Nouveau gouvernement en France: Antoine Armand et Laurent Saint-Martin, deux trentenaires macronistes à Bercy

Il sera l'un des ministres les plus exposés du gouvernement Barnier, sinon le plus exposé. À seulement 33 ans, le député savoyard Antoine Armand a été nommé ce samedi 21 septembre ministre de l'Économie et de l'Industrie. Au Budget, un autre macroniste : Laurent Saint-Martin, 39 ans, placé sous l'autorité directe du Premier ministre.



Le jeune député Antoine Armand remplace Bruno Le Maire à Bercy, a annoncé ce samedi le secrétaire général de l'Élysée, Alexis Kohler. À ses côtés, l'ex-député, lui aussi macroniste, Laurent Saint-Martin sera en charge du Budget et des Comptes publics, en remplacement de Thomas Cazenave, et rattaché directement au Premier ministre Michel Barnier, budget 2025 oblige.

Antoine Armand aura en revanche sous son autorité un proche d'Emmanuel Macron : son collègue député des Français de la Suisse et du Liechtenstein Marc Ferracci, 46 ans, nommé ministre délégué chargé de l'Industrie en lieu et place de Roland Lescure, qui a d'ailleurs salué la désignation de son successeur. Ce sera également le cas de Laurence Garnier, 46 ans, sénatrice Les Républicains très conservatrice de Loire-Atlantique, un temps annoncée pour le portefeuille dédié aux Familles, et qui récupère finalement le poste de secrétaire d'État à la Consommation. Lilloise d'origine, elle est à la tête de l'opposition à Nantes. Il s'agit d'une proche de Bruno Retailleau.

Quant à Marie-Agnès Poussier-Winsback et Marina Ferrari, également rattachées à M. Armand, elles portent pour leur part toutes deux le titre de ministre déléguée, respectivement à l'Économie sociale et solidaire, à l'Intéressement et à la Participation pour la première, et pour la seconde, à l'Économie du tourisme.

Un jeune homme à la tête de l'État dans l'État

Antoine Armand a eu 33 ans tout récemment. En 2022, il a été élu pour la toute première fois, devenant député de la 2e circonscription de Haute-Savoie. Il est né à Paris ; son arrière-grand-père était le haut fonctionnaire Louis Armand, résistant, académicien et président de la SNCF après-guerre. Il sort diplômé de l'ENA en 2018, promotion Georges Clémenceau.

À la fin de ses études, le nouveau patron de Bercy rejoint l'Inspection générale des finances, avant de devenir en 2021 référent départemental du parti d'Emmanuel Macron, La République en marche, en Haute-Savoie où il sera élu. Il participe ensuite à la conception du projet économique du président sortant, en vue de la campagne pour sa réélection, en 2022.

En juillet dernier, après sa propre réélection à la suite de la dissolution de l'Assemblée nationale, Antoine Armand est désigné président de la commission des affaires économiques de la chambre basse. « À Annecy, il semblait parti pour se lancer dans la course aux élections municipales de 2026 », précise par ailleurs l'antenne Pays de Savoie de France Bleu.

Les Échos rappellent que Louis Armand avait piloté la Communauté européenne de l’énergie atomique, Euratom, à ses débuts. Précision utile puisque Antoine Armand a sorti en février un livre, Le Mur énergétique français, après avoir été rapporteur de la commission d'enquête sur les raisons de la perte de souveraineté et d'indépendance énergétique du pays.

L'intéressé aurait souhaité pouvoir porter une loi sur la souveraineté énergétique de la France. En mai dernier, il a créé, en compagnie d'une députée socialiste, Marie-Noëlle Battistel, une mission d'information sur un conflit juridique opposant Paris à la Commission européenne depuis dix ans, concernant l'avenir des concessions hydroélectriques françaises.

Saint-Martin, ministre d'un budget de tous les dangers

À ses côtés à Bercy, donc, Laurent Saint-Martin. Le fait que Laurent Saint-Martin soit rattaché à Matignon témoigne de l'importance du budget dans les missions du nouveau gouvernement de Michel Barnier, qu'il soit éphémère ou non. Le nouveau ministre en charge des Comptes publics est présenté comme un fidèle du président Macron, spécialiste du budget et des entreprises.

Il a pour sa part été élu député, dans le département du Val-de-Marne, lors du premier mandat du chef de l'État, en 2017. Et a aussitôt été désigné par ses pairs rapporteur général du budget de l'État, poste qu'il avait finalement laissé à Joël Giraud avant de le reprendre en 2020, à la nomination de ce dernier au sein du gouvernement de Jean Castex.

Laurent Saint-Martin était donc aux premières loges de la gestion budgétaire pendant l'épidémie de Covid-19 et le fameux « quoi qu'il en coûte » théorisé par un président Macron parti en « guerre » contre le SARS-CoV-2. Membre du bureau exécutif de LaREM, il prend ensuite la tête de liste francilienne de son parti aux régionales de 2021, 4e au second tour.

Rejoignant ainsi le conseil régional dirigé par Valérie Pécresse (LR), ce Toulousain de naissance est ensuite choisi comme trésorier par M. Macron pour la campagne 2022. Il est dans la foulée battu aux législatives par Louis Boyard (LFI). Et prend la tête, en janvier 2023, de Business France, agence soutenant le développement à l'étranger des entreprises françaises.

Ferracci, un ami de Macron à l'Industrie
Quant à M. Ferracci, ministre délégué à l'Industrie, il était depuis 2022 vice-président du groupe Ensemble pour la République à l'Assemblée. Issu d'HEC, docteur en sciences économiques, il a participé au programme pour l'emploi du président en 2017, avant d'être conseiller spécial de la ministre Muriel Pénicaud, inspirant les ordonnances travail et la première réforme de l'assurance chômage.

Petit-fils d'un président de la fédération Parti communiste français de Corse-du-Sud, Albert Ferracci, et fils de Pierre Ferracci, proche de la Confédération général des travailleurs, fondateur du groupe de conseil Alpha et accessoirement président du Paris FC, il a ensuite rejoint le cabinet de Jean Castex à Matignon, puis France Relance. Il a par ailleurs été rapporteur à l'Assemblée du projet de loi ouvrant la voie à une modulation de l'assurance chômage selon la conjoncture.

Marc Ferracci est un intime d'Emmanuel Macron, rencontré sur les bancs de Sciences Po Paris. Il est le témoin de mariage du président et vice versa, rapportait Le Monde en 2017. Sa compagne Sophie, avec qui il a deux enfants, a par ailleurs été la cheffe de cabinet de M. Macron.

Trois hommes, mais également trois femmes
Dans cette équipe, Laurence Garnier, sénatrice depuis 2020 et nommée à la Consommation, est connue plutôt pour ses positions b création d'un délit sanctionnant les pratiques relevant desdites thérapies de conversion.

La même année, la nouvelle secrétaire d'État a cependant piloté l'examen d'une proposition de loi du parti présidentiel pour une « égalité économique et professionnelle réelle », instaurant des quotas de femmes aux postes de direction dans les grandes entreprises. Mais en février dernier, elle a voté contre l'inscription dans la Constitution de la liberté d'avorter.

Encore tout récemment, cette ancienne cadre du groupe PSA Peugeot Citroën, vice-présidente de sa région entre 2015 et 2020, approuvait une proposition de loi sénatoriale visant à encadrer les transitions de genre chez les mineurs, en interdisant notamment la prescription d'hormones croisées et en conditionnant durement l'administration de « bloqueurs de puberté ».

Agnès Poussier-Winsback, qui récupère le poste de ministre déléguée à l'Économie sociale et solidaire, à l'Intéressement et à la Participation, est pour sa part l'une des deux membres du parti Horizons d'Édouard Philippe à rejoindre ce gouvernement, avec Paul Christophe, ministre des Solidarités, de l'Autonomie et de l'Égalité femmes-hommes.

Quant à la Savoyarde Marina Ferrari, 50 ans, issue du MoDem de François Bayrou et nommée ministre déléguée à l'Économie du tourisme, elle se trouve déjà à Bercy depuis février. Elle était jusqu'ici secrétaire d'État au Numérique. Elle a été élue députée en juin 2022, siégeant ensuite à la commission des finances au sein de l'Assemblée.   

Rfi

Dimanche 22 Septembre 2024 10:08


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