Pour des programmes intégrés de la nutrition/sécurité alimentaire et de la tuberculose / VIH Sida

L’approvisionnement en macronutriments et micronutriments est une intervention essentielle pour les personnes vivant avec le VIH afin de susciter une réponse immunitaire efficace aux infections opportunistes. Pour ce faire, des programmes intégrés de la sécurité alimentaire et nutritionnelle s’imposent afin de freiner la propagation du Sida et de la tuberculose. En tout cas, c’est l’avis de Sheile Sisulu et Martin Bloeu respectivement directrice adjointe chef nutrition/ Vih sida P.A.M (Programme Alimentaire Mondiale) lors d’une conférence de presse organisée dans le cadre de Icasa (Conférence Internationale sur le Sida et les Maladies Sexuellement Transmises) 2008.



Mme Sheile Sisulu, directrice adjointe du PAM
D’aucuns se demanderont sans nul doute qu’est ce que la nutrition vient faire dans la réplique contre le Sida et la tuberculose. A ceux là, Mme Sheile Sisulu, directrice adjointe du PAM (Programme Alimentaire Mondiale), répondra que la nutrition et la sécurité alimentaire renforcent à la fois le système immunitaire et prolongent la vie des personnes infectées. Le but du PAM est de faire intégrer les programmes de la nutrition dans les programmes médicaux de traitement du VIH Sida. Forts du constat selon lequel en Afrique, les populations dépensent 60 à 70% de leur revenu sur la nourriture ont tendance à réduire leur consommation en viande qui est très riche en micronutriments et habilités à renforcer le système immunitaire. En sus de cela, le changement climatique risque d’avoir des impacts négatifs sur l’agriculture. Autant de raisons suscitent l’urgence et la nécessité d’établir des programmes intégrés.
Outre les souffrances qu’ils infligent et les pertes de vies humaines qu’ils entraînent, le Sida et la tuberculose sont une véritable pierre d’achoppement pour le processus de développement.
L’épidémie amenuise l’épargne, réduit l’offre de la main d’œuvre, accroît la vulnérabilité des ménages et diminue la productivité. En Afrique subsaharienne et en Asie du Sud-Est, 75% des personnes atteintes de tuberculose active font partie de la tranche d’âge économiquement active (14-54 ans). Forts de ce constat, Sheile Sisulu et Martin Bloeu reconnaissent que le Sisa et la tuberculose sont une gageure beaucoup plus impressionnante qu’on ne l’avait pensé et invitent tous les acteurs au développement à jouer leur partition dans la lutte.


des filles à la quête de revenu
Insécurité alimentaire, source d’exploitation sexuelle

L’insécurité alimentaire peut entrainer un comportement de prise de risque lié à l’exploitation sexuelle et à l’utilisation de relations sexuelles comme monnaies d’échange, augmentant ainsi la probabilité d’exposition au VIH. Les personnes séronégatives dont le système immunitaire est mis à mal en raison de la médiocre quantité de leur régime alimentaire ont plus de risques d’être infectées par le virus lorsqu’elles y sont exposées. Les personnes séropositives dont l’état de santé se dégrade (apparition de symptômes) risquent davantage de souffrir d’insécurité alimentaire, car elles sont physiquement moins aptes à générer un revenu et moins accès à un régime adapté sur le plan nutritionnel. Elles peuvent également subir des contraintes physiques qui les empêchent se s’alimenter correctement (plaies buccales, par exemple) et de profiter de la nourriture qu’elles absorbent effectivement (en raison de diarrhée notamment). Il est possible qu’elles ne reçoivent pas une part équitable des vivres disponibles si elles ne sont pas prévues (intentionnellement ou non) dans l’organisation de la distribution au sein du ménage ou de la communauté. Il s’ensuit des stratégies de survie préjudiciables, telles la vente d’avoirs productifs et d’autres comportements, qui amplifient la vulnérabilité.


Les vertus d’une nutrition équilibrée

Une nutrition adéquate à elle seule ne peut pas soigner l’infection du VIH encore moins la tuberculose a tenu à souligner Martin Bloeu chef Nutrition/ VIH Sida Programme Alimentaire Mondial : «la nutrition à elle seule ne saurait résoudre le problème, dès lors, il s’avère indispensable de la combiner avec un traitement médical ». Et M Martin de poursuivre qu’elle est indispensable pour préserver le système immunitaire, la résistance physique et une qualité de vie optimale. Une nutrition équilibrée est également nécessaire pour bénéficier au mieux du traitement antirétroviral, qui est essentiel pour prolonger la vie des personnes.


D’autre part, une bonne nutrition peut retarder l’évolution vers le sida, limitant le coût des soins de santé et permettant aux personnes qui vivent avec le VIH de rester productives tout en préservant leurs moyens de subsistance et en continuant d’assumer leur rôle parental. L’introduction de l’éducation nutritionnelle et la protection de la sécurité nutritionnelle aux premiers stades de l’infection, lorsque les personnes séropositives sont encore asymptomatiques, constituent le point de départ naturel d’une programmation ciblant une “vie positive” et une information sur les traitements. Cela permet d’appuyer un passage progressif vers de nouveaux styles de vie et comportements et ouvre la voie à une transition réussie vers le traitement antirétroviral en temps voulu, avant la déclaration de la phase terminale de la maladie et de l’émaciation.


Une bonne nutrition aide à limiter les effets secondaires des médicaments et en améliore la tolérance, notamment lors des phases initiales du traitement. Pour les patients issus de ménages souffrant d’insécurité alimentaire, les experts commencent à recommander une mesure complémentaire d’aide alimentaire/nutritionnelle de courte durée (par exemple pendant les 6 à 12 premiers mois de traitement) afin de contribuer à l’inversion du processus d’émaciation et d’aider les patients à s’habituer au traitement.
Il est important de noter que, bien qu’un grand nombre d’habitants des pays en développement subsistent avec un régime alimentaire inférieur aux quantités journalières recommandées. L’OMS indique que les besoins énergétiques augmentent de 10% chez les adultes séropositifs asymptomatiques et de 20 à 30% chez les adultes qui sont à un stade plus avancé de la maladie.
Cependant pour quelqu’un vivant avec le VIH, la sécurité nutritionnelle peut être fragilisée, non par insuffisance de vivres mais parce que les préjugés, les normes culturelles et l’absence de connaissances peuvent avoir une incidence sur les choix alimentaires. La maladie elle-même a des conséquences sur l’appétit, les besoins en nutriments et la capacité à absorber ces nutriments. Pour renforcer le système immunitaire, Il ne s’agit pas de se focaliser sur la quantité de nourriture mais plutôt sur la qualité par la fabrication de poudres riches en vitamines minéraux et micronutriments capables de substituer plusieurs aliments. Le panier alimentaire initié par le PAM, s’inscrit dans ce sens en apportant des micronutriments et des vitamines aux couches vulnérables que constituent les femmes enceintes et les enfants.



des enfants errant à la merci de toute sorte de maladies
La malnutrition, une proie facile à la tuberculose

On sait depuis longtemps que la tuberculose est liée à la pauvreté et à la malnutrition: en effet, la malnutrition affaiblit le système immunitaire et prédispose les êtres humains à contracter la tuberculose comme n’importe quelle autre maladie infectieuse. Réciproquement, la tuberculose active entraîne la malnutrition. Les patients accusent fréquemment une perte de poids et d’appétit et présentent donc un indice de masse corporelle bas et une faible épaisseur du pli cutané; la tuberculose provoque entre autres une réduction de la concentration des micronutriments (vitamines A, B, E, zinc, fer), qui affecte à son tour le système immunitaire. Une bonne nutrition, associée au traitement médical, joue un rôle important dans la lutte contre la tuberculose, comme d’ailleurs contre les autres maladies infectieuses, en reconstituant et en protégeant les défenses immunitaires.
Nombre de patients tuberculeux étaient déjà exposés à l’insécurité alimentaire au niveau du ménage avant même de tomber malades et voient leur situation se dégrader encore à cause de la maladie. Pour eux, l’aide alimentaire est un élément bénéfique des soins qui leur permet de poursuivre le traitement et de retrouver leur autonomie.
L’effet de la nutrition sur l’évolution de la tuberculose active n’est pas encore complètement connu; même s’il est évident qu’une bonne nutrition est indispensable pour tous les individus, quelle que soit leur situation du point de vue de la tuberculose ou du VIH, il est nécessaire de poursuivre les recherches sur le rôle de la nutrition et des micronutriments de complément dans les soins aux malades tuberculeux.

La nutrition face à la Crise économique

Par ailleurs le chef de Nutrition / VIH Sida du PAM a clairement démontré que la crise économique a un impact sur la qualité de la nutrition. Elle touche en fait une large section des pays pauvres qui dépense 60 à 70% de leur revenu sur la nourriture. En Indonésie, le taux d’anémie chez les enfants était passé de 30% à 80%. La perte de travail des personnes travaillant en Europe participe à la détérioration de la qualité de vie dans la mesure où certaines familles africaines vivent grâce à leur revenu. En dessous des possibilités de financement, le but du PAM est de soutenir les gouvernements, partenaires et organisations non gouvernementales à avoir une approche intégrée des programmes du sida et de la nutrition. Au sortir de cette conférence de presse initiée dans le cadre de Icasa, Mme Sheila Sisulu, directrice adjointe du PAM (programme alimentaire mondiale) espère qu’au-delà des informations, que les partenaires, les ONG et les personnes vivant avec le VIH seront à même d’appliquer les programmes de la manière la plus efficace.


Un tuberculeux
Tuberculose, une maladie opportuniste du Sida

La tuberculose et l’infection au VIH sont étroitement liées: chaque maladie accélère la progression de l’autre. En affaiblissant le système immunitaire, le VIH accroît le risque de contracter une nouvelle infection de tuberculose ou de passer de la forme latente à la forme active de la tuberculose, et augmente aussi les risques de rechute des patients guéris précédemment. En outre, le VIH modifie l’évolution clinique de la tuberculose en augmentant le nombre de cas de tuberculose extra pulmonaire et à frottis négatif. En conséquence, les infections de tuberculose sont plus difficiles à dépister et à guérir et la lutte contre la maladie atteint moins bien ses objectifs. Le VIH aggrave l’incidence de la tuberculose et la mortalité associée dans les zones à forte prévalence de VIH. Réciproquement, la tuberculose accélère le passage des patients de l’infection VIH au sida déclaré. La tuberculose est l’infection opportuniste la plus fréquente et une des principales causes de décès de personnes vivant avec
le VIH. Selon les estimations, le tiers au moins des 39,5 millions de personnes vivant avec le VIH dans le monde sont probablement contaminées par le bacille de la tuberculose et risquent beaucoup plus de contracter la maladie. Jusqu’à 80 pour cent des malades tuberculeux sont également contaminés par le VIH en Afrique subsaharienne. L’amélioration de la collaboration entre les programmes de lutte contre la tuberculose et contre le VIH renforcera l’efficacité de la lutte contre la tuberculose chez les personnes vivant avec le VIH et permettra
d’assurer aux patients tuberculeux séropositifs au VIH le traitement et les soins dont ils ont besoin. “Les services spécialisés dans la lutte contre la tuberculose et le VIH peuvent faire beaucoup plus pour lutter contre ces causes importantes de maladie et de mortalité s’ils travaillent ensemble que s’ils travaillent séparément.


ousmane mbaye

Mardi 23 Décembre 2008 17:17


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