À l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, le dernier rapport du programme des Nations unies sur le sida (Onusida), publié le 26 novembre dernier, dresse un constat aussi optimiste qu’alarmant sur l’avancée dans la lutte contre le VIH à l’échelle mondiale. Alors que des progrès notables ont été réalisés dans certains pays, notamment en Afrique subsaharienne, épicentre de l’épidémie, le VIH dans 28 pays, particulièrement en Europe de l’Est et au Moyen-Orient. Si l’objectif reste toujours de mettre fin au sida en tant que menace pour la santé publique en 2030, de nombreux obstacles persistent. Entre inégalités d’accès au soin et discriminations, le rapport intitulé « Suivons le chemin des droits » met en avant la nécessité de garantir les droits humains pour éradiquer cette épidémie.
Un retard préoccupant sur les objectifs
Malgré les progrès significatifs pour lutter contre le VIH depuis sa découverte en 1983, aucun vaccin n'a encore été mis au point contre ce virus qui touche près de 40 millions de personnes dans le monde. L’an dernier, 1,3 million de personnes dans le monde ont nouvellement contracté le VIH. Si ce chiffre est en baisse de 60% par rapport au pic de 1995, il est très loin de l’objectif mondial fixé en 2025 qui est de ne pas dépasser les 370 000. En 2023, 630 000 personnes sont décédées à cause du sida, loin du pic à 2,1 millions de 2004, mais largement supérieur à l’objectif de l’Onusida pour l’an prochain de 250 000. Cependant, selon Winnie Byanyima, directrice exécutive de l'Onusida, « la riposte au VIH a tellement progressé que la fin du sida en tant que menace pour la santé publique est réalisable d'ici à 2030 » malgré le retard sur les objectifs.
Si l’année 2023 reste celle où les nouvelles infections ont été les plus faibles, le nombre de cas est en augmentation dans 28 pays, principalement en Europe de l’Est et au Moyen-Orient. Selon Douglas Mendes, ancien juge de la cour d'appel du Belize et militant des droits humains à Trinité-et-Tobago, cette situation est exacerbée par une législation discriminatoire envers les personnes marginalisées. « Les lois qui criminalisent les relations sexuelles entre personnes de même sexe entravent les efforts déployés pour lutter efficacement contre la pandémie de sida. Ces lois coûtent des vies. Elles empêchent souvent les gens d'accéder aux services de prévention, de dépistage et de traitement du VIH, et elles violent les droits et libertés inaliénables qui appartiennent à chaque personne. Lorsqu'il s'agit d'adultes consentants, l'État n'a rien à faire dans la chambre à coucher d'une personne » dénonce-t-il. En Europe de l’Est et au Moyen-Orient, où les idées d’extrême droite conservatrices et le fondamentalisme religieux gagnent du terrain, les homosexuels ou encore les travailleurs du sexe, cibles de ces idéologies, sont les plus à risque face à une exposition au VIH.
Entre stigmatisation et discrimination, le VIH une maladie sociale
Si la thérapie antirétrovirale (TAR) – un traitement médical destiné aux personnes vivant avec le VIH qui permettant de réduire la charge virale dans le sang à des niveaux indétectables, diminuant les complications et limitant la transmission – a transformé le VIH d'une maladie mortelle en une condition chronique gérable pour de nombreuses personnes, les inégalités sociales et la stigmatisation demeurent des obstacles majeurs.
Le rapport de l’Onusida révèle que les populations clés, telles que les travailleuses du sexe, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH), et les personnes transgenres, sont toujours largement exclues des services de santé dans de nombreux pays, en raison de la criminalisation de leurs comportements, mais aussi des préjugés persistants dans le milieu médical. Monseigneur Thabo Makgoba, archevêque du Cap (Afrique du Sud), exprime son indignation face à cette réalité. « Lorsque des lois discriminatoires punissent les personnes LGBTQ+, elles les éloignent des soins qui pourraient leur sauver la vie. Ces lois sont une forme de violence institutionnelle », déclare-t-il. Selon lui, il est impératif que les institutions religieuses et la société civile s’engagent dans la défense des droits humains et luttent contre la stigmatisation, en particulier au sein des communautés chrétiennes, où la désapprobation sociale est encore souvent forte à l’égard des personnes homosexuelles.
La TAR et la prophylaxie pré-exposition (PrEP) – une méthode de prévention médicamenteuse qui permet de réduire significativement le risque de contracter le VIH pour les personnes séronégatives, mais exposées à un risque élevé d'infection – permettraient à des millions de personnes de vivre sans complications avec le VIH. Mais aujourd’hui, le sida est avant tout une maladie sociale, où les personnes touchées vivent dans la honte et parfois la crainte. Le rapport de l’Onusida souligne la nécessité de démanteler les préjugés et les barrières sociétales qui entravent l’accès à la santé pour ces populations. « La solidarité et l’inclusivité doivent guider nos actions », insiste l'archevêque, en soulignant que la protection des droits humains est cruciale pour la mise en place de politiques de santé efficaces et équitables.
La recherche évolue, mais à quel coût ?
Si l’Onusida insiste sur une meilleure intégration des droits humains dans toutes les politiques de santé publique, la fin de l’épidémie de VIH ne sera possible que si chaque personne, quel que soit son statut social, économique ou sexuel, a accès aux services de prévention et de traitement.
Face à ces défis, le programme des Nations Unies appelle à une action plus rapide pour élargir l’accès aux traitements comme le TAR et la PrEP. A l’été 2024, lors de la Conférence internationale sur le sida à Munich, la présentation du Lenacapavir a ravivé beaucoup d’espoir dans le domaine de la PrEP. Contrairement au traitement actuel à prendre quotidiennement par voie orale, le Lenacapavir est un traitement injectable à prendre deux fois par an, développé par le géant pharmaceutique américain Gilead. Pour autant, le rapport déplore la lenteur des entreprises pharmaceutiques à le rendre accessible à l’échelle mondiale. Le manque d’audace des entreprises et des gouvernements pour partager la technologie et garantir l’accès universel freine également les avancées réalisées.
Un retard préoccupant sur les objectifs
Malgré les progrès significatifs pour lutter contre le VIH depuis sa découverte en 1983, aucun vaccin n'a encore été mis au point contre ce virus qui touche près de 40 millions de personnes dans le monde. L’an dernier, 1,3 million de personnes dans le monde ont nouvellement contracté le VIH. Si ce chiffre est en baisse de 60% par rapport au pic de 1995, il est très loin de l’objectif mondial fixé en 2025 qui est de ne pas dépasser les 370 000. En 2023, 630 000 personnes sont décédées à cause du sida, loin du pic à 2,1 millions de 2004, mais largement supérieur à l’objectif de l’Onusida pour l’an prochain de 250 000. Cependant, selon Winnie Byanyima, directrice exécutive de l'Onusida, « la riposte au VIH a tellement progressé que la fin du sida en tant que menace pour la santé publique est réalisable d'ici à 2030 » malgré le retard sur les objectifs.
Si l’année 2023 reste celle où les nouvelles infections ont été les plus faibles, le nombre de cas est en augmentation dans 28 pays, principalement en Europe de l’Est et au Moyen-Orient. Selon Douglas Mendes, ancien juge de la cour d'appel du Belize et militant des droits humains à Trinité-et-Tobago, cette situation est exacerbée par une législation discriminatoire envers les personnes marginalisées. « Les lois qui criminalisent les relations sexuelles entre personnes de même sexe entravent les efforts déployés pour lutter efficacement contre la pandémie de sida. Ces lois coûtent des vies. Elles empêchent souvent les gens d'accéder aux services de prévention, de dépistage et de traitement du VIH, et elles violent les droits et libertés inaliénables qui appartiennent à chaque personne. Lorsqu'il s'agit d'adultes consentants, l'État n'a rien à faire dans la chambre à coucher d'une personne » dénonce-t-il. En Europe de l’Est et au Moyen-Orient, où les idées d’extrême droite conservatrices et le fondamentalisme religieux gagnent du terrain, les homosexuels ou encore les travailleurs du sexe, cibles de ces idéologies, sont les plus à risque face à une exposition au VIH.
Entre stigmatisation et discrimination, le VIH une maladie sociale
Si la thérapie antirétrovirale (TAR) – un traitement médical destiné aux personnes vivant avec le VIH qui permettant de réduire la charge virale dans le sang à des niveaux indétectables, diminuant les complications et limitant la transmission – a transformé le VIH d'une maladie mortelle en une condition chronique gérable pour de nombreuses personnes, les inégalités sociales et la stigmatisation demeurent des obstacles majeurs.
Le rapport de l’Onusida révèle que les populations clés, telles que les travailleuses du sexe, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH), et les personnes transgenres, sont toujours largement exclues des services de santé dans de nombreux pays, en raison de la criminalisation de leurs comportements, mais aussi des préjugés persistants dans le milieu médical. Monseigneur Thabo Makgoba, archevêque du Cap (Afrique du Sud), exprime son indignation face à cette réalité. « Lorsque des lois discriminatoires punissent les personnes LGBTQ+, elles les éloignent des soins qui pourraient leur sauver la vie. Ces lois sont une forme de violence institutionnelle », déclare-t-il. Selon lui, il est impératif que les institutions religieuses et la société civile s’engagent dans la défense des droits humains et luttent contre la stigmatisation, en particulier au sein des communautés chrétiennes, où la désapprobation sociale est encore souvent forte à l’égard des personnes homosexuelles.
La TAR et la prophylaxie pré-exposition (PrEP) – une méthode de prévention médicamenteuse qui permet de réduire significativement le risque de contracter le VIH pour les personnes séronégatives, mais exposées à un risque élevé d'infection – permettraient à des millions de personnes de vivre sans complications avec le VIH. Mais aujourd’hui, le sida est avant tout une maladie sociale, où les personnes touchées vivent dans la honte et parfois la crainte. Le rapport de l’Onusida souligne la nécessité de démanteler les préjugés et les barrières sociétales qui entravent l’accès à la santé pour ces populations. « La solidarité et l’inclusivité doivent guider nos actions », insiste l'archevêque, en soulignant que la protection des droits humains est cruciale pour la mise en place de politiques de santé efficaces et équitables.
La recherche évolue, mais à quel coût ?
Si l’Onusida insiste sur une meilleure intégration des droits humains dans toutes les politiques de santé publique, la fin de l’épidémie de VIH ne sera possible que si chaque personne, quel que soit son statut social, économique ou sexuel, a accès aux services de prévention et de traitement.
Face à ces défis, le programme des Nations Unies appelle à une action plus rapide pour élargir l’accès aux traitements comme le TAR et la PrEP. A l’été 2024, lors de la Conférence internationale sur le sida à Munich, la présentation du Lenacapavir a ravivé beaucoup d’espoir dans le domaine de la PrEP. Contrairement au traitement actuel à prendre quotidiennement par voie orale, le Lenacapavir est un traitement injectable à prendre deux fois par an, développé par le géant pharmaceutique américain Gilead. Pour autant, le rapport déplore la lenteur des entreprises pharmaceutiques à le rendre accessible à l’échelle mondiale. Le manque d’audace des entreprises et des gouvernements pour partager la technologie et garantir l’accès universel freine également les avancées réalisées.
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