Pour retrouver des armes : la traque est ouverte à Kédougou

La situation est toujours tendue à Kédougou. Depuis mardi dernier, les forces de l'ordre traquent des jeunes jusque dans leurs domiciles pour les arrêter sous le prétexte qu’ils ont perdu une dizaine d'armes à feu appartenant à la Brigade Mobile de Sûreté(BMS). Trois de ces armes ont, d’ailleurs, été retrouvées. Pour eux, il faut impérativement retrouver ces armes avant de libérer les 21 jeunes qui sont arrêtés. Une délégation composée de dix imams et un chef de quartier rencontre à nouveau le gouverneur, Mamadou Diome.



La région de Kédougou sous forte tension
Les choses vont de mal en pis dans la région de Kédougou. Après l'enterrement de Mamadou Sina Sidibé dont la mort par balle a été confirmée par le médecin légiste Victorino Mendez de l'hôpitla Aristide Le Dantec après autopsie, la tension est de plus en plus vive. Les jeunes sont plus que jamais décidés à aller jusqu’au bout. Pour ces manifestants, ce qui empire davantage la situation, c’est la traque de certains jeunes lancée par les militaires qui ont en détention 21 personnes. Ces gens seraient dénoncés par un membre du Conseil Communal de la Jeunesse. Ce Kédovins assimilés à un «traitre» par ses compères serait activement recherché par les jeunes qui veulent à tout prix le lyncher.

Quant au nombre de blessés, ils auraient dépassé la vingtaine parce que certains parmi eux se soignent au District sanitaire de Kédougou alors que d’autres sont à Tambacounda. Un seul de ces blessés a été, selon nos sources, évacué sur Dakar.

Pour calmer les ardeurs des uns et des autres, un comité de onze personnes composé de dix imams et d’un délégué de quartier rencontre le gouverneur ce jeudi à 17h pour tenter d’obtenir la libération de ces 21 manifestants.

Lors de leur réunion à la grande mosquée de la ville après l’inhumation de Mamadou Sina Sidibé, les jeunes ont failli passer à tabac le député Moustapha Mamba Guirassy. Les Kédovins lui reprocheraient d’avoir attendu trois jours après les émeutes pour venir à Kédougou. Cela ne leur a pas vraisemblement plu. Ils n’ont, à cet effet, cessé de lui martelé en Malinké "Si foto tégué" ce qui signifie "on va te couper les c........". Très en colère, ils ont continué de fulminer malgré l’intervention des notables : "vous êtes un vaut rien. Vous voulez faire une récupération politique, mais nous ne l'accepterons pas". Le député Moustapha M. Guirassy a, ainsi, été traité de tous les noms d'oiseau. Il s'en est fallu de peu pour que les jeunes le tabassent dans l’enceinte de la grande mosquée.

La communauté chrétienne a fêté ce jeudi Noël dans une atmosphère électrique. Le gouverneur, Mamadou Diome qui a assisté à la messe est arrivé sous une forte escorte. En revanche, la prière s'est passée en toute quiétude et en toute ferveur.

Les Kédovins n’avaient pas, par ailleurs, le cœur à la fête. C’est un calme plat qui a régné toute la nuit. On a entendu nulle part de la musique. Tout le monde s’est terré chez lui.

Le Groupement Mobile d'Intervention (GMI) est venu renforcer les gendarmes et les militaires dépassés par les événements. Un dispositif qui rappelle ainsi les propos de l’ancien maire de Kédougou et secrétaire général du Parti de l’Indépendance et du Travail (PIT) opposition, Amath Dansokho. "Kédougou sera non seulement une Casamance bis, mais pire encore", avait-il prédit.

Mamadou Cheikh Fall (Sud quotidien)

Jeudi 25 Décembre 2008 18:30


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