«Il n’y a aucun nuage entre Idrissa Seck et moi. Quand il s’est agi d’aller à Touba présenter les condoléances, je leur ai dit que je ne pouvais pas aller hier (lundi) et y retourner jeudi. Je dois aller jeudi à Touba avec ma famille», confie Pape Diouf, joint par téléphone. Interpelé sur le fait que son nom a été avancé pour «Jusqu’au moment où nous : un poste ministériel, notre interlocuteur renseigne parlons, je n’ai pas été contacté pour qui que ce soit, ni par le Président (Wade), encore moins par une autre personne.» Par ces mots, l’ancien ministre de l’Agriculture sous l’ère Wade coupe court aux rumeurs qui interprétaient son absence du voyage du maire de Thiès à Touba par un rapprochement avec le chef de l’Etat. Toujours au cours de l’entretien téléphonique, l’ex-directeur des structures de l’ex-Rewmi, a laissé entendre «Ce n’est pas à mon âge que je trahirais».
«Avant de rappeler en 1996, j’étais l’un des rares responsables du Parti démocratique sénégalais (Pds) à avoir remporté les élections chez lui (élections régionales, municipales et rurales qui avaient permis à la liste Sopi de gagner la communauté rurale de Lambaye) et le pouvoir d’alors m’avait fait toutes sortes de propositions que j’avais déclinées. Donc, ce n’est pas aujourd’hui que je vais trahir.»
«Toutefois, Pape Diouf avertit faudrait pas que, si demain, on me voit nommé à tel ou tel poste, que les gens pensent que j’ai trahi. Mon parcours scolaire, estudiantin et professionnel me permet d’occuper n’importe quel poste, même celui de président de la République.» Si présentement, des rumeurs persistantes font état de la nomination prochaine de Pape Diouf au poste de ministre d’Etat à la Présidence, c’est que l’homme a été toujours apprécié par Wade et cela au plus profond de la crise entre le chef de l’Etat et Idrissa Seck. Pape Diouf, qui a été exclu en même temps que Oumar Sarr, Awa Guèye Kébé (celle-ci a été nommée hier ministre d’Etat auprès du président : Ndlr) et Idrissa Seck de la formation libérale, a été approché par Wade qui n’avait pas hésité à le recevoir en audience en compagnie de Ibrahima Khalil Fall, président du Conseil rural de Keur Samba Kane. Wade n’a pas été le seul à courtiser l’ancien édile de Bambey. Awa Diop, 2e questeur à l’Assemblée nationale et présidente nationale des femmes libérales répondant à une interpellation de certaines de ses sœurs qui affichaient leur préférence pour Pape Diouf disait : «Depuis ce matin, nous avons tout tenté pour que Pape Diouf soit présent car nous le préférons aux autres; il nous disait qu’il était en route. Nous l’avons joint par téléphone pour Touba. Même la Présidence a tout tenté, mais en vain.»
C’était le 10 février 2006 à Bambey, lors des opérations de restructuration du Pds, conduites par Macky Sall, alors numéro 2 du Pds. C’est dire que l’homme présenté par ses camarades comme une personne très honnête est un sérère pur jus. Une ethnie où les populations ont encore le sens de l’honneur et ne trichent jamais. Une fois qu’elles vous donnent leur parole, c’est pour toute la vie.
Et ce sont ces qualités qui font que le n°2 du défunt parti Rewmi est présenté comme un non-politique, parce que ne connaissant pas les courbettes. Jusqu’à présent, il a résisté aux sirènes de Wade et de la puissante machine libérale.