Q- LA question est de savoir si le Président Wade jouit encore du même capital de sympathie auprès des jeunes qu’en 2000?
R- en mars 2000, pour celui qui a vécu l’événement, l’arrivée au pouvoir du Président wade a été un moment historique, une rupture qualitative historique car ce que l’on croyait impossible était devenu possible. Je crois même que nous avons plus désiré, plus admiré ce moment que l’accession à l’indépendance. Dans l’avénement de l’indépendance, il y avait quelque chose qui échappait aux masses. en 2000, il y a eu une prise en charge mature de notre destin. Le peuple en maitrisait plus les enjeux et les ressorts et il se sentait véritablement acteur. 2000 a été un moment de grande libération et de réelle euphorie populaire. 2000 a été l’aboutissement d’une longue attente et cette date est liée au destin d’un homme, au parcours politique remarquable d’un homme. La charge émotionnelle, affective était forte. De même que l’identification au Président Wade. Ce fut comme un coup de foudre. Mais la vie politique réelle comme la durée d’un couple ne se bâtit pas sur le coup de foudre. La confrontation au réel, la gestion quotidienne amènent à la lucidité, à la relation objective avec les faits, à l’évaluation de l’existant. Dans certains secteurs, nous avions peut être surévalué l’existant qui était déjà faible. c’est peut être le travail d’évaluation que le ministre d’état Karim Wade est en train de faire dans le domaine de l’énergie que nous aurions dû faire aussi de manière systématique dans différents autres secteurs. Peut-être que dans certains domaines, il y a eu des ambitions élevées et des projections qui n’avaient pas bien évalué le potentiel existant. Quelles frustrations en ont découlé! Je ne dirai pas que les jeunes n’ont plus la même estime et le même attachement pour le Président wade. Je suis convaincu qu’ils lui font encore confiance. Mais ils nous poussent à plus d’innovation, plus d’efficacité, plus de proximité et plus d’imputabilité pour répondre à leurs attentes. Nous ne sommes pas sourds à ces demandes.
Q : Quelle est votre appréciation actuelle sur le mouvement de contestation des jeunes rappeurs du mouvement « y en a marre » ?
R : S’interroger sur son passé, sur son présent et sur son devenir est le premier acte d’un honnête citoyen. C’est aussi le premier signe d’une vie que l’on veut améliorer. C’est d’abord un exercice d’introspection qui a une place privilégiée dans l’action politique en cela qu’il permet de se remettre en question et de rebondir sur les interrogations qui auront émanées de cette réflexion profonde. Cela doit être ensuite un signe d’humilité devant l’imperfection qui peut caractériser nos choix et décisions à l’échelle individuelle ou communautaire ; enfin, s’interroger n’est pas une fin en soi dans ce sens que l’acte appelle une réponse : il ne doit pas être fuite, mais délivrance. Il ne doit pas être statique mais en mouvement pour ne pas décevoir. Donc, je crois bien comprendre l’esprit de ces mouvements.
Cependant, si se révolter est un acte en soi courageux du fait que cela témoigne de notre commune volonté d’ aller de l’avant, vivre mieux et être en paix avec soi et les autres, on doit aussi se poser la question de savoir pourquoi ce monde est-il moins juste que je ne le voudrais. En clamant haut et fort son vœu de vivre dans un monde plus juste, on doit aussi être assez humble pour questionner son action quotidienne. Peut –être avons-nous, nous-mêmes, contribués à ce contre quoi nous nous érigeons en faux. C’est le moment d’humilité, sans doute le plus important qui va nous permettre de revoir notre rapport aux autres ; c’est surtout le moment qui nous permet d’être moins catégorique et de se sentir finalement un peu plus responsable qu’au moment où nous crions haut et fort par exemple, ‘‘Y en a marre’’.
Q-. N’est-il pas perçu par le Gouvernement dont vous êtes le Porte-parole comme un mouvement d’opposition frontale au pouvoir en place ?
R- c’est peut être cette perception que souhaiteraient faire prévaloir nos adversaires. Malheureusement pour eux, ce n’est pas le cas et les leaders de ce groupe l’ont bien fait entendrte en disant que leur collectif est un mouvement citoyen plutôt qu’un mouvement anti-Wade. Maintenant, est-ce que leurs proclamations sont en phase avec leurs actes ? Même si j’aurais souhaite que cela débouche sur quelque chose de plus concret en termes de propositions, il est heureux de voir qu’au Sénégal les jeunes sont politisés et souvent ils refusent les assignations à résidence idéologique. Ils ne sont pas enfermés dans des clivages idéologiques parce que justement aujourd’hui, nous vivons un brouillage des repères idéologiques. Aujourd’hui, il faut comprendre que les mobilisations collectives des jeunes se font, pour reprendre Muxel, dans une démarche de «désinstitutionnalisation» de l’action politique. Elles s’expriment souvent à travers des actions ponctuelles et ciblées plutôt que par l’embrigadement partisan définitif. Les jeunes s éloignent des modes d’engagement politique traditionnel et les pouvoirs doivent chercher à accompagner et écouter ces modes de militantisme plutôt que de les étouffer. C’est ce que le Président Wade a compris le 19 mars en autorisant toutes les manifestations. Le danger, ce serait de laisser ces mouvements aller en roue libre dans le sens d’un meurtre de notre système de valeurs.
Il y a presque 3700 groupes de rappeurs au Sénégal et plusieurs ont fait entendre la parole de l’engagement, la parole critique bien avant mars 2011 et ceci dans une merveilleuse orchestration du pouvoir du verbe et du pouvoir de la musique. Des messages tout aussi forts, parfois plus virulents même que « y en a marre» ont été portés par des rappeurs sénégalais bien connus, de réputation nationale et même internationale. Malgré cela, l’Etat a pu collaborer avec eux en bonne intelligence dans le respect de la liberté d’expression et de l’autonomie de l’artiste. Le rôle des artistes est essentiel dans une démocratie. L’artiste doit utiliser sa notoriété, sa visibilité pour conscientiser, pour promouvoir des valeurs consensuelles. La même attention, la même écoute respectueuse sera accordée au mouvement « y en a marre » sans aucune volonté de récupération ou d’étouffement.
Toutefois, aucun mouvement ne peut prétendre aujourd’hui avoir, à lui seul, le monopole de la conscience citoyenne. Les Sénégalais et les Sénégalaises ont une longue tradition de mobilisation dans des mouvements de la société civile qui réussissent à avoir l’écoute du pouvoir. Ainsi en est-il du collectif des imams, de beaucoup d’associations de jeunes et de femmes et bien d’autres groupes encore. Le Président Wade n’a jamais fermé sa porte. Il est ouvert au dialogue avec tous les acteurs politiques et sociaux, tant que la légitimité du pouvoir issu des urnes n’est pas contestée et tant que l’ordre et la sécurité ne sont pas menacés.
Q. Ces mouvements sont ils le reflet de toute une société ou de sa seule frange Hip Hop ?
R. Si l’on suit ce qu’en font certains organes de presse et nos adversaires politiques, l’expression « y en a marre » pourrait être assimilée à une volonté d’aveuglement collectif ; je dirais même un totalitarisme de la pensée unique. Notre liberté s’arrête la où commence celle des autres, l’expression de notre sentiment de révolte s’arrête là où commence la liberté de l’autre d’exprimer un avis contraire, de dire « j’en ai pas marre ». Le jeu de la démocratie est ainsi fait qu’il donne de la place à tout le monde ! L’accepter nous grandit. Il faut cependant arrêter de construire une image qui voudrait refléter toute la société, c’est de l’utopie ! Il ne faut pas confondre la révolte à la renonciation. La révolte doit être basée sur l’espérance pour pouvoir déboucher sur quelque chose. Les Américains ont dit ‘‘Yes we can’’, les Français ont dit ‘‘travailler plus pour gagner plus’’, nous les Sénégalais, nous ne pouvons pas nous contenter de dire ‘‘on n’en peut plus ! Manatounou ! ’’. Tout mouvement de révolte invoque tacitement une valeur. Le mouvement « y en a marre », s’agit-il au moins d’une valeur ? J’espère fort qu’au-delà, il s’agit de faire la promotion de valeurs supérieures fortes. A défaut, des mouvements comme ‘‘y en a marre’’ dénoteraient juste ce que nous sommes en train de devenir hélas, l’état d’esprit d’une société de la passivité. Il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir. Dès l’instant où on raisonne la doctrine de la renonciation, elle prolifère comme la raison. Là où le renoncement était solitaire comme le cri, il devient alors universel comme la science. Hier jugé, il fait la loi aujourd’hui. Le jour où la renonciation se pare du manteau de la vertu, par un curieux renversement des choses qui est propre à notre temps, c’est la vertu qui sera sommée de fournir sa raison d’être. Rien ne peut être construit sur le pessimisme.
Q- Une critique souvent adressée au Président Wade est qu’il a beaucoup négligé les autres demandes au profit des infrastructures. Quelle est votre réaction?
R- s’il y a un consensus chez les esprits objectifs, c’est que l’accent mis sur les infrastructures a été et reste une nécessité, une priorité. Cela est accepté dans le pays, en Afrique, au niveau international. Cela demeure un bon choix et les Sénégalais le reconnaissent. Je suis convaincu qu’un sondage national le prouverait. Il n y aura pas de développement, ni pour les jeunes, ni pour tout autre segment de la population, sans les infrastructures que nous avons baties, que nous continuons de bâtir et qui sont fortement articulées aux possibilités d’éclosion, de progrés, d’amélioration, de densification de tous les domaines de la vie économique. Sans les infrastructures, il est impossible de produire de la richesse à partager de manière durable. La richesse, on ne peut pas la partager si on ne la produit pas. C’est évident et ce n’est pas de la démagogie.
Il nous faut déconstruire cette fausse idée véhiculée par l’opposition qui dit que le Président Wade a négligé les autres secteurs. Le Président Wade a démontré la même audace dans les infrastructures que dans les politiques sociales. jamais Président du Sénégal n’a autant fait pour les jeunes, pour les personnes âgées, pour les salaires, pour les agriculteurs, pour les femmes, pour l’éducation, pour la santé, pour la presse, pour la culture …notre gouvernement a été jusqu’ici un gouvernement du social en plus de disposer d’une vision des infrastructures qui prépare à mieux répondre de manière définitive aux défis de la demande sociale. Le Président Wade a introduir une approche de l’économie qui veut nous sorir du colmatage et des solutions éphémères. Peut-être que nous n’avons pas su bien véhiculer notre message, notre communication auprès de la population pour mieux faire comprendre que la politique des infrastructures est une voie obligée du développement socio-économique du Sénégal et de la constitution d’une nation économiquement intégrée. Le Professeur Iba Der Thiam, témoin de l’évolution de ce pays, ne cesse de parler du bilan de Maître Wade en insistant sur les percées indéniables de sa politique de prise en charge de la demande sociale.
Ma conviction est que le Président Wade, dans sa gestion du Sénégal, n’a jamais été deconnecté du social. Ce qu’il a fait dans ce domaine, aucun autre Président ne l’a fait pas. Il a été jusqu’ici un Président pour le social, car sa vision des infrastructures n’a de sens que dans sa relation avec la mise en place des conditions qui permettent de lutter durablement contre la pauvreté.
Q- Idrissa Seck a été définitivement exclu du PDS. Que pensez- vous de cette décision à moins d’un an de l’élection Présidentielle?
R- Notre directeur de campagne de campagne, le Premier Ministre Souleymane Ndené Ndiaye, a bien résumé la situation, il y a quelques jours à Matam. Nous aurions souhaité avoir Idrissa Seck avec nous pour conduire le Président Wade à une victoire de notre majorité rassemblée en 2012. Mais Idrissa ne peut être à la fois dedans et dehors. Face aux défis qui nous attendent, la lisibilité totale s’impose. L’ubiquité est inacceptable. La chronique annoncée du meurtre de la figure politique tutélaire qu’est le Président Wade est aussi inacceptable. De même que nous ne pouvons accepter le clivage des identités meurtrières qu’Idrissa Seck veut instiller dans le PDS, entre supposés militants de la première heure et militants accusés d’être des ralliés tardifs. C’est lui-même qui disait travailler à réunir la majorité de Sénégalais sous la bannière du Président Wade! Nous devons travailler ensemble, en toute harmonie, pour gagner ensemble. Travailler ensemble pour gagner ensemble. Toute confusion doit être hors d’ordre. Nous avons, en Maître Wade, le candidat que nous estimons le meilleur, l’homme de la situation, le bon choix et nous avons de bonnes raisons de soutenir que sa candidature est recevable et qu’il présente les atouts pour amener les Sénégalais à continuer avec lui. Cela est notre conviction et nous ne pouvons accepter un brouillage des repères. Je suis très têtu de nature; je pense toujours à la nécessité pour Idrissa de revenir dans les rangs. Je ne désespère pas.
Q- Avec le départ de militants d’envergure comme Idrissa Seck ou Aminata Tall, croyez-vous toujours dans les chances de victoire de Maître Wade en 2012 ?
R- Oui et sans aucune hésitation. Mais il nous faudra convaincre sans arrogance. Savoir reconnaitre et porter avec conviction nos réalisations, mais aussi savoir identifier ce qu’il faut améliorer, ce qui aurait dû être mieux fait et ceci dans tous les domaines qui concernent la gestion d’un pays.
L’électorat sénégalais est aujourd’hui très éclaté. Il change, se modifie et les modes de mobilisation et d’engagement politique se diversifient. À côté des modes de mobilisation traditionnelle, il ya des stratégies innovantes portées surtout par la jeunesse, par les primovotants et il faudra savoir développer des approches de proximité, de dialogue appropriées. On constate aussi une diversification des porteurs de voix. Il est important de tenir compte aussi de cette complexification des porteurs de voix et des modèles d’identification.
Je reste convaincu que la grande majorité des Sénégalais veulent continuer avec le Président et qu’ils ont de bonnes raisons de le vouloir. Ils souhaitent donner encore du temps à Maître Wade pour poursuivre et terminer les infrastructures. Ils voient que le Sénégal a les atouts pour rentrer dans l’émergence et donc ils veulent que le cap soit maintenu. Le Premier Ministre et directeur de campagne, Souleymane Ndènè Ndiaye, vient de nous donner le mot de ralliement : notre objectif est d’élire Maitre Wade au 1er tour. Le Président Wade est celui qui a le plus pensé en profondeur le développement économique de ce pays. Il n’est pas un nouveau sauveur qui s’annonce à la dernière minute.
R- en mars 2000, pour celui qui a vécu l’événement, l’arrivée au pouvoir du Président wade a été un moment historique, une rupture qualitative historique car ce que l’on croyait impossible était devenu possible. Je crois même que nous avons plus désiré, plus admiré ce moment que l’accession à l’indépendance. Dans l’avénement de l’indépendance, il y avait quelque chose qui échappait aux masses. en 2000, il y a eu une prise en charge mature de notre destin. Le peuple en maitrisait plus les enjeux et les ressorts et il se sentait véritablement acteur. 2000 a été un moment de grande libération et de réelle euphorie populaire. 2000 a été l’aboutissement d’une longue attente et cette date est liée au destin d’un homme, au parcours politique remarquable d’un homme. La charge émotionnelle, affective était forte. De même que l’identification au Président Wade. Ce fut comme un coup de foudre. Mais la vie politique réelle comme la durée d’un couple ne se bâtit pas sur le coup de foudre. La confrontation au réel, la gestion quotidienne amènent à la lucidité, à la relation objective avec les faits, à l’évaluation de l’existant. Dans certains secteurs, nous avions peut être surévalué l’existant qui était déjà faible. c’est peut être le travail d’évaluation que le ministre d’état Karim Wade est en train de faire dans le domaine de l’énergie que nous aurions dû faire aussi de manière systématique dans différents autres secteurs. Peut-être que dans certains domaines, il y a eu des ambitions élevées et des projections qui n’avaient pas bien évalué le potentiel existant. Quelles frustrations en ont découlé! Je ne dirai pas que les jeunes n’ont plus la même estime et le même attachement pour le Président wade. Je suis convaincu qu’ils lui font encore confiance. Mais ils nous poussent à plus d’innovation, plus d’efficacité, plus de proximité et plus d’imputabilité pour répondre à leurs attentes. Nous ne sommes pas sourds à ces demandes.
Q : Quelle est votre appréciation actuelle sur le mouvement de contestation des jeunes rappeurs du mouvement « y en a marre » ?
R : S’interroger sur son passé, sur son présent et sur son devenir est le premier acte d’un honnête citoyen. C’est aussi le premier signe d’une vie que l’on veut améliorer. C’est d’abord un exercice d’introspection qui a une place privilégiée dans l’action politique en cela qu’il permet de se remettre en question et de rebondir sur les interrogations qui auront émanées de cette réflexion profonde. Cela doit être ensuite un signe d’humilité devant l’imperfection qui peut caractériser nos choix et décisions à l’échelle individuelle ou communautaire ; enfin, s’interroger n’est pas une fin en soi dans ce sens que l’acte appelle une réponse : il ne doit pas être fuite, mais délivrance. Il ne doit pas être statique mais en mouvement pour ne pas décevoir. Donc, je crois bien comprendre l’esprit de ces mouvements.
Cependant, si se révolter est un acte en soi courageux du fait que cela témoigne de notre commune volonté d’ aller de l’avant, vivre mieux et être en paix avec soi et les autres, on doit aussi se poser la question de savoir pourquoi ce monde est-il moins juste que je ne le voudrais. En clamant haut et fort son vœu de vivre dans un monde plus juste, on doit aussi être assez humble pour questionner son action quotidienne. Peut –être avons-nous, nous-mêmes, contribués à ce contre quoi nous nous érigeons en faux. C’est le moment d’humilité, sans doute le plus important qui va nous permettre de revoir notre rapport aux autres ; c’est surtout le moment qui nous permet d’être moins catégorique et de se sentir finalement un peu plus responsable qu’au moment où nous crions haut et fort par exemple, ‘‘Y en a marre’’.
Q-. N’est-il pas perçu par le Gouvernement dont vous êtes le Porte-parole comme un mouvement d’opposition frontale au pouvoir en place ?
R- c’est peut être cette perception que souhaiteraient faire prévaloir nos adversaires. Malheureusement pour eux, ce n’est pas le cas et les leaders de ce groupe l’ont bien fait entendrte en disant que leur collectif est un mouvement citoyen plutôt qu’un mouvement anti-Wade. Maintenant, est-ce que leurs proclamations sont en phase avec leurs actes ? Même si j’aurais souhaite que cela débouche sur quelque chose de plus concret en termes de propositions, il est heureux de voir qu’au Sénégal les jeunes sont politisés et souvent ils refusent les assignations à résidence idéologique. Ils ne sont pas enfermés dans des clivages idéologiques parce que justement aujourd’hui, nous vivons un brouillage des repères idéologiques. Aujourd’hui, il faut comprendre que les mobilisations collectives des jeunes se font, pour reprendre Muxel, dans une démarche de «désinstitutionnalisation» de l’action politique. Elles s’expriment souvent à travers des actions ponctuelles et ciblées plutôt que par l’embrigadement partisan définitif. Les jeunes s éloignent des modes d’engagement politique traditionnel et les pouvoirs doivent chercher à accompagner et écouter ces modes de militantisme plutôt que de les étouffer. C’est ce que le Président Wade a compris le 19 mars en autorisant toutes les manifestations. Le danger, ce serait de laisser ces mouvements aller en roue libre dans le sens d’un meurtre de notre système de valeurs.
Il y a presque 3700 groupes de rappeurs au Sénégal et plusieurs ont fait entendre la parole de l’engagement, la parole critique bien avant mars 2011 et ceci dans une merveilleuse orchestration du pouvoir du verbe et du pouvoir de la musique. Des messages tout aussi forts, parfois plus virulents même que « y en a marre» ont été portés par des rappeurs sénégalais bien connus, de réputation nationale et même internationale. Malgré cela, l’Etat a pu collaborer avec eux en bonne intelligence dans le respect de la liberté d’expression et de l’autonomie de l’artiste. Le rôle des artistes est essentiel dans une démocratie. L’artiste doit utiliser sa notoriété, sa visibilité pour conscientiser, pour promouvoir des valeurs consensuelles. La même attention, la même écoute respectueuse sera accordée au mouvement « y en a marre » sans aucune volonté de récupération ou d’étouffement.
Toutefois, aucun mouvement ne peut prétendre aujourd’hui avoir, à lui seul, le monopole de la conscience citoyenne. Les Sénégalais et les Sénégalaises ont une longue tradition de mobilisation dans des mouvements de la société civile qui réussissent à avoir l’écoute du pouvoir. Ainsi en est-il du collectif des imams, de beaucoup d’associations de jeunes et de femmes et bien d’autres groupes encore. Le Président Wade n’a jamais fermé sa porte. Il est ouvert au dialogue avec tous les acteurs politiques et sociaux, tant que la légitimité du pouvoir issu des urnes n’est pas contestée et tant que l’ordre et la sécurité ne sont pas menacés.
Q. Ces mouvements sont ils le reflet de toute une société ou de sa seule frange Hip Hop ?
R. Si l’on suit ce qu’en font certains organes de presse et nos adversaires politiques, l’expression « y en a marre » pourrait être assimilée à une volonté d’aveuglement collectif ; je dirais même un totalitarisme de la pensée unique. Notre liberté s’arrête la où commence celle des autres, l’expression de notre sentiment de révolte s’arrête là où commence la liberté de l’autre d’exprimer un avis contraire, de dire « j’en ai pas marre ». Le jeu de la démocratie est ainsi fait qu’il donne de la place à tout le monde ! L’accepter nous grandit. Il faut cependant arrêter de construire une image qui voudrait refléter toute la société, c’est de l’utopie ! Il ne faut pas confondre la révolte à la renonciation. La révolte doit être basée sur l’espérance pour pouvoir déboucher sur quelque chose. Les Américains ont dit ‘‘Yes we can’’, les Français ont dit ‘‘travailler plus pour gagner plus’’, nous les Sénégalais, nous ne pouvons pas nous contenter de dire ‘‘on n’en peut plus ! Manatounou ! ’’. Tout mouvement de révolte invoque tacitement une valeur. Le mouvement « y en a marre », s’agit-il au moins d’une valeur ? J’espère fort qu’au-delà, il s’agit de faire la promotion de valeurs supérieures fortes. A défaut, des mouvements comme ‘‘y en a marre’’ dénoteraient juste ce que nous sommes en train de devenir hélas, l’état d’esprit d’une société de la passivité. Il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir. Dès l’instant où on raisonne la doctrine de la renonciation, elle prolifère comme la raison. Là où le renoncement était solitaire comme le cri, il devient alors universel comme la science. Hier jugé, il fait la loi aujourd’hui. Le jour où la renonciation se pare du manteau de la vertu, par un curieux renversement des choses qui est propre à notre temps, c’est la vertu qui sera sommée de fournir sa raison d’être. Rien ne peut être construit sur le pessimisme.
Q- Une critique souvent adressée au Président Wade est qu’il a beaucoup négligé les autres demandes au profit des infrastructures. Quelle est votre réaction?
R- s’il y a un consensus chez les esprits objectifs, c’est que l’accent mis sur les infrastructures a été et reste une nécessité, une priorité. Cela est accepté dans le pays, en Afrique, au niveau international. Cela demeure un bon choix et les Sénégalais le reconnaissent. Je suis convaincu qu’un sondage national le prouverait. Il n y aura pas de développement, ni pour les jeunes, ni pour tout autre segment de la population, sans les infrastructures que nous avons baties, que nous continuons de bâtir et qui sont fortement articulées aux possibilités d’éclosion, de progrés, d’amélioration, de densification de tous les domaines de la vie économique. Sans les infrastructures, il est impossible de produire de la richesse à partager de manière durable. La richesse, on ne peut pas la partager si on ne la produit pas. C’est évident et ce n’est pas de la démagogie.
Il nous faut déconstruire cette fausse idée véhiculée par l’opposition qui dit que le Président Wade a négligé les autres secteurs. Le Président Wade a démontré la même audace dans les infrastructures que dans les politiques sociales. jamais Président du Sénégal n’a autant fait pour les jeunes, pour les personnes âgées, pour les salaires, pour les agriculteurs, pour les femmes, pour l’éducation, pour la santé, pour la presse, pour la culture …notre gouvernement a été jusqu’ici un gouvernement du social en plus de disposer d’une vision des infrastructures qui prépare à mieux répondre de manière définitive aux défis de la demande sociale. Le Président Wade a introduir une approche de l’économie qui veut nous sorir du colmatage et des solutions éphémères. Peut-être que nous n’avons pas su bien véhiculer notre message, notre communication auprès de la population pour mieux faire comprendre que la politique des infrastructures est une voie obligée du développement socio-économique du Sénégal et de la constitution d’une nation économiquement intégrée. Le Professeur Iba Der Thiam, témoin de l’évolution de ce pays, ne cesse de parler du bilan de Maître Wade en insistant sur les percées indéniables de sa politique de prise en charge de la demande sociale.
Ma conviction est que le Président Wade, dans sa gestion du Sénégal, n’a jamais été deconnecté du social. Ce qu’il a fait dans ce domaine, aucun autre Président ne l’a fait pas. Il a été jusqu’ici un Président pour le social, car sa vision des infrastructures n’a de sens que dans sa relation avec la mise en place des conditions qui permettent de lutter durablement contre la pauvreté.
Q- Idrissa Seck a été définitivement exclu du PDS. Que pensez- vous de cette décision à moins d’un an de l’élection Présidentielle?
R- Notre directeur de campagne de campagne, le Premier Ministre Souleymane Ndené Ndiaye, a bien résumé la situation, il y a quelques jours à Matam. Nous aurions souhaité avoir Idrissa Seck avec nous pour conduire le Président Wade à une victoire de notre majorité rassemblée en 2012. Mais Idrissa ne peut être à la fois dedans et dehors. Face aux défis qui nous attendent, la lisibilité totale s’impose. L’ubiquité est inacceptable. La chronique annoncée du meurtre de la figure politique tutélaire qu’est le Président Wade est aussi inacceptable. De même que nous ne pouvons accepter le clivage des identités meurtrières qu’Idrissa Seck veut instiller dans le PDS, entre supposés militants de la première heure et militants accusés d’être des ralliés tardifs. C’est lui-même qui disait travailler à réunir la majorité de Sénégalais sous la bannière du Président Wade! Nous devons travailler ensemble, en toute harmonie, pour gagner ensemble. Travailler ensemble pour gagner ensemble. Toute confusion doit être hors d’ordre. Nous avons, en Maître Wade, le candidat que nous estimons le meilleur, l’homme de la situation, le bon choix et nous avons de bonnes raisons de soutenir que sa candidature est recevable et qu’il présente les atouts pour amener les Sénégalais à continuer avec lui. Cela est notre conviction et nous ne pouvons accepter un brouillage des repères. Je suis très têtu de nature; je pense toujours à la nécessité pour Idrissa de revenir dans les rangs. Je ne désespère pas.
Q- Avec le départ de militants d’envergure comme Idrissa Seck ou Aminata Tall, croyez-vous toujours dans les chances de victoire de Maître Wade en 2012 ?
R- Oui et sans aucune hésitation. Mais il nous faudra convaincre sans arrogance. Savoir reconnaitre et porter avec conviction nos réalisations, mais aussi savoir identifier ce qu’il faut améliorer, ce qui aurait dû être mieux fait et ceci dans tous les domaines qui concernent la gestion d’un pays.
L’électorat sénégalais est aujourd’hui très éclaté. Il change, se modifie et les modes de mobilisation et d’engagement politique se diversifient. À côté des modes de mobilisation traditionnelle, il ya des stratégies innovantes portées surtout par la jeunesse, par les primovotants et il faudra savoir développer des approches de proximité, de dialogue appropriées. On constate aussi une diversification des porteurs de voix. Il est important de tenir compte aussi de cette complexification des porteurs de voix et des modèles d’identification.
Je reste convaincu que la grande majorité des Sénégalais veulent continuer avec le Président et qu’ils ont de bonnes raisons de le vouloir. Ils souhaitent donner encore du temps à Maître Wade pour poursuivre et terminer les infrastructures. Ils voient que le Sénégal a les atouts pour rentrer dans l’émergence et donc ils veulent que le cap soit maintenu. Le Premier Ministre et directeur de campagne, Souleymane Ndènè Ndiaye, vient de nous donner le mot de ralliement : notre objectif est d’élire Maitre Wade au 1er tour. Le Président Wade est celui qui a le plus pensé en profondeur le développement économique de ce pays. Il n’est pas un nouveau sauveur qui s’annonce à la dernière minute.