09 heures passées. L’hôpital Aristide Le Dantec est drapé dans une ambiance pathétique. Une odeur piquante vous pénètre et vous donne la frousse dès l’entrée de l’établissement de santé. Les cris stridents de malades, mais parfois d’accompagnants angoissent. Il faut avoir un mental d’acier pour aller dans les profondeurs de cet hôpital.
Au fond à gauche, les visages sont lugubres et l’air trop lourd. Nous sommes à l’Institut Curie. La seule structure qui s’occupe des malades atteints du cancer. Le décor est quasi funeste. Avec des yeux hagards et absents, les occupants de cet espace physiquement sont présents mais les esprits déjà dans un autre monde.
Dans les couloirs et les salles de l’institut Curie, ce sont des chassées croisées. Les épaules s’entrechoquent sans que cela ne retienne l’attention de qui que ce soit. Médecins et infirmiers font la ronde matinale des salles, des cabines. Cette activité est perturbée par des cris qui fusent de partout.
F. Thiam: «Je vis la hantise de la mort»
Crispée. Les traits du visage bien visibles. Fatou Thiam s’est enroulée dans un lourd foulard. Ce qui explique peut-être ses grosses gouttes de sueur. La dame vit avec le cancer du sein.
Dans un monde, un pays où la féminité s’exprime par les seins, F. Thiam a rendu les armes. «Tous mes projets sont tombés à l’eau. Je ne peux plus penser à mon avenir, car ma vie n’a plus d’importance. J’ai supplié mes parents de ne pas m’hospitaliser. Ils ne font que gâcher leur argent. Je suis convaincue que je ne peux pas guérir», confesse la jeune dame avec désespoir.
La trentaine bien sonnée. F. Thiam revient sur les péripéties de sa maladie. «Il y a quelques mois, j’ai découvert une boule au niveau de mon sein droit. Après dépistage, on m’a dit que c’est le tueur silencieux (Cancer). A partir de ce jour-là, ma vie a brusquement basculé. Depuis ce funeste jour, j'ai des angoisses de mort, comme si je devais mourir du jour au lendemain. Et tous les matins, je me demande à qu’elle heure, la mort viendra me cherché », psalmodie F. Thiam.
A. Sow: « Je suis de famille riche mais je mendie pour avoir de quoi acheter mes ordonnances»
Hospitalisée depuis plus de cinq (5) mois à l’Institut Curie de l’hôpital Le Dantec de Dakar, A. Sow lutte pour sa survie face à cette maladie qui tue à petit feu.
Ennemi de la beauté féminine, le cancer du sein enlève à la femme sa splendeur rayonnante. Et, cette peulhe en est, malheureusement, la parfaite et triste illustration. A première vue, on ne peut s’empêcher de l’admirer. Malgré la maladie qui la ronge, une beauté naturelle foutanké est encore présente. Bien qu’elle est fanée par les conséquences désastreuses de la chimiothérapie sur le corps de la femme.
Teint clair. Svelte de taille avec des yeux de biche, A Sow séduit plus d’un. Elle est habillée en grand boubou avec un foulard bien ajusté. La foutanké vit le chagrin de l’amputation. «J’ai perdu mon sein gauche et ceci par manque de moyen».
Et de narrer : «il y a un (1) an, un abcès est sorti de mon sein droit. Aussitôt je suis allé chez le médecin. J’ai commencé un traitement qui malheureusement n’a fait qu’empirer les choses. Six (6) mois plutard, les choses se sont aggravées. C’est ainsi que je suis venue voir un médecin spécialiste qui m’a confirmé que c’était bel et bien un cancer du sein », raconte-t-elle avec un ton mélancolique.
«Si vous avez le cancer sans disposer de moyens nécessaires, c’est la mort à petit feu», se désole-t-elle. A. Sow s’est rabattue sur la mendicité pour la prise en charge de sa maladie. «Je n’ai personne pour m’assister. Mon mari n’a pas les moyens, c’est un simple menuisier, mes parents sont morts depuis des années», révèle la dame. Pire, relève-t-elle : «je suis d’une famille riche. Mes oncles et mes grands frères ont beaucoup d’argent. Ils ont des milliers de bœufs. Mais hélas!!! Personne n’aide personne maintenant. C’est pourquoi, je mendie pour avoir de quoi acheter mes ordonnances ».
«Ma fille est morte à cause des lenteurs des médecins»
Rencontré sur les marches des escaliers, ce père de famille est très en verve. Il est vêtu de jean noir assorti d’une chemise de couleur blanche. Casquette bien vissée à la tête, le sieur nous interpelle pour dénoncer la lenteur des médecins qui sont parfois à l’origine de certains cas de décès.
«Ma fille est morte ici, il y a un mois», souligne le monsieur la mort dans l’âme. Et de confesser : «elle avait 19 ans. Un jour, elle m’a dit qu’elle avait mal au genou. Je l’ai amené ici, à l’hôpital le Dantec où on l’a opérée. Deux (2) mois après son opération, les médecins sont revenus me dire qu’il fallait amputer le pied pour cause de métastase (propagation) de la maladie».
Mais, peste-t-il: «Tout cela est causé par les lenteurs des analyses faites au niveau de l’Anapathe et qui ont duré plus de deux (2) mois. Certes, C’est Dieu qui tue les êtres quand il veut et comment il le veut. Mais, je suis convaincu que si les résultats des analyses étaient sortis plutôt, peut-être que j’aurai pu sauver ma fille qui était très jeune et plein d’avenir. C’est dur très dur de perdre un être qui vous ait cher et jeune en plus».
Hôpital Général de Grand Yoff (HOGGY ex-CTO). Un autre hôpital. Un tout autre décor. Toutefois, les mêmes maux, les mêmes complaintes. Même si l’ambiance est plus gaie dans cet établissement du fait de la configuration des bâtiments, quand même c’est la litanie des patients n’a pas évolué. Ici, les malades qui souffrent du cancer ne sont pas aussi nombreux qu’à l’hôpital Aristide le Dantec.
«Mon mari m'a abandonné à cause de la maladie»
A l’entrée de la salle six (6), une maman, la quarantaine, qui ne donne pas son âge, affaiblie par la maladie, se confie. «Je suis malade depuis plus de deux (2) ans et je suis correctement mes traitements. Mais la maladie ne bouge pas d’une semelle», se désole-t-elle.
L’air très gêné. Quelques hésitations avant de se livrer. Les mots sortent à peine de sa bouche. Il ne s’agit pas simplement de la maladie. Elle a visiblement envie de sortie ce qu’elle a dans le cœur.
«Mon mari a pris une deuxième femme et m’a abandonné après un an de maladie. Nous avons eu quatre (4) enfants mais malgré cela, il n’a pas hésité à nous abandonner. Si mon état à empirer c’est en grande partie de sa faute. Maintenant, je laisse ma vie entre les mains de Dieu. Si je guéris, je rendrais grâce à DIEU et ce sera bien pour mes petits-enfants. Mais si je meurs, je me reposerais de cette souffrance extrême», lâche la dame la tête enfouie dans son foulard.
Enfin notre longue quête d’un être de sexe masculin a porté ses fruits. M. Faye, teint clair titille la trentaine. Nouvellement marié, il respire, à première vue, la forme. Mentalement, il paraît fort et semble ne pas être atteint par la maladie. «Je viens de découvrir que j’avais le cancer du foie, il y a environ trois (3) mois alors que je venais tout juste de prendre une épouse. Je l’ai vécu durement mais grâce au soutien de ma famille et de mon épouse, je tiens bon et je prie Dieu pour que ça continue comme ça même si dés fois la peur m’emporte», avance le sieur.
Coût et durée du traitement du cancer
Le traitement du cancer peut se faire en trois (3) étapes: la chirurgie, la chimiothérapie ou la radiothérapie. Et le coût moyen tourne entre deux (2) millions et 2.500. 000 F CFA.
L’intervention chirurgicale est le plus souvent suivie d'autres traitements comme la chimiothérapie ou la radiothérapie afin de prévenir les récidives et l'apparition ou le développement des métastases.
En cas de complication, le malade est mis sous traitement appelé chimiothérapie. Cette partie du traitement consiste à administrer des médicaments qui détruisent les cellules cancéreuses. A ce stade, le rythme et la durée du traitement varient en fonction de chaque cancer, de chaque patient et du protocole établi au cours des réunions de concertation pluridisciplinaire (RCP), tenues chaque mercredi à partir de 13 heures à l'Institut Curie à l'hôpital Aristide Le Dantec.
Habituellement le traitement du cancer et plus particulièrement le cancer du sein, dure six (6) mois. Mais en cas de récidive de la maladie et/ou lors de l'apparition de métastases, le traitement peut se prolonger, allant de un (1) à dix (10) ans.
Au fond à gauche, les visages sont lugubres et l’air trop lourd. Nous sommes à l’Institut Curie. La seule structure qui s’occupe des malades atteints du cancer. Le décor est quasi funeste. Avec des yeux hagards et absents, les occupants de cet espace physiquement sont présents mais les esprits déjà dans un autre monde.
Dans les couloirs et les salles de l’institut Curie, ce sont des chassées croisées. Les épaules s’entrechoquent sans que cela ne retienne l’attention de qui que ce soit. Médecins et infirmiers font la ronde matinale des salles, des cabines. Cette activité est perturbée par des cris qui fusent de partout.
F. Thiam: «Je vis la hantise de la mort»
Crispée. Les traits du visage bien visibles. Fatou Thiam s’est enroulée dans un lourd foulard. Ce qui explique peut-être ses grosses gouttes de sueur. La dame vit avec le cancer du sein.
Dans un monde, un pays où la féminité s’exprime par les seins, F. Thiam a rendu les armes. «Tous mes projets sont tombés à l’eau. Je ne peux plus penser à mon avenir, car ma vie n’a plus d’importance. J’ai supplié mes parents de ne pas m’hospitaliser. Ils ne font que gâcher leur argent. Je suis convaincue que je ne peux pas guérir», confesse la jeune dame avec désespoir.
La trentaine bien sonnée. F. Thiam revient sur les péripéties de sa maladie. «Il y a quelques mois, j’ai découvert une boule au niveau de mon sein droit. Après dépistage, on m’a dit que c’est le tueur silencieux (Cancer). A partir de ce jour-là, ma vie a brusquement basculé. Depuis ce funeste jour, j'ai des angoisses de mort, comme si je devais mourir du jour au lendemain. Et tous les matins, je me demande à qu’elle heure, la mort viendra me cherché », psalmodie F. Thiam.
A. Sow: « Je suis de famille riche mais je mendie pour avoir de quoi acheter mes ordonnances»
Hospitalisée depuis plus de cinq (5) mois à l’Institut Curie de l’hôpital Le Dantec de Dakar, A. Sow lutte pour sa survie face à cette maladie qui tue à petit feu.
Ennemi de la beauté féminine, le cancer du sein enlève à la femme sa splendeur rayonnante. Et, cette peulhe en est, malheureusement, la parfaite et triste illustration. A première vue, on ne peut s’empêcher de l’admirer. Malgré la maladie qui la ronge, une beauté naturelle foutanké est encore présente. Bien qu’elle est fanée par les conséquences désastreuses de la chimiothérapie sur le corps de la femme.
Teint clair. Svelte de taille avec des yeux de biche, A Sow séduit plus d’un. Elle est habillée en grand boubou avec un foulard bien ajusté. La foutanké vit le chagrin de l’amputation. «J’ai perdu mon sein gauche et ceci par manque de moyen».
Et de narrer : «il y a un (1) an, un abcès est sorti de mon sein droit. Aussitôt je suis allé chez le médecin. J’ai commencé un traitement qui malheureusement n’a fait qu’empirer les choses. Six (6) mois plutard, les choses se sont aggravées. C’est ainsi que je suis venue voir un médecin spécialiste qui m’a confirmé que c’était bel et bien un cancer du sein », raconte-t-elle avec un ton mélancolique.
«Si vous avez le cancer sans disposer de moyens nécessaires, c’est la mort à petit feu», se désole-t-elle. A. Sow s’est rabattue sur la mendicité pour la prise en charge de sa maladie. «Je n’ai personne pour m’assister. Mon mari n’a pas les moyens, c’est un simple menuisier, mes parents sont morts depuis des années», révèle la dame. Pire, relève-t-elle : «je suis d’une famille riche. Mes oncles et mes grands frères ont beaucoup d’argent. Ils ont des milliers de bœufs. Mais hélas!!! Personne n’aide personne maintenant. C’est pourquoi, je mendie pour avoir de quoi acheter mes ordonnances ».
«Ma fille est morte à cause des lenteurs des médecins»
Rencontré sur les marches des escaliers, ce père de famille est très en verve. Il est vêtu de jean noir assorti d’une chemise de couleur blanche. Casquette bien vissée à la tête, le sieur nous interpelle pour dénoncer la lenteur des médecins qui sont parfois à l’origine de certains cas de décès.
«Ma fille est morte ici, il y a un mois», souligne le monsieur la mort dans l’âme. Et de confesser : «elle avait 19 ans. Un jour, elle m’a dit qu’elle avait mal au genou. Je l’ai amené ici, à l’hôpital le Dantec où on l’a opérée. Deux (2) mois après son opération, les médecins sont revenus me dire qu’il fallait amputer le pied pour cause de métastase (propagation) de la maladie».
Mais, peste-t-il: «Tout cela est causé par les lenteurs des analyses faites au niveau de l’Anapathe et qui ont duré plus de deux (2) mois. Certes, C’est Dieu qui tue les êtres quand il veut et comment il le veut. Mais, je suis convaincu que si les résultats des analyses étaient sortis plutôt, peut-être que j’aurai pu sauver ma fille qui était très jeune et plein d’avenir. C’est dur très dur de perdre un être qui vous ait cher et jeune en plus».
Hôpital Général de Grand Yoff (HOGGY ex-CTO). Un autre hôpital. Un tout autre décor. Toutefois, les mêmes maux, les mêmes complaintes. Même si l’ambiance est plus gaie dans cet établissement du fait de la configuration des bâtiments, quand même c’est la litanie des patients n’a pas évolué. Ici, les malades qui souffrent du cancer ne sont pas aussi nombreux qu’à l’hôpital Aristide le Dantec.
«Mon mari m'a abandonné à cause de la maladie»
A l’entrée de la salle six (6), une maman, la quarantaine, qui ne donne pas son âge, affaiblie par la maladie, se confie. «Je suis malade depuis plus de deux (2) ans et je suis correctement mes traitements. Mais la maladie ne bouge pas d’une semelle», se désole-t-elle.
L’air très gêné. Quelques hésitations avant de se livrer. Les mots sortent à peine de sa bouche. Il ne s’agit pas simplement de la maladie. Elle a visiblement envie de sortie ce qu’elle a dans le cœur.
«Mon mari a pris une deuxième femme et m’a abandonné après un an de maladie. Nous avons eu quatre (4) enfants mais malgré cela, il n’a pas hésité à nous abandonner. Si mon état à empirer c’est en grande partie de sa faute. Maintenant, je laisse ma vie entre les mains de Dieu. Si je guéris, je rendrais grâce à DIEU et ce sera bien pour mes petits-enfants. Mais si je meurs, je me reposerais de cette souffrance extrême», lâche la dame la tête enfouie dans son foulard.
Enfin notre longue quête d’un être de sexe masculin a porté ses fruits. M. Faye, teint clair titille la trentaine. Nouvellement marié, il respire, à première vue, la forme. Mentalement, il paraît fort et semble ne pas être atteint par la maladie. «Je viens de découvrir que j’avais le cancer du foie, il y a environ trois (3) mois alors que je venais tout juste de prendre une épouse. Je l’ai vécu durement mais grâce au soutien de ma famille et de mon épouse, je tiens bon et je prie Dieu pour que ça continue comme ça même si dés fois la peur m’emporte», avance le sieur.
Coût et durée du traitement du cancer
Le traitement du cancer peut se faire en trois (3) étapes: la chirurgie, la chimiothérapie ou la radiothérapie. Et le coût moyen tourne entre deux (2) millions et 2.500. 000 F CFA.
L’intervention chirurgicale est le plus souvent suivie d'autres traitements comme la chimiothérapie ou la radiothérapie afin de prévenir les récidives et l'apparition ou le développement des métastases.
En cas de complication, le malade est mis sous traitement appelé chimiothérapie. Cette partie du traitement consiste à administrer des médicaments qui détruisent les cellules cancéreuses. A ce stade, le rythme et la durée du traitement varient en fonction de chaque cancer, de chaque patient et du protocole établi au cours des réunions de concertation pluridisciplinaire (RCP), tenues chaque mercredi à partir de 13 heures à l'Institut Curie à l'hôpital Aristide Le Dantec.
Habituellement le traitement du cancer et plus particulièrement le cancer du sein, dure six (6) mois. Mais en cas de récidive de la maladie et/ou lors de l'apparition de métastases, le traitement peut se prolonger, allant de un (1) à dix (10) ans.
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