Toutes les occasions sont bonnes pour le Chef de l’Etat de faire le bilan de ses dix ans d’exercice. Un bilan dont ses partisans comme le Président trouvent largement positif. Normal parce que c’est ce qu’il faut mettre sur la balance pour pouvoir passer tranquillement en 2012, ouvrir des perspectives pour ses partisans, permettre à son parti de gérer pendant plusieurs années encore. Le bilan des dix ans de la gestion de Wade est apprécié juste de trois façons. D’abord pour le Président et son camp c’est largement positif ensuite pour l’opposition c’est largement négatif, enfin pour un nombre important de sénégalais, à l’intérieur comme en dehors des systèmes politiques, il y’a de bonnes choses mais beaucoup de choses restent à faire. Un homme du camp présidentiel, en l’occurrence le Premier Ministre, certainement beaucoup plus raisonnable accepte que : « tout est à refaire ainsi va la vie ».
Les bons points positifs du régime de Wade ce sont ses infrastructures. La capitale, Dakar a changé de visage et cela va certainement continuer. A l’intérieur du pays des gens pensent que Dakar est maintenant comme Paris. Et c’est là-bas où le Président se déplace pour dire : « vous avez vu Dakar certainement à la télé, après je vais m’occuper de l’intérieur du pays ». En wolof et certainement dans toutes nos langues locales, on dit : « si quelqu’un te donne le petit déjeuner, s’il te promet le déjeuner tu peux le croire ». Abdoulaye Wade est un fin politique ! L’opposition a certainement bien compris le jeu. C’est pourquoi elle ouvre le feu sur tout ce qui bouge. Les tenants du pouvoir n’ont pas le temps de respirer, ils sont toujours en situation d’explications.
Seulement, les bons points ne semblent pas faire le poids devant l’injustice sociale et les scandales financiers qui ne sont jamais ou pas encore élucidés. Dernière épisode de la série sans fin, l’affaire ARTP. Le Président révèle que : « le texte sur lequel ils se sont basés permet un prélèvement de 2% sur toutes les rentrées d’argent, mais cela ne veut pas dire qu’ils ont le droit de se les partager…C’est moi qui ai changé cette disposition réglementaire. Malgré cela ils ont continué la pratique du partage et j’ai livré tout le monde à la justice, qu’ils soient des magistrats ou autre chose. » Attendons la suite des événements ! La bonne volonté du Chef semble s’exprimer dans l’affaire Kambel/Kara ? On ne sait jamais !
Dans l’Aventure Ambigüe, de Cheikh Hamidou Kane, la Grande Royale comparait ce que les fils du Pays des diallobés allaient recevoir et ce qu’ils vont perdre en allant à l’école française. Dans cette perspective, en 2012, les sénégalais auront la latitude de comparer entre un Président qui a la volonté de développer son pays malgré tous les scandales et une opposition qui a montré sa capacité de gouverner un jour autrement à travers les conclusions des « Assises Nationales » et le contrôle de quelques mairies et autres collectivités locales. Le reste est l’affaire des politiques, respecter les principes et règles démocratiques, le jeu de la démocratie. Pour cela commencer par vous entendre sur quoi et pourquoi vous devez dialoguer si cela est nécessaire ?
Présentement en France, le débat politique fait rage sur la défaite de la droite aux régionales. J’ai entendu quelqu’un dire là-bas : « en politique deux décisions contraires ne s’annulent pas mais s’additionnent pour donner un effet délétère ». C’est à méditer par les partisans de Me Wade. Il faut revoir beaucoup de choses pour faire oublier toutes les mauvaises décisions.
Les sénégalais resteront certainement les arbitres ?
NDIAGA DIOUF. Journaliste
ndiagadiouf2005@yahoo.fr