s'en prendre à des symboles de l'Etat. On l'a vu lors d'une succession d'attaques la semaine dernière dans le sud de Borno, très précisément dans le secteur de Gwoza Est, près de la frontière avec le Cameroun. Les insurgés restent sur place, l'armée n'intervient pas pour les déloger. Ils renoueraient donc avec une logique de sanctuarisation. Peut-être parce qu'ils se sentent trop surveillés, trop à l'étroit, mal ravitaillés dans les camps de la forêt de Sambisa.
Cette campagne d'agressions et de pillages a aussi permis de chasser les hommes des villages, et compromet tout maillage sécuritaires dans cette zone par les civils des comités d'auto-défense. Des observateurs remarquent que la période est propice à une telle expansion.
L'armée nigériane est fragilisée. Toute interposition musclée ou offensive contre les jihadistes présente des risques, à commencer par l'exécution d'otages qui serait sans nul doute imputée à l'armée et aux autorités. Du coup, Boko Haram en profite aussi pour narguer l'armée, à Gwoza Est mais aussi plus récemment dans les environs de Chibok, où le groupe a de nouveau enlevé des jeunes femmes samedi, avant de tirer sur des civils et de brûler des habitations dans deux villages en début de semaine.
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