S'il est un fait indéniable, c'est que les violences de Boko Haram contre des civils dans le nord du Nigeria se sont multipliées depuis un an et demi. Les femmes, en particulier les jeunes filles, sont les plus touchées. Le groupe a tué plus de 7 000 personnes et enlevé 500 femmes et filles depuis 2009. Des rapts de plus en plus nombreux depuis mai 2013, date de la mise en place de l'état d'urgence dans les trois Etats du Nord par le gouvernement fédéral.
Dans ce rapport de HRW, les victimes témoignent : après leur libération et les violences subies, elles ne reçoivent pas les soins nécessaires, ni sur le plan médical, ni sur le plan psychologique, ni même d'aide pour retourner à l'école après ce traumatisme, dans ces communautés rurales du nord du Nigeria où les infrastructures étatiques sont cruellement insuffisantes.
De plus, les témoignages révèlent les réponses inadéquates des forces de l'ordre en cas d'alerte, avant ou après des attaques de membres de Boko Haram, et donc un manque criant de confiance dans les forces de sécurité parmi les habitants et les victimes.
L'une d'entre elles raconte avoir été enlevée avec cinq autres jeunes filles et avoir été emmenée dans la forêt de Sambisa, dans l'Etat du Borno, pendant deux jours. Elle précise qu'elles et les autres jeunes filles ont réussi à s'échapper après avoir affirmé être musulmanes et promis de ne jamais retourner à l'école. Depuis, elle craint en effet d'y retourner, comme de nombreuses jeunes filles de sa région. Comme elle, la plupart des victimes restent traumatisées et honteuses.
« Les autorités doivent obtenir la confiance des populations »
En revanche, le rapport met en évidence les abus des militaires en représailles contre les villages d'où viennent les membres de Boko Haram : pillages, maisons brûlées, agressions, exécutions extra-judiciaires.
Pour Mausi Segun, les autorités doivent élargir leurs options de réponse : « Le Nigeria se repose trop sur l'option militaire, estime-t-elle. Le gouvernement et les forces de sécurité n'ont pas réussi à rassurer les communautés et les sécuriser. Beaucoup de gens que nous avons interrogés se plaignent des services de sécurité, notamment quand ils doivent aller rapporter une attaque. Ils les préviennent et n'ont pas de réponse. Cela ne permet pas de construire une confiance avec les habitants. On ne voit même pas de volonté de coopérer avec l'armée. Par contre, les membres de Boko Haram sont immergés au sein de ces populations. Leurs camps se trouvent dans leurs localités. La situation exige que les autorités obtiennent la confiance des habitants pour créer une stratégie qui aidera à protéger plus de gens des violences, particulièrement dans les zones rurales où la plupart des attaques ont eu lieu ».
Enfin, selon Daniel Bekele, le directeur Afrique de HRW, le drame de l'enlèvement de plus de 270 filles à Chibok a suscité une mobilisation qui reste unique par rapport aux autres localités touchées par ses violences. L'organisation recommande non seulement un meilleur soutien aux victimes qui bénéficieraient de protections et soins, mais aussi une démarche judiciaire pour mettre fin à l'impunité.
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