Ainsi, tous les faits et circonstances ont été en défaveur del’opposition guinéenne, pauvre d’elle. Pour commencer, elle a été menée à bateau du début à la fin dans le dialogue politique, parce qu’à cause de son intransigeance et son jusqu’au-boutisme, les autres Machiavels ont su la rouler dans la farine dans les dialogues ; puis, ce sont ses représentants au sein de la Commission électorale nationale indépendante qui ont été d’un laxisme lamentable devant les manquements et imperfections dans l’organisation d’un scrutin à son goût ; après, ce sont ses représentants dans tous les bureaux de votequi ont dûment signé les procès-verbaux, avalisant ainsi lesrésultats des urnes ; ensuite, prise au collet par le temps, c’est cette fameuse requête demandant le report du scrutin truffée de vices de forme qui fait tomber les bras ; encore, ce sont les observateurs internationaux (de l’UE, de l’UA et ceux de la Mano River Union), qui ne regardent pas comme elle par le même bout de la lorgnette les manquements, anomalies et lacunes relevés par elle, et qui accordent les violons pour ne pas mettre la validité de cette élection en cause. Dans ces conditions, il est peu probable que la Cour constitutionnelle se prononce autrement ; et enfin, comme si tout cela ne suffisait pas, voilà que Fatou Bensouda de la CPI qui entre dans la farandole pour la mettre en garde sur la bravade qu’elle était en train de mijoter pour se faire entendre par la rue, comme au Burkina Faso, son « dernier recours ». C’était le coup d’assommoir.
Ne comprenant pas pourquoi ce qui est soutenu ailleurs est condamné en Guinée, comme si le ciel lui est tombé sur la tête, seule contre Rome, l’opposition guinéenne décide de se retirer de la course présidentielle. « K.O technique » par abandon. Etait-ce la stratégie ou le stratagème psychologique du « coup K.O » que l’adversaire lui avait préparé pour la pousser au forfait, rien ne le fait dire, mais c’est tout comme.
Quoi qu’il en soit, personne ne peut se faire justice. En démocratie, la majorité fait loi, et la majorité de ce monde qui nous régit est représentée par la « Communauté internationale » qui dicte sa loi. Il faut se soumettre pour ne pas faire comme Laurent Gbagbo, celui qui a fait fi de cette « Communauté internationale » pour se retrouver à la CPI, quoi que ses partisans disent. Dadis Camara s’était aussi mis inutilement à dos les puissants juges de ce monde, il ne peut même pas revenir au bercail, quoiqu’il se dit prêt à répondre devant la justice de son pays. Les politiques doivent comprendre une chose importante : la liberté d’opinion et d’expression en démocratie , si elle n’est pas trop limitée pour la presse, elle doit être par contre circonscrite pourles diplomates et chez les politiques, qui doivent user de la langue de bois…
Compte tenu de tout ce qui a été relaté plus haut, la« Communauté internationale » a fermé les yeux, plutôt a porté des lunettes anti-éclipse sur les plaintes de l’opposition guinéenne et elle a jeté l’éponge et abandonné la partie.L’autre boxeur ne demanderait pas mieux, n’ayant pas à fournir d’effort supplémentaire.
Il ne reste plus qu’à savoir ce que le gagnant fera de sa victoire, au forfait comme au forceps, et ce que les perdants feront de leur défaite.
Les Guinéens appréhendent à présent les lendemains. Comment réparer tous ces dégâts politiques pour vivre ensemble, après s’être regardés à peine durant toute cette période électorale ? « Ensemble, changeons la Guinée », ce slogan, on ne sait plus de quel camp, a tracé le chemin à emprunter. Ce que Alpha Condé a réussi si admirablementseul pendant ces cinq années aurait été autre en dépit d’Ebola et en dépit des insatisfactions de l’autre camp, si toutes les compétences du pays avaient été mises à contribution et en synergie. Ne pas reconnaître ces avancées du pouvoir a dû influencer beaucoup de leurs militants au moment décisif dans l’isoloir…
La Guinée est retorse et difficile à gouverner par la force et dans l’exclusion. Chacune de ses quatre régions naturelles a ses spécificités et son tempérament d’insoumission, cela, on ne l’apprend à personne. Sékou Touré et Lansana Conté ne le diraient le contraire. Alpha Condé vient d’en avoir la confirmation après cinq années laborieuses d’exercice. Cala s’explique par le fait qu’il n’y a pas de région à majorité écrasante, démographiquement parlant. Donc, prétendre conduire et diriger les trois autres par la bride, le licou ou la laisse serait une gageure.
Nous avons vu la lutte des classes de nos pères del’indépendance à la Révolution. Les dégâts économiques et humains font jaser. Nous avons vécu le balbutiement de lajeune démocratie des années 90. Les dégâts économiques et humains font aussi jacasser. Nos enfants voient actuellement ce que nous vivons. Le spectacle démocratique n’est non pluspas reluisant, il reste du chemin à parcourir. Doivent-ils grandir dans ce climat de haine pour continuer à garder rancune, qui ne doit n’est pas une fatalité guinéenne ? Que coûterait au pouvoir de tendre la main à l’opposition, et que coûterait à celle-ci de venir autour de la table ? N’est-il plus que temps de faire table rase des rancœurs engendrées par la conquête du pouvoir et se donner la main pour former un gouvernement d’union nationale ?
Source :Guineenews.org