Il n’est plus question de s’interroger sur l’échec ou la réussite de la politique de jeunesse mise en œuvre par le Président Sall. L’annonce d’un plan d’urgence de 350 milliards pour financer la création d’emplois pour la jeunesse après les émeutes de mars 2021 est en soi un aveu d’échec par le Président Sall lui-même. Même ses partisans les plus zélés sont obligés de faire profils bas et de constater comme tous les citoyens la profondeur et la gravité du mal vivre des millions de jeunes Sénégalais.
D’ailleurs dans un sursaut de lucidité, le communiqué du conseil des ministres du 17 Mars 2021 instruit les institutions publiques à engager un certain nombre de mesures au profit des jeunes : c’est preuve qu’elles ne l’étaient pas encore après neuf années de direction du pays.
Les mesures alors annoncées sont fort tardives au regard de l’urgence des réponses à apporter. On ne peut ne pas relever que le Président Sall a été attentif aux préconisations déclinées par le Président du parti ACT lors de son discours programme intitulé « Quelques-uns de nos engagements pour reconstruire le Sénégal » (Abdoul Mbaye, congrès ACT, Dakar 30 Septembre 2018).
Pour rappel, ce discours programme largement repris par la presse à l’époque, fait des jeunes et des femmes les deux piliers du projet de société de l’ACT (ProACT).
A ce titre l’ACT n’est point surpris par l’échec acté de la politique du Président Sall en matière de prise en charge adéquate de la question jeune notamment de leur inclusion dans le tissu économique et leur mobilisation autour des enjeux de développement du Sénégal.
Le bilan macabre payé par la jeunesse du pays avec plus de 400 morts aux fonds des océans en fuyant le pays à la recherche d’un avenir meilleur sous d’autres cieux est un marqueur clair de cet aspect essentiel de l’échec d’une gouvernance globale. Il traduit la gravité du mal et le grand désespoir de notre jeunesse.
Cette même jeunesse a de nouveau payé de son sang et de sa vie (13 morts et des centaine de blessés et arrestations) pour exprimer autrement que par l’exode son mal vivre à l’occasion d’émeutes qui ont éclaté après une énième tentative de liquidation politique d’un opposant. L’injustice a été le catalyseur de l’expression violente d’une longue et pénible misère.
Le régime présidentiel n’en est pas à son 1er coup d’essai en matière de complot contre ses opposants politiques. L’ancien 1er ministre Abdoul Mbaye, devenu opposant à Maky Sall et à son régime, en a été une victime selon un mode opératoire constant : instrumentalisation de la justice, accélération de la procédure d’accusation, condamnation pénale avec au final perte des droits civiques et inéligibilité.
On ne peut s’empêcher de penser que cette débauche d’énergie et de moyens pour liquider des adversaires politiques aurait dû être mobilisée afin d’offrir à notre jeunesse de vraies perspectives de vie et d’insertion sociale.
Toutefois en dépit de ce qui ressemble à un gouffre sans fond engloutissant des milliards sans cesse débloqués et gaspillés sous le prétexte de financer l’emploi des jeunes par des projets invisibles, nous ne pouvons nous résigner et observer la jeunesse davantage souffrir du fait d’errements politiques et de gouvernance aux conséquences désastreuses.
La jeunesse un des piliers du projet de l’ACT
L’ACT fait des jeunes la ressource principale pour transformer structurellement et durablement notre économie. Nous avons par conséquent appris à les écouter et les entendre afin de comprendre la politique à coconstruire avec elle et pour elle sans coloration politique ou ethnique. Ces échanges avec les jeunes est permanent, car aujourd’hui plus qu’hier, « La jeunesse sénégalaise a besoin de retrouver l’espoir en un avenir de travail et d’utilité à son pays. Elle est aujourd’hui désemparée et désespérée » in « Quelques-uns de nos engagements pour reconstruire le Sénégal » ( Abdoul Mbaye, congrès ACT, Dakar 30 Septembre 2018).
Ce constat partagé et rendu public en 2018 est toujours actuel au regard du fort triste bilan du régime actuel.
Mais que faire au-delà des discours et intentions ?
Poser un diagnostic sans complaisance afin d’identifier les sources du mal :
• La politisation à outrance et les redondances des mécanismes en charge de la promotion de l’emploi des jeunes et de l’entreprenariat
• L’absence de recherche de solutions structurelles mettant en relation une stratégie de développement basée sur la lutte contre la pauvreté et la croissance de l’emploi
• Une faible représentativité des jeunes dans les instances de décision
• Etc.…
Engager les correctifs nécessaires :
Le communiqué du Conseil des ministres 17 Mars 2021 offre une perspective de lecture intéressante pour engager les réformes et ajustements nécessaires. Les pistes préconisées sont alignées sur ce que nous avions conceptualisé depuis 2018 et exposé in « Quelques-uns de nos engagements pour reconstruire le Sénégal » Abdoul Mbaye, congrès ACT, Dakar 30 Septembre 2018.
Toutefois les vœux exprimés en Conseil des Ministres ne doivent pas rejoindre la vieille et omniprésent logique de politique politicienne uniquement soucieuse de déclarations sous forme de slogans et de promesses qui ne seront jamais tenues.
Seule une « politique autrement », telle que préconisée par l’ACT, pourra permettre la mise en œuvre opérationnelle d’une stratégie de développement sincère privilégiant la réduction de la pauvreté et systématisant les projets à haute intensité de main d’œuvre. Le sens profond de cette politique autrement repose sur une démarche consistant à éveiller les consciences citoyennes et à rester une force de propositions crédibles offrant de nouvelles alternatives pour le développement de notre pays.
Abdoulaye KANTE
Cellule des cadres ACT