Parlons-en maintenant !

Depuis sa participation à la présidentielle de février 2007 ponctuée par un cuisant échec électoral, AND JEF notre unique expérience politique, vit sous perfusion. Cette situation résulte de crises multiformes sur fond de frondes et de scissions, point d’orgue d’un débat d’arrière-garde entre « capitulards » et anges gardiens de la « voie de l’autonomie populaire ». Ces querelles, pire gangrène du parti depuis sa naissance, continuent de le miner sans que les réels problèmes ne soient abordés. Si on n’y prend garde, elles risquent de sonner son glas, et ce faisant liquider le fruit des sacrifices de plusieurs générations.







Pour nous, il s’agit de tremper notre plume dans notre courage, pour reconnaitre une erreur et dire sur un ton lucide et véridique qu’un changement de personnel s’impose à tous les niveaux du parti. Au préalable, il me semble utile de faire un round up pour voir comment nous nous sommes comportés depuis 2000 pour en arriver en cette situation. La profonde aspiration du peuple sénégalais au changement que AND JEF, avec d’autres forces politiques et sociales a encadrée de 1998 à 2000, nous a valu l’avènement de l’alternance démocratique. Cette victoire d’étape pour notre parti dont l’objectif ultime était la conquête pacifique du pouvoir, devait stimuler davantage nos efforts pour l’avènement de ce fameux « Grand Soir ». Mais hélas, certains d’entre nous ont vite, dans l’euphorie de la victoire et l’envie de la réjouissance, enterré l’arme de guerre pour participer au festin de la bonne chasse. Les uns fascinés par le lambris dorés du pouvoir, les autres obnubilés par des strapontins, ils se sont tous engouffrés dans les brèches cherchées et trouvées, pour goûter au confort douillet du pouvoir. Ce faisant, nous étions devenus en quelques mois méconnaissables aux yeux des sénégalais. L’absence jusqu’en 2007, d’une autocritique sincère, après évaluation exhaustive et sans complaisance de notre participation au gouvernement, a été à l’origine de la déculottée inattendue au soir du scrutin présidentiel. Naturellement, nous avons fait face, ensemble, à deux reprises quand des courants aux objectifs inavoués se sont déclarés dans les rangs.
• Le premier qui donnera après Yonu Askan Wi plus ancré dans la ligne et dans les valeurs de AND JEF, mais moins cohérent dans la démarche. Notre problème, avec ce courant, résidait dans le fait que pour nous, toute velléité de recentrage et de réorientation devait découler d’un débat à l’interne sans la tenue duquel aucun contentieux ne pouvait être vidé.
• Le deuxième, peu crédible mais plus machiavélique dans ses méthodes, était caractérisé par sa volonté de remise en question systématique des orientations du parti. Instrumentalisé par un grand combattant par procuration et emmené par un vil courtisan, ce groupe échouera lamentablement dans son projet de liquider AND JEF et le livrer pieds et poings joints, malgré un budget de guerre colossal. Son complot a été éventé et ses responsables tels des âmes en peine et dans le dénuement total, se sont vassalisés depuis au pape du Sopi et au PDS où ils tentent aujourd’hui vainement de maquiller leur véritable nature. Que reste-il de AND JEF et que faut-il en faire ? Cette question, nous nous la posons maintenant, après avoir vaincu dans une paix des braves, les forces ennemies. Loin de nous toute idée tendant à susciter ce vaste mouvement de bilan critique et de rectification réclamé par certains, notre démarche se veut en rupture avec les discours tenus jusqu’ici. Le congrès victorieux de Décembre 2009, tenu dans un contexte qui n’est point besoin de rappeler, devait nous permettre d’amorcer un nouveau virage. Mais depuis lors, l’inertie que nous constatons dans la mise en œuvre des orientations qui y ont été arrêtées nous conforte dans l’idée que les problèmes restent en l’état et qu’il urge de reprendre le débat sur le nouveau modèle de management indispensable au parti qui, malgré toutes ces secousses, a développé les germes de sa régénérescence. Faut-il se taire devant ces querelles de bas étage entretenues par des gens en fin de cycle autour du fauteuil de numéro deux ? Evidemment non. Les petits arrangements que favorise cette stabilité précaire ne soigneront pas le malade AND JEF. La vérité est que sa direction, éreintée depuis très longtemps doit être fondamentalement relookée, faute de quoi, la disparition est imminent. Ce lifting devrait permettre aux nouvelles forces qui émergent de plus en plus dans le parti, de lui insuffler le sang neuf dont il a besoin pour son adaptation. L’autre vérité aujourd’hui est que certains dirigeants doivent s’effacer au profit et pour le bien du parti, pour laisser la place aux compétences plus fraiches. Ne devons nous pas à AND JEF et partout ailleurs du reste, nous inspirer de la « doctrine Dansokho » qui lui a compris que nul n’est condamné à relever un défi s’il n’a en plus les moyens physiques et intellectuels. On ne saurait donc troquer un avenir et une chance réelle du parti de faire sa mue, contre de réflexes de survie, surtout après le départ de ceux qui ont un « destin de feuille morte ». Cette réflexion que nous portons relève d’une fibre militante qui doit animer tous les militants du Parti, convaincus que l’avenir est dans le renouvellement de la classe dirigeante. La suite dans les prochaines éditions.

Bara Ndiaye, Membre du Bureau Politique, Du Conseil National

Mardi 25 Mai 2010 13:24


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