OUMAR BA, DIRECTEUR DE L’ONG ACTSOL: Le chef de l’Etat a des atouts pour ramener la paix en Casamance »
Directeur de l’Ong Actsol qui intervient en Casamance dans le domaine de l’accompagnement des couches démunies, Oumar Ba estime que la visite que le président, Macky Sall a effectuée en Casamance peut aider l’Etat à ramener la paix dans cette partie sud du Sénégal.
M. Bâ depuis plusieurs années vous intervenez en Casamance dans le cadre de la gestion du conflit et de relance économique de la région. Le Président de la république a effectué une visite en Casamance les 17,18 et 19 Mars, pour le lancement officiel du projet pôle de développement de la Casamance( Ppdc). Quelle lecture faites-vous de cette visite ?
La visite de son excellence M. le Président de la république en Casamance est un indicateur incontestable de son attachement à la région et de sa volonté d’impulser un processus développement économique et social durable. Il affiche clairement une vision de développement fondée sur la valorisation des potentialités naturelles de la région et l’instauration d’une paix définitive tant souhaitée et tant attendue par les fils et les filles de la Casamance. Le lancement du projet pôle de développement de la Casamance(Ppdc) prouve aussi que l’acte 3 de la décentralisation n’est pas une réforme de plus, une simple réforme administrative qui consiste à supprimer des régions et à créer de nouvelles communes. Le Ppdc révèle tous les contours économiques et sociaux de l’ACTE 3. Voilà un projet qui se fonde sur les cohérences géo écologiques, les réalités socioculturelles des trois régions pour concevoir et mettre en œuvre des objectifs spécifiques et caractéristiques de ces entités. Il s’agit notamment :
- du développement de l’horticulture et de la riziculture ;
- de la création d’emplois pour les jeunes et les femmes essentiellement dans les domaines agricoles ;
- du développement des chaines de valeurs agricoles ;
- de l’amélioration des conditions de mise en marché des produits agricoles, sans oublier le renforcement des initiatives de construction de la paix et de réinsertion des combattants.
La pertinence d’un tel projet pour la Casamance n’est pas discutable et le fait que le M. le président de la république vienne personnellement le lancer confirme et renforce sa crédibilité.
On a reproché au Président de la république de penser pouvoir développer la Casamance avec seulement 23 milliards alors qu’il faudrait beaucoup plus. Qu’en pensez-vous ?
Il me semble assez caricatural de dire que le M. Président de la république pense développer la Casamance avec seulement 23 milliards. M. le Président de la république compte sur un faisceau de projets et de programmes structurant qui vont concourir à la prise en charge des besoins de développement intégré de la Casamance. Ce que M. le Président de la république a fait déjà pour la Casamance est supérieur à 23 milliards. J’en veux juste pour preuve la réfection de la RN6 d’un coût global de 100 milliards environ. En plus de cela, il y’ a une série de projets et de programmes négociés avec le PNUD, la FAO, la coopération espagnole qui vont spécifiquement intervenir en Casamance. Dans le Cadre du plan Sénégal émergent(PSE) de nouvelles routes et pistes de production seront aménagées, et pratiquement, tous les ponts seront réfectionnés. Il s’y ajoute de grands projets et programmes d’envergure nationale tels que le FONSIS, le FONGIP, le projet de promotion de l’emploi des jeunes et des femmes( PAPEJF) sous la tutelle du Ministre Benoit Sambou, qui interviennent aussi en Casamance. La Banque Nationale pour le Développement Economique (BNDES) a aussi clairement exprimé son souhait de faire de la Casamance une zone prioritaire. Vous voyez donc que nous sommes trop loin des 23 milliards du PPDC. Ces 23 milliards c’est la cérise sur le gâteau que M. le Président de la république a réservé spécifiquement à la Casamance pour accompagner l’acte 3 de la décentralisation. C’est un honneur et une marque d’attention faits à la région. M. le Président de la république est une aubaine pour le développement de la Casamance et l’installation d’une paix définitive. C’est pour cela qu’il mérite d’être soutenu et accompagné dans ses initiatives de paix et de développement.
Pensez-vous que M. le Président Macky Sall, puisse ramener la paix en Casamance, quand on sait que ses prédécesseurs ont tous quitté le pouvoir sans y parvenir ?
Oui j’y crois fermement. Les actes posés, les résultats déjà obtenus et le style de l’homme dans le pilotage du dossier dit de la Casamance me confortent dans la conviction que le président dispose de tous les atouts pour ramener la paix et relancer économiquement et socialement la Casamance.
Quels sont ces atouts selon vous ?
D’abord la discrétion dans la gestion du dossier et dans les négociations. C’est essentiel dans la gestion de ce dossier. Le gouvernement fait preuve d’une parfaite discrétion malgré les avancées considérables et qui sont perceptibles pour ceux qui savent décrypter certains signes parmi lesquels la libération des otages retenus par Salif Sadio à la surprise générale de tout le monde. Le Président est un homme de rupture et sa démarche n’est pas politicienne. Elle s’adosse sur des valeurs humaines et républicaines qui forcent le respect de ses interlocuteurs et partenaires. L’autre atout M. le Président de la république c’est son ouverture vers toutes les bonnes volontés capables de contribuer réellement au règlement du conflit, sans esprit partisan. Il ne met donc pas de l’avant la recherche d’un gain politique pour son parti dans le règlement du conflit. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre l’implication et la responsabilisation de fortes personnalités comme Robert Sagna qui ne sont pas pourtant des militants de l’APR. Le rôle de l’argent, la multiplicité d’intermédiaires ont été bannis si non considérablement amoindris. M. le Président de la république ne fait pas aussi de la signature des accords de paix un préalable aux investissements pour le développement. Bien au contraire, il pense que les investissements massifs, le désenclavement, la prise en charge de la demande sociale sont des leviers importants dans l’accélération du processus de paix. Il s’y ajoute que le Président, tout en cultivant des relations de bon voisinage avec les pays limitrophes, sait faire preuve de fermeté pour faire respecter la souveraineté et l’intégrité du territoire national, décourageant ainsi toute complicité coupable avec le MFDC. Enfin, M. le Président jouit d’une forte notoriété et de crédibilité auprès des populations mais aussi de la communauté internationale. Voilà de manière générale, les atouts personnels dont dispose M. le Président Macky Sall et qui lui permettront de réussir là où ses prédécesseurs ont échoué, à venir à bout de la crise casamançaise.
Certains commentateurs semblent reprocher au président de la république le fait d’accepter de négocier en dehors du territoire national, ce que ses prédécesseurs ont toujours refusé. Qu’elle appréciation en faites vous ?
Ses prédécesseurs ne l’ont jamais accepté, mais ils n’ont jamais non plus réussi à ramener la paix définitive. Pourquoi alors le président devrait-il reconduire leurs méthodes et leurs procédés ? A mon humble avis, c’est un faux débat. Le règlement définitif de la crise qui a déstructuré l’économie régionale et plongé les populations dans une pauvreté presque absolue ne mérite-t-il pas au besoin d’aller jusqu’en chine pour chercher la paix ? Les négociations extérieures sont une pratique courante dans les conflits comme celui de la Casamance.
N’a-t-on pas vu le régime syrien et son opposition aller négocier en à Genève? Les sud- soudanais ne sont-ils sont pas allés négocier en Ethiopie pour ramener la paix dans leur pays ?
Il serait dommage de se focaliser sur ces considérations en passant sous silence les nombreux résultats enregistrés.
Vendredi 21 Mars 2014 - 16:56
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