De Nelson Mandela, les amateurs de sports garderont quelques images fortes. La première remonte au 24 juin 1995 à Johannesburg. Ce jour-là, dix-huit ans avant son dernier soupir, l’homme politique sud-africain remet le trophée William Webb Ellis au capitaine des « Springboks », le blond François Pienaar. L’équipe nationale de rugby à XV vient de gagner la Coupe du monde, à domicile.
Nelson Mandela a compris le bénéfice qu’il peut retirer de ce Mondial. Le pays sort du régime ségrégationniste d’apartheid (1948-1991) et « Madiba » a été élu tout juste un an auparavant. Pour rassurer une partie de la population blanche, encore réticente et effrayée, quoi de mieux qu’un soutien affiché aux « Springboks » ? L’histoire a été immortalisée (et idéalisée) en 2009 par le réalisateur américain Clint Eastwood avec le film Invictus.
Le football, de la prison au Mondial 2010
Toutefois, l’ancien président sud-africain (1994-1999) entretient à cette époque un rapport plus étroit avec le football qu’avec le rugby. Nelson Mandela n’est pas un mordu de ballon rond, contrairement à beaucoup de Noirs en Afrique du Sud. Il a surtout pratiqué la boxe durant sa jeunesse, une activité poursuivie en prison. Mais le détenu a souvent tapé dans la balle avec ses compagnons de lutte, derrière les murs de l’établissement pénitentiaire Robben Island.
C’est donc un trophée doublement symbolique que Nelson Mandela remet plus tard à Neil Tovey, le capitaine des « Bafana bafana ». Le 3 février 1996, l’équipe d’Afrique du Sud bat celle de Tunisie 2-0 en finale de la Coupe d’Afrique des nations. Cette CAN 1996, initialement prévue au Kenya, sourit à la « nation arc-en-ciel ». On voit alors Mandela exprimer sa satisfaction au milieu d’une équipe un peu plus métissée et multicolore qu’en 1995.
« Le sport a le pouvoir de changer le monde »
Par la suite, Nelson Mandela persiste dans son utilisation du sport. Que ce soit lors du Mondial 2003 de cricket (la discipline préférée des communautés indiennes) et surtout lors de la Coupe du monde 2010 de football, la toute première sur le sol africain. L'ex-homme d'Etat a d’ailleurs mis tout son charisme dans la balance pour convaincre la Fifa de donner le Mondial à son pays et au continent.
L’ancien leader de l’ANC n’a jamais manqué une occasion de rappeler tout le bien qu’il pensait du sport. En 2000, il avait ainsi déclaré : « Le sport a le pouvoir de changer le monde. Il a le pouvoir d’unir les gens d’une manière quasi-unique. Le sport peut créer de l’espoir là où il n’y avait que du désespoir. Il est plus puissant que les gouvernements pour briser les barrières raciales. Le sport se joue de tous les types de discrimination. » Une vision aussi idéaliste que politique du sport.
Source : Rfi.fr