La crise du secteur de l’énergie que traverse le Sénégal est à ce point grave qu’elle devrait transcender les divergences d’opinions politiques. Il est du devoir de tout homme politique de proposer des solutions.
Tout a été dit sur la gravité et les causes de cette crise du secteur, devenue structurelle. Nous en subissons chaque jour les conséquences. Nous avons tous entendu des histoires de délestage qui empêchent d’opérer des malades. Nous connaissons tous des foyers obligés de jeter le contenu du congélateur. Nous avons croisé le tailleur dont les jambes soudain se sont mises à pédaler dans le vide, faute d’électricité. Nous avons entendu la plainte des industriels obligés d’arrêter des usines. Nous savons comme il est difficile pour eux de continuer à y croire, à se battre pour gagner des contrats sans être certains de pouvoir les exécuter. Nous n’ignorons rien de l’angoisse de parents dont les enfants le soir doivent se résoudre à réviser les leçons à la maigre lueur des bougies.
Devant cette situation, le Gouvernement a lancé des projets (centrales nucléaires et autres) qui laissent sceptiques nos concitoyens lassés des promesses sans lendemain.
Les réactions de plus en plus violentes aux coupures d’électricité sont la preuve d’un sentiment d’exaspération grandissant. Si nous n’y prenons garde, ce sont les fondements même de notre nation qui seront ébranlés et l’autorité de l’Etat qui s’en trouvera affaiblie. Il n’est de l’intérêt de personne que nous en arrivions à cette situation. Nous devons au peuple sénégalais des solutions rapides.
J’en propose une. Elle comporte deux volets. Elle règlera très rapidement le problème de la fourniture de courant. Elle pose les bases d’une refonte du secteur. Elle a fait ses preuves dans des pays aussi différents que le Kenya ou le Bengladesh. Elle a permis à l’Afrique du Sud d’organiser sa coupe du monde et de faire face à une demande d’électricité qui a augmenté de manière significative pendant cette période.
Dans l’urgence, je propose les solutions suivantes :
A. Faire appel à des professionnels qui louent des centrales de production d’électricité qui peuvent être installées dans des délais très courts en tout point du territoire national pour être reliées au réseau Senelec.
Pendant la grande sécheresse de 2000 qui a vu la production d’électricité du Kenya baisser de plus des deux tiers, plus de 100 MW de capacités temporaires ont été installées. Les rapports de la Banque Mondiale indiquent que sans ces installations provisoires ce pays aurait perdu en neuf mois 200 Milliards de francs Cfa !! Le coût des coupures intempestives se chiffrent pour notre économie à des centaines de Milliards de francs Cfa par an.
B) Créer à côté de la Commission de Régulation du secteur de l’Electricité, un Comité National de l’Energie dirigé par un expert qualifié issu du secteur privé et comprenant des représentants des consommateurs, de la société civile, des entreprises et de la Senelec. Il sera chargé de lancer les appels d’offres d’attribuer les marchés et d’effectuer les règlements nécessaires dans la transparence. Les financements viendront d’une part d’un prélèvement de 15 à 20 francs CFA par litre de carburant vendu et de contributions des bailleurs de fonds qui voudront certainement nous accompagner dans notre effort. Ces fonds versés dans un compte séquestre ouvert dans une banque de la place serviront à payer les fournisseurs et permettront de lisser la différence entre le prix de l’énergie produite par les centrales d’urgence et le prix facturé aujourd’hui par la Senelec. Il convient en effet de veiller à ce que l’usager ne paie pas son courant plus cher tout en s’assurant qu’il bénéficie d’un service de meilleure qualité. Pour mémoire, nous rappellerons que ce ne sera pas la première fois que des mesures fiscales exceptionnelles seraient prises pour faire face à une crise dans le secteur de l’énergie. Entre 2006 et 2009 le consommateur sénégalais a payé un surcoût de 35 francs CFA par litre de carburant pour alimenter un fonds qui a servi à éponger une dette de 85 milliards de la Sar envers ses fournisseurs et les banques.
Certes on pourrait augmenter simplement le prix de l’électricité. Cela me paraitrait particulièrement injuste envers les ménages les plus modestes qui en proportion de leurs revenus disponibles seraient plus pénalisés
C) Acheter les excédents de fuel disponible dans la sous-région. Notre pays a toujours été à l’avant-garde dans la construction de l’Uemoa. Nous autres leaders politiques sénégalais de quelque bord que nous soyons avons toujours entretenu d’excellentes relations avec nos homologues ivoiriens. De part et d’autre existe, parmi les hommes politiques, une réelle volonté de renforcer la coopération entre les deux pays. Il se trouve précisément que, d’après mes informations, la raffinerie de Cote d’Ivoire est excédentaire en produits pétroliers et exporte son surplus ; il se trouve que la production de la Sar en attendant la réalisation de son programme d’expansion ne suffit pas à satisfaire la demande nationale en diesel. Il se trouve enfin que l’Etat sénégalais et l’Etat ivoirien sont majoritaires dans le capital de chacune des raffineries installées dans son pays. Je suis convaincu, que sous l’impulsion des gouvernements les deux unités industrielles peuvent se mettre autour d’une table, optimiser leurs production, et avoir des accords d’achat et de vente de leur produit pour le plus grand bien des consommateurs. La transparence dans les contrats d’approvisionnement de la Senelec sera ainsi garantie et les coûts baisseront de manière significative.
Sur un plan plus structurel, cette crise est d’une telle ampleur que nous devons explorer toutes les voies qui peuvent s’offrir à nous pour en sortir de manière durable. Je ne reviendrai pas sur l’urgence qu’il y’a à améliorer la gestion de la Senelec, ni sur l’impératif d’une meilleure planification des investissements. Qu’il me suffise simplement d’indiquer que parmi les problèmes de nature structurelle, celui d’encourager la production privée, notamment celle des énergies renouvelables me semble le plus important tout en laissant à l’Etat le monopole du transport. Cela ouvrira la porte du secteur à des investisseurs qui demain essaimeront dans la région. Cela fera entrer la partie production de Senelec dans un cercle vertueux car elle sera en concurrence avec des producteurs indépendants. Nous tenons là les moyens de créer, comme dans le domaine des télécommunications, un champion régional dans le secteur.
Beaucoup a déjà été dit sur la nécessité d’instaurer un climat de confiance avec les bailleurs de fonds, seuls capables de nous accompagner sur des investissements à long terme et qui mobilisent des montants importants. C’est à ce prix que les financements nécessaires seront mis en place pour permettre par exemple l’interconnexion des réseaux en Afrique de l’Ouest et du Centre. Cette interconnexion est indispensable pour que nous puissions recevoir, le cas échéant, l’excédent de production hydroélectrique de la zone OMVS, OMVG. Les 100 MW de Gouina (en cours de discussions), les 60 MW de Félou (en cours de construction), à la suite des 205 MW de Manantali (déjà disponibles), seront un soulagement pour nos populations, en termes de quantité et de prix, l’hydroélectricité étant largement moins chère que l’électricité thermique actuellement produite.
Mais c’est aussi le moment d’être audacieux dans notre approche et d’oser aller vers d’autres voies moins conventionnelles.
1) Le développement de la production privée d’électricité est certainement un des domaines qui pourraient être explorés avec les industriels. En effet un certain nombre d’unités industrielles de taille importante à l’échelle du pays, Suneor, la Sococim, les Ciments du Sahel, la CSS, les ICS, disposent aujourd’hui de capacités de production propres qui leur permettent de s’affranchir du réseau Senelec et de ne pas connaître d’interruptions dans leur activité en cas de délestage. Je propose de mettre en place les incitations fiscales nécessaires pour les amener à augmenter leurs capacités et à vendre le surplus de production à Senelec. Je propose également d’encourager ces producteurs à céder une partie de la production à Senelec notamment dans les zones non desservies et aux heures pour lesquelles ces usines ne sont pas en plein régime. Cela devra se faire naturellement en concertation avec les investisseurs car il s’agira pour eux d’être assurés qu’ils seront payés ou qu’ils pourront déduire de leurs impôts le prix du courant vendu à la société nationale d’électricité. Si la CSS augmentait ses capacités de manière à fournir une partie de l’électricité nécessaire à la région de Saint Louis, si la Sococim en faisait de même pour servir Rufisque, il y’a fort à parier que tout le monde s’y retrouverait. Ce serait par ailleurs une manière de résoudre pour partie le problème des pertes importantes liées au transport et de faire baisser les coûts.
Parmi les unités industrielles dont nous avons parlé plus haut, nous n’avons pas à dessein inclus la Sar. Je m’étais laissé dire il y’a quelques années que notre raffinerie était excédentaire en essence et en naphta et qu’au lieu d’exporter ce dernier produit à des prix bas, il y’aurait quelque sens à le garder chez nous et à l’utiliser pour produire de l’électricité. Cela améliorerait la situation financière de la SAR. Je ne sais pas où en est ce projet. Ce que je sais en revanche, c’est qu’il m’a été donné de voir tourner il ya quelques années des centrales naphta dans d’autres pays du continent. Là aussi il me semble qu’il y’a une réflexion à mener lorsque l’on sait la qualité des ingénieurs que nous avons dans les deux entreprises.
2) Comme maire de Thiès j’ai mis en place un éclairage des rues en partie solaire. Pape Diop maire de Dakar à l’époque a signé en 2008 une convention de dix millions d’euros avec l’AFD pour développer l’éclairage public au solaire dans Dakar.
Je vois cette source d’énergie comme un puissant moyen à utiliser dans le cadre de programmes d’économies d’énergie. Cela passe par un travail étroit avec les collectivités locales du pays pour ce qui est de l’éclairage public, mais aussi par le lancement de grandes campagnes d’économies d’énergie. Je propose dans ce cadre qu’il y ait davantage d’incitations fiscales pour tous les équipements solaires. Cette mesure fera baisser les prix d’accès à cette énergie et incitera les ménages à envisager plus facilement le remplacement de tout ce qui est éclairage extérieur dans nos maisons par du solaire. Nous avons les compétences techniques dans le pays. Nous pouvons avec l’aide de partenaires étrangers investir massivement dans le secteur. Créer au Sénégal un pôle d’excellence dans le solaire en Afrique subsaharienne est à notre portée. S’y ajoute qu’une telle politique soulagera le réseau Senelec, supprimera une partie des groupes électrogènes dont le ronflement trouble de plus en plus le sommeil de paisibles citoyens dans nos quartiers et libérera de la capacité de production pour les autres usages.
Voila quelques unes des réflexions que m’inspire la situation du secteur de l’énergie.
Les joueurs de la Linguère et de la Ja, ceux du Djaraf, du Casa-sport et de l’Us Rail, et tous les autres, savent se fondre dans l’équipe nationale, pour honorer le drapeau du Sénégal dans les compétitions internationales. Cela devrait inspirer le PS et le PDS, la Ld et l’AFP, AJ et le PIT ainsi que toutes les formations politiques de notre pays. Et les inciter à s’unir quand l’intérêt suprême de la nation le commande : la paix en Casamance et le rayonnement du Sénégal en Afrique et dans le monde, la défense de la démocratie dans notre pays et la solution au problème vital de l’énergie.
L’heure est venue sur ce dernier sujet pour tous les hommes de bonne volonté de notre pays de se mettre ensemble pour trouver les solutions.
Idrissa Seck
Ancien Premier Ministre du Sénégal
Maire de Thiés
Membre du Comité Directeur du PDS
Tout a été dit sur la gravité et les causes de cette crise du secteur, devenue structurelle. Nous en subissons chaque jour les conséquences. Nous avons tous entendu des histoires de délestage qui empêchent d’opérer des malades. Nous connaissons tous des foyers obligés de jeter le contenu du congélateur. Nous avons croisé le tailleur dont les jambes soudain se sont mises à pédaler dans le vide, faute d’électricité. Nous avons entendu la plainte des industriels obligés d’arrêter des usines. Nous savons comme il est difficile pour eux de continuer à y croire, à se battre pour gagner des contrats sans être certains de pouvoir les exécuter. Nous n’ignorons rien de l’angoisse de parents dont les enfants le soir doivent se résoudre à réviser les leçons à la maigre lueur des bougies.
Devant cette situation, le Gouvernement a lancé des projets (centrales nucléaires et autres) qui laissent sceptiques nos concitoyens lassés des promesses sans lendemain.
Les réactions de plus en plus violentes aux coupures d’électricité sont la preuve d’un sentiment d’exaspération grandissant. Si nous n’y prenons garde, ce sont les fondements même de notre nation qui seront ébranlés et l’autorité de l’Etat qui s’en trouvera affaiblie. Il n’est de l’intérêt de personne que nous en arrivions à cette situation. Nous devons au peuple sénégalais des solutions rapides.
J’en propose une. Elle comporte deux volets. Elle règlera très rapidement le problème de la fourniture de courant. Elle pose les bases d’une refonte du secteur. Elle a fait ses preuves dans des pays aussi différents que le Kenya ou le Bengladesh. Elle a permis à l’Afrique du Sud d’organiser sa coupe du monde et de faire face à une demande d’électricité qui a augmenté de manière significative pendant cette période.
Dans l’urgence, je propose les solutions suivantes :
A. Faire appel à des professionnels qui louent des centrales de production d’électricité qui peuvent être installées dans des délais très courts en tout point du territoire national pour être reliées au réseau Senelec.
Pendant la grande sécheresse de 2000 qui a vu la production d’électricité du Kenya baisser de plus des deux tiers, plus de 100 MW de capacités temporaires ont été installées. Les rapports de la Banque Mondiale indiquent que sans ces installations provisoires ce pays aurait perdu en neuf mois 200 Milliards de francs Cfa !! Le coût des coupures intempestives se chiffrent pour notre économie à des centaines de Milliards de francs Cfa par an.
B) Créer à côté de la Commission de Régulation du secteur de l’Electricité, un Comité National de l’Energie dirigé par un expert qualifié issu du secteur privé et comprenant des représentants des consommateurs, de la société civile, des entreprises et de la Senelec. Il sera chargé de lancer les appels d’offres d’attribuer les marchés et d’effectuer les règlements nécessaires dans la transparence. Les financements viendront d’une part d’un prélèvement de 15 à 20 francs CFA par litre de carburant vendu et de contributions des bailleurs de fonds qui voudront certainement nous accompagner dans notre effort. Ces fonds versés dans un compte séquestre ouvert dans une banque de la place serviront à payer les fournisseurs et permettront de lisser la différence entre le prix de l’énergie produite par les centrales d’urgence et le prix facturé aujourd’hui par la Senelec. Il convient en effet de veiller à ce que l’usager ne paie pas son courant plus cher tout en s’assurant qu’il bénéficie d’un service de meilleure qualité. Pour mémoire, nous rappellerons que ce ne sera pas la première fois que des mesures fiscales exceptionnelles seraient prises pour faire face à une crise dans le secteur de l’énergie. Entre 2006 et 2009 le consommateur sénégalais a payé un surcoût de 35 francs CFA par litre de carburant pour alimenter un fonds qui a servi à éponger une dette de 85 milliards de la Sar envers ses fournisseurs et les banques.
Certes on pourrait augmenter simplement le prix de l’électricité. Cela me paraitrait particulièrement injuste envers les ménages les plus modestes qui en proportion de leurs revenus disponibles seraient plus pénalisés
C) Acheter les excédents de fuel disponible dans la sous-région. Notre pays a toujours été à l’avant-garde dans la construction de l’Uemoa. Nous autres leaders politiques sénégalais de quelque bord que nous soyons avons toujours entretenu d’excellentes relations avec nos homologues ivoiriens. De part et d’autre existe, parmi les hommes politiques, une réelle volonté de renforcer la coopération entre les deux pays. Il se trouve précisément que, d’après mes informations, la raffinerie de Cote d’Ivoire est excédentaire en produits pétroliers et exporte son surplus ; il se trouve que la production de la Sar en attendant la réalisation de son programme d’expansion ne suffit pas à satisfaire la demande nationale en diesel. Il se trouve enfin que l’Etat sénégalais et l’Etat ivoirien sont majoritaires dans le capital de chacune des raffineries installées dans son pays. Je suis convaincu, que sous l’impulsion des gouvernements les deux unités industrielles peuvent se mettre autour d’une table, optimiser leurs production, et avoir des accords d’achat et de vente de leur produit pour le plus grand bien des consommateurs. La transparence dans les contrats d’approvisionnement de la Senelec sera ainsi garantie et les coûts baisseront de manière significative.
Sur un plan plus structurel, cette crise est d’une telle ampleur que nous devons explorer toutes les voies qui peuvent s’offrir à nous pour en sortir de manière durable. Je ne reviendrai pas sur l’urgence qu’il y’a à améliorer la gestion de la Senelec, ni sur l’impératif d’une meilleure planification des investissements. Qu’il me suffise simplement d’indiquer que parmi les problèmes de nature structurelle, celui d’encourager la production privée, notamment celle des énergies renouvelables me semble le plus important tout en laissant à l’Etat le monopole du transport. Cela ouvrira la porte du secteur à des investisseurs qui demain essaimeront dans la région. Cela fera entrer la partie production de Senelec dans un cercle vertueux car elle sera en concurrence avec des producteurs indépendants. Nous tenons là les moyens de créer, comme dans le domaine des télécommunications, un champion régional dans le secteur.
Beaucoup a déjà été dit sur la nécessité d’instaurer un climat de confiance avec les bailleurs de fonds, seuls capables de nous accompagner sur des investissements à long terme et qui mobilisent des montants importants. C’est à ce prix que les financements nécessaires seront mis en place pour permettre par exemple l’interconnexion des réseaux en Afrique de l’Ouest et du Centre. Cette interconnexion est indispensable pour que nous puissions recevoir, le cas échéant, l’excédent de production hydroélectrique de la zone OMVS, OMVG. Les 100 MW de Gouina (en cours de discussions), les 60 MW de Félou (en cours de construction), à la suite des 205 MW de Manantali (déjà disponibles), seront un soulagement pour nos populations, en termes de quantité et de prix, l’hydroélectricité étant largement moins chère que l’électricité thermique actuellement produite.
Mais c’est aussi le moment d’être audacieux dans notre approche et d’oser aller vers d’autres voies moins conventionnelles.
1) Le développement de la production privée d’électricité est certainement un des domaines qui pourraient être explorés avec les industriels. En effet un certain nombre d’unités industrielles de taille importante à l’échelle du pays, Suneor, la Sococim, les Ciments du Sahel, la CSS, les ICS, disposent aujourd’hui de capacités de production propres qui leur permettent de s’affranchir du réseau Senelec et de ne pas connaître d’interruptions dans leur activité en cas de délestage. Je propose de mettre en place les incitations fiscales nécessaires pour les amener à augmenter leurs capacités et à vendre le surplus de production à Senelec. Je propose également d’encourager ces producteurs à céder une partie de la production à Senelec notamment dans les zones non desservies et aux heures pour lesquelles ces usines ne sont pas en plein régime. Cela devra se faire naturellement en concertation avec les investisseurs car il s’agira pour eux d’être assurés qu’ils seront payés ou qu’ils pourront déduire de leurs impôts le prix du courant vendu à la société nationale d’électricité. Si la CSS augmentait ses capacités de manière à fournir une partie de l’électricité nécessaire à la région de Saint Louis, si la Sococim en faisait de même pour servir Rufisque, il y’a fort à parier que tout le monde s’y retrouverait. Ce serait par ailleurs une manière de résoudre pour partie le problème des pertes importantes liées au transport et de faire baisser les coûts.
Parmi les unités industrielles dont nous avons parlé plus haut, nous n’avons pas à dessein inclus la Sar. Je m’étais laissé dire il y’a quelques années que notre raffinerie était excédentaire en essence et en naphta et qu’au lieu d’exporter ce dernier produit à des prix bas, il y’aurait quelque sens à le garder chez nous et à l’utiliser pour produire de l’électricité. Cela améliorerait la situation financière de la SAR. Je ne sais pas où en est ce projet. Ce que je sais en revanche, c’est qu’il m’a été donné de voir tourner il ya quelques années des centrales naphta dans d’autres pays du continent. Là aussi il me semble qu’il y’a une réflexion à mener lorsque l’on sait la qualité des ingénieurs que nous avons dans les deux entreprises.
2) Comme maire de Thiès j’ai mis en place un éclairage des rues en partie solaire. Pape Diop maire de Dakar à l’époque a signé en 2008 une convention de dix millions d’euros avec l’AFD pour développer l’éclairage public au solaire dans Dakar.
Je vois cette source d’énergie comme un puissant moyen à utiliser dans le cadre de programmes d’économies d’énergie. Cela passe par un travail étroit avec les collectivités locales du pays pour ce qui est de l’éclairage public, mais aussi par le lancement de grandes campagnes d’économies d’énergie. Je propose dans ce cadre qu’il y ait davantage d’incitations fiscales pour tous les équipements solaires. Cette mesure fera baisser les prix d’accès à cette énergie et incitera les ménages à envisager plus facilement le remplacement de tout ce qui est éclairage extérieur dans nos maisons par du solaire. Nous avons les compétences techniques dans le pays. Nous pouvons avec l’aide de partenaires étrangers investir massivement dans le secteur. Créer au Sénégal un pôle d’excellence dans le solaire en Afrique subsaharienne est à notre portée. S’y ajoute qu’une telle politique soulagera le réseau Senelec, supprimera une partie des groupes électrogènes dont le ronflement trouble de plus en plus le sommeil de paisibles citoyens dans nos quartiers et libérera de la capacité de production pour les autres usages.
Voila quelques unes des réflexions que m’inspire la situation du secteur de l’énergie.
Les joueurs de la Linguère et de la Ja, ceux du Djaraf, du Casa-sport et de l’Us Rail, et tous les autres, savent se fondre dans l’équipe nationale, pour honorer le drapeau du Sénégal dans les compétitions internationales. Cela devrait inspirer le PS et le PDS, la Ld et l’AFP, AJ et le PIT ainsi que toutes les formations politiques de notre pays. Et les inciter à s’unir quand l’intérêt suprême de la nation le commande : la paix en Casamance et le rayonnement du Sénégal en Afrique et dans le monde, la défense de la démocratie dans notre pays et la solution au problème vital de l’énergie.
L’heure est venue sur ce dernier sujet pour tous les hommes de bonne volonté de notre pays de se mettre ensemble pour trouver les solutions.
Idrissa Seck
Ancien Premier Ministre du Sénégal
Maire de Thiés
Membre du Comité Directeur du PDS