Chers confrères dans le sacerdoce,
Chers religieux, religieuses,
Chers frères et sœurs dans la foi,
« Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière… » (Is 9, 1)
« C’est la grâce de Dieu qui nous apprend à rejeter le péché et les passions d’ici-bas, pour vivre dans le monde présent en hommes raisonnables, justes et religieux… » (Tt 2, 12)
« Voilà le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » (Lc 2, 12).
1- Dans ces trois versets extraits des trois lectures que nous venons d’entendre, nous pouvons facilement percevoir combien le mouvement, au sens propre ou figuré, est présent dans la liturgie de cette Nuit de Noël. Comment pourrait-il en être autrement, puisque Noël nous rappelle le mouvement condescendant de Dieu vers l’homme, un mouvement dans lequel se manifeste, de la plus éloquente des manières, le désir de Dieu de rester en contact avec l’homme : Dieu veut nous parler ; en Jésus Christ, le Fils de Dieu fait homme, Il vient nous parler, de la manière la plus féconde, en se proposant à la rencontre avec chacun de nous.
Voilà qui explique l’autre mouvement qui est attendu de l’homme de foi, et que le Mystère de Noël nous invite, comme chrétiens, à faire nôtre. « Suivre, accompagner le Christ, demeurer avec Lui, nous dit le Pape François, lors de l’Audience Générale du 27 mars 2013, exige de ‟sortir”… Dieu est sorti de lui-même pour venir au milieu de nous, il a planté sa tente parmi nous, pour nous apporter sa miséricorde qui sauve et donne espérance. » SORTIR, c’est le mouvement attendu de chacun de nous comme croyant ; c’est le mouvement qu’a vécu notre père Abraham quittant son pays pour marcher vers la Terre promise ; c’est l’Exode du peuple Juif quittant l’Egypte pour la même Terre promise. Dans sa vie de foi, le croyant ne doit jamais être un homme installé dans ses façons de voir, ses satisfactions, ses aises, ses sécurités, mais un pèlerin toujours en marche sur les routes de Dieu, et la route vers Dieu.
Chers frères et sœurs, nous nous retrouvons justement ce soir, dans cette église cathédrale, comme ce peuple qui marchait dans les ténèbres, dont nous parle le prophète Isaïe, dans la première lecture. Peut-être sommes-nous sortis ce soir, de nos maisons, en portant sur nos épaules le poids plus ou moins lourd de nos préoccupations, de nos difficultés et peut-être de nos angoisses. Mais voilà : nous sommes sortis ! N’est-ce pas le signe que nous sommes habités d’une espérance, celle-là même que nous avons célébrée, chantée et entretenue dans nos cœurs, tout au long de ce temps de l’Avent : à savoir l’espérance d’un évènement de grâce, d’un évènement exceptionnel, qui surclasse tout ce qui, humainement, nous dépasse. Noël, c’est aussi cela : c’est le Ciel qui se penche vers la terre, pour effacer les ténèbres de notre incrédulité, de nos doutes, de nos désarrois. C’est la stratégie choisie par Dieu, pour aplanir le chemin qui mène à Lui, et pour raviver en l’homme son désir de Le rencontrer, en s’engageant résolument sur la route qui mène à Lui, comme celle de Bethleem.
2- L’exhortation principale que Dieu nous adresse aujourd’hui, c’est celle qui se trouve au cœur de l’Evangile de cette Nuit, et au-delà même, au cœur de l’annonce du Mystère de Noël : « NE CRAIGNEZ PAS… ! » De l’Annonce de la Naissance de Jean Baptiste à Zacharie à l’Annonce à Marie, en passant par l’Annonce à Joseph, cette exhortation est comme le panneau de signalisation, placé tout au long de la route qui mène vers Jésus, né à Bethléem : « Ne craignez pas… ! » Nous le savons bien, chers amis, quand un évènement exceptionnel arrive dans notre vie, la peur, le doute, voire l’incrédulité s’invitent très souvent dans notre cœur.
Noël, au contraire, nous invite à faire le saut qui élève et épanouit, parce que, dans la naissance du Fils de Dieu fait homme, l’allégresse est prodiguée, la joie accrue, « comme au jour de la victoire sur Madiane. » (Is 9, 3). Cette joie, personne n’en est exclu, car elle se propose, à travers les bergers, à tous les hommes : « Aujourd’hui vous est né un Sauveur… Il est le Messie, le Seigneur. » Cette joie, personne n’en est privé, car elle déborde pour être partagée avec l’inconnu, l’isolé, le marginalisé.
Chacun de nous, n’importe où qu’il puisse se trouver, peut et doit être près de l’autre, un BERGER, qui se hâte d’aller vers ces endroits où rien ne semble attirer, vers ces personnes dont beaucoup ont honte de s’approcher. C’est la joie qu’offre Noël : à savoir l’expérience d’une pauvreté qui devient richesse, quand l’homme y trouve la surprise de Dieu reconnu dans le visage de tout homme.
3- « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ! » Chers frères et sœurs chrétiens, sortis ce soir de nos maisons, nous voilà tous engagés sur le chemin de la Crèche, avec joie, avec ce que nous sommes, c’est-à-dire des pauvres, des petits, des hommes en difficulté dans nos familles, nos lieux de travail ou hélas, le chômage. Sur le chemin de la Crèche, nous nous engageons tous ce soir avec nos soifs, en particulier notre soif de paix, au milieu d’un monde, au milieu d’une Afrique, qui s’enfoncent dans le chaos des conflits politiques, ethniques, religieux, ou bien dans le chaos des guerres d’intérêt entre les Nations.
Mais vers quel Dieu marchons-nous, pouvons-nous nous demander ? Vers Celui qui se propose à notre rencontre, sous le visage d’un petit enfant. Nous marchons donc vers ce Dieu, qui n’est nullement une menace pour nous, et qui ne tolère qu’aucun de nous ne se fasse menace pour l’autre en son nom, qu’aucun de nous ne se fasse violence pour l’autre en son nom. Si le Fils de Dieu fait homme prend le visage de la faiblesse et de la délicatesse, n’est-ce pas pour nous appeler à nous faire capables de tendresse et d’amour, capables de PAIX ? En descendant au plus profond de notre cœur, nous y trouverons la marque du Dieu, qui nous a créés par amour, qui vient à nous par amour, et qui nous rend capables d’aimer comme Lui ; la marque du Dieu qui nous confie le don de la paix, pour que nous le fassions fructifier en nous et autour de nous.
En fêtant la Naissance du Sauveur en cette Nuit, ouvrons nos esprits et nos cœurs à l’accueil du don de la paix, pour nous engager à nous faire artisans de la paix. Que ce Noël 2013 rallume l’espérance de la paix : paix en Casamance et dans le Sénégal tout entier ; paix en Afrique ; paix dans le monde !
4- Celui qui vient à notre rencontre emmailloté et couché dans une mangeoire n’est certainement pas à la recherche du confort et du luxe en ce monde. Sinon pourquoi aurait-il choisi les périphéries de Bethléem et l’inconfort d’une grotte, pour se manifester aux hommes ? Il nous invite ainsi à ne pas avoir peur ou honte de nos pauvretés, de nos manques, et de nos faiblesses, car ils sont le lieu où Dieu prend naissance ; ils sont le lieu de la croissance de notre foi en Lui.
« Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ! » Chers frères et sœurs, Jésus est venu nous apprendre, à travers son compagnonnage, « à rejeter le péché et les passions d'ici-bas, pour vivre dans le monde présent en hommes raisonnables, justes et religieux. » (Tt 2, 12) A l'école de Jésus, nous pouvons et devons devenir d'autres hommes, d’une part plus ouverts, plus attentifs et plus obéissants à Dieu par amour ; d’autre part plus ouverts, plus attentifs et plus solidaires des autres hommes par amour. A l’école de Jésus, nous pouvons et devons devenir plus capables de relations fraternelles ; devenir des artisans de paix, pour faire de notre monde le grand berceau du Nouveau-né de Bethleem. Puisse-t-il bénir et faire aboutir tous les efforts de construction de la paix dans les cœurs : chez nous au Sénégal, en particulier en Casamance ; en Afrique de l’Ouest et dans toute l’Afrique ; dans le monde entier ! Amen !
† Théodore Adrien Cardinal SARR
Archevêque de Dakar
Chers religieux, religieuses,
Chers frères et sœurs dans la foi,
« Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière… » (Is 9, 1)
« C’est la grâce de Dieu qui nous apprend à rejeter le péché et les passions d’ici-bas, pour vivre dans le monde présent en hommes raisonnables, justes et religieux… » (Tt 2, 12)
« Voilà le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » (Lc 2, 12).
1- Dans ces trois versets extraits des trois lectures que nous venons d’entendre, nous pouvons facilement percevoir combien le mouvement, au sens propre ou figuré, est présent dans la liturgie de cette Nuit de Noël. Comment pourrait-il en être autrement, puisque Noël nous rappelle le mouvement condescendant de Dieu vers l’homme, un mouvement dans lequel se manifeste, de la plus éloquente des manières, le désir de Dieu de rester en contact avec l’homme : Dieu veut nous parler ; en Jésus Christ, le Fils de Dieu fait homme, Il vient nous parler, de la manière la plus féconde, en se proposant à la rencontre avec chacun de nous.
Voilà qui explique l’autre mouvement qui est attendu de l’homme de foi, et que le Mystère de Noël nous invite, comme chrétiens, à faire nôtre. « Suivre, accompagner le Christ, demeurer avec Lui, nous dit le Pape François, lors de l’Audience Générale du 27 mars 2013, exige de ‟sortir”… Dieu est sorti de lui-même pour venir au milieu de nous, il a planté sa tente parmi nous, pour nous apporter sa miséricorde qui sauve et donne espérance. » SORTIR, c’est le mouvement attendu de chacun de nous comme croyant ; c’est le mouvement qu’a vécu notre père Abraham quittant son pays pour marcher vers la Terre promise ; c’est l’Exode du peuple Juif quittant l’Egypte pour la même Terre promise. Dans sa vie de foi, le croyant ne doit jamais être un homme installé dans ses façons de voir, ses satisfactions, ses aises, ses sécurités, mais un pèlerin toujours en marche sur les routes de Dieu, et la route vers Dieu.
Chers frères et sœurs, nous nous retrouvons justement ce soir, dans cette église cathédrale, comme ce peuple qui marchait dans les ténèbres, dont nous parle le prophète Isaïe, dans la première lecture. Peut-être sommes-nous sortis ce soir, de nos maisons, en portant sur nos épaules le poids plus ou moins lourd de nos préoccupations, de nos difficultés et peut-être de nos angoisses. Mais voilà : nous sommes sortis ! N’est-ce pas le signe que nous sommes habités d’une espérance, celle-là même que nous avons célébrée, chantée et entretenue dans nos cœurs, tout au long de ce temps de l’Avent : à savoir l’espérance d’un évènement de grâce, d’un évènement exceptionnel, qui surclasse tout ce qui, humainement, nous dépasse. Noël, c’est aussi cela : c’est le Ciel qui se penche vers la terre, pour effacer les ténèbres de notre incrédulité, de nos doutes, de nos désarrois. C’est la stratégie choisie par Dieu, pour aplanir le chemin qui mène à Lui, et pour raviver en l’homme son désir de Le rencontrer, en s’engageant résolument sur la route qui mène à Lui, comme celle de Bethleem.
2- L’exhortation principale que Dieu nous adresse aujourd’hui, c’est celle qui se trouve au cœur de l’Evangile de cette Nuit, et au-delà même, au cœur de l’annonce du Mystère de Noël : « NE CRAIGNEZ PAS… ! » De l’Annonce de la Naissance de Jean Baptiste à Zacharie à l’Annonce à Marie, en passant par l’Annonce à Joseph, cette exhortation est comme le panneau de signalisation, placé tout au long de la route qui mène vers Jésus, né à Bethléem : « Ne craignez pas… ! » Nous le savons bien, chers amis, quand un évènement exceptionnel arrive dans notre vie, la peur, le doute, voire l’incrédulité s’invitent très souvent dans notre cœur.
Noël, au contraire, nous invite à faire le saut qui élève et épanouit, parce que, dans la naissance du Fils de Dieu fait homme, l’allégresse est prodiguée, la joie accrue, « comme au jour de la victoire sur Madiane. » (Is 9, 3). Cette joie, personne n’en est exclu, car elle se propose, à travers les bergers, à tous les hommes : « Aujourd’hui vous est né un Sauveur… Il est le Messie, le Seigneur. » Cette joie, personne n’en est privé, car elle déborde pour être partagée avec l’inconnu, l’isolé, le marginalisé.
Chacun de nous, n’importe où qu’il puisse se trouver, peut et doit être près de l’autre, un BERGER, qui se hâte d’aller vers ces endroits où rien ne semble attirer, vers ces personnes dont beaucoup ont honte de s’approcher. C’est la joie qu’offre Noël : à savoir l’expérience d’une pauvreté qui devient richesse, quand l’homme y trouve la surprise de Dieu reconnu dans le visage de tout homme.
3- « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ! » Chers frères et sœurs chrétiens, sortis ce soir de nos maisons, nous voilà tous engagés sur le chemin de la Crèche, avec joie, avec ce que nous sommes, c’est-à-dire des pauvres, des petits, des hommes en difficulté dans nos familles, nos lieux de travail ou hélas, le chômage. Sur le chemin de la Crèche, nous nous engageons tous ce soir avec nos soifs, en particulier notre soif de paix, au milieu d’un monde, au milieu d’une Afrique, qui s’enfoncent dans le chaos des conflits politiques, ethniques, religieux, ou bien dans le chaos des guerres d’intérêt entre les Nations.
Mais vers quel Dieu marchons-nous, pouvons-nous nous demander ? Vers Celui qui se propose à notre rencontre, sous le visage d’un petit enfant. Nous marchons donc vers ce Dieu, qui n’est nullement une menace pour nous, et qui ne tolère qu’aucun de nous ne se fasse menace pour l’autre en son nom, qu’aucun de nous ne se fasse violence pour l’autre en son nom. Si le Fils de Dieu fait homme prend le visage de la faiblesse et de la délicatesse, n’est-ce pas pour nous appeler à nous faire capables de tendresse et d’amour, capables de PAIX ? En descendant au plus profond de notre cœur, nous y trouverons la marque du Dieu, qui nous a créés par amour, qui vient à nous par amour, et qui nous rend capables d’aimer comme Lui ; la marque du Dieu qui nous confie le don de la paix, pour que nous le fassions fructifier en nous et autour de nous.
En fêtant la Naissance du Sauveur en cette Nuit, ouvrons nos esprits et nos cœurs à l’accueil du don de la paix, pour nous engager à nous faire artisans de la paix. Que ce Noël 2013 rallume l’espérance de la paix : paix en Casamance et dans le Sénégal tout entier ; paix en Afrique ; paix dans le monde !
4- Celui qui vient à notre rencontre emmailloté et couché dans une mangeoire n’est certainement pas à la recherche du confort et du luxe en ce monde. Sinon pourquoi aurait-il choisi les périphéries de Bethléem et l’inconfort d’une grotte, pour se manifester aux hommes ? Il nous invite ainsi à ne pas avoir peur ou honte de nos pauvretés, de nos manques, et de nos faiblesses, car ils sont le lieu où Dieu prend naissance ; ils sont le lieu de la croissance de notre foi en Lui.
« Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ! » Chers frères et sœurs, Jésus est venu nous apprendre, à travers son compagnonnage, « à rejeter le péché et les passions d'ici-bas, pour vivre dans le monde présent en hommes raisonnables, justes et religieux. » (Tt 2, 12) A l'école de Jésus, nous pouvons et devons devenir d'autres hommes, d’une part plus ouverts, plus attentifs et plus obéissants à Dieu par amour ; d’autre part plus ouverts, plus attentifs et plus solidaires des autres hommes par amour. A l’école de Jésus, nous pouvons et devons devenir plus capables de relations fraternelles ; devenir des artisans de paix, pour faire de notre monde le grand berceau du Nouveau-né de Bethleem. Puisse-t-il bénir et faire aboutir tous les efforts de construction de la paix dans les cœurs : chez nous au Sénégal, en particulier en Casamance ; en Afrique de l’Ouest et dans toute l’Afrique ; dans le monde entier ! Amen !
† Théodore Adrien Cardinal SARR
Archevêque de Dakar